Alex Garland n’en est sûrement pas à son coup d’essai en ce qui concerne le genre et le style qu’il exploite ici, faisant de ces films des moments souvent adressés à un public averti et volontaire, et la preuve en est clairement établie avec celui là. Car même si les premiers instants proposent une histoire et un ensemble accessible, intrigant et sensé, ce sentiment de sécurité et d’être en lieu conquis disparaît très vite pour faire place à la surprise, tant visuellement que scenaristiquement, et la encore faut-il être bien accroché pour entrer totalement dans la phase bien moins terre à terre que l’intrigue développe, jusqu’à un final qui risque d’en laisser plus d’un sur le bord de la route de l’intérêt porté à ce film, car déjà on deviner un aspect irréel dans l’histoire que l’on s’apprête à suivre, mais cela prend des dimensions incommensurables, auxquelles il faut être un minimum adepte pour profiter pleinement de ce film. Alors il évident que ce traitement de la science fiction change de ce qui est proposé habituellement, rien que par le fait de transposer un univers « cosmique » totalement sur terre, en évitant le plus possible d’utiliser directement la notion d’espace intersidéral, afin de rendre cela peut être palpable et cela n’est pas vain puisque certains passages offrent une vision magnifique de ce que peut être la science fiction. Le traitement de l’image et du visuel y trouvent une part belle, avec des couleurs incroyables, un style de certains décors très original et des prises de vues intéressantes pour illustrer cette aspect irréel et non terrestre, mais bien que ces plans soient rapidement exposés dans l’intrigue pour clairement montrer le style de ce film, la fin en est beaucoup plus marquée, à telle point que les profanes risquent de lâcher prise bien avant le dénouement, ce qui n’a rien d’aberrant d’ailleurs, car pour assimiler ce qui en découle, encore faut il être assez ouvert et peu cartésien. Et c’est là que ce film a tendance à ramer, à ne pas briller plus que ça malgré une image et une ambiance de très bonne qualité, cela à de nombreux niveaux (ce qui est d’autant plus dommage quand on sait qu’il est seulement sur Netflix due à des discordances de production et donc pas exploité sur grand écran en Europe), mais le contenu du scénario et son évolution prend une direction trop extrême, alors qu’il y’a de quoi être intrigué assez rapidement, et bien que tout cela soit d’une originalité sans faille et d’une certaine beauté visuelle, il n’est pas simple d’entrer pleinement dans ce qui est raconté. Dans la phase intermédiaire de cette histoire, lors de la « survie » dans la jungle, le genre et le style change une fois de plus, offrant de bon moment de violence bien Trashs et qui comme avec les passages plus oniriques, n’hésite pas à rendre l’image puissante, cela fonctionne une bonne partie du temps mais retombe rapidement dans des thèses plus « spatiales » et « philosophiques », tant par le scénario que les images. Alors non pas que cela soit mauvais car d’excellentes idées surgissent bien qu’elles ne soient pas toujours simple à pleinement appréhender, mais c’est surtout qu’en plus d’être pas forcément attendu de cette manière la, cela prend une tournent fantasmagorique un peu trop importante pour être à la fois convaincant et réellement appréciable en tant que telle, en même temps ce film ne semble pas d’adresser à un large public, car même si l’intrigue et le traitement de certaines scènes ou même simplement le casting peut sembler être destiné à être attendu par les amateurs de bizarre, là on passe à un niveau clairement supérieur, qui est loin de parler au plus grand nombre, sauf peut être en ce qui concerne le concept d’esthétique au cinéma, qui dans ce film est impeccablement représenté par une image magnifiquement exploitée! D’ailleurs pour ce qui est du casting, alors que N. Portman incarne plutôt bien ce personnage qui affronte une irréalité extrême, chose qu’il interprète avec une certaine réussite, bien que sache cette sincérité qu’elle peut mettre dans ses rôles, on attendait plus J. Jason Leigh alors qu’elle n’apporte absolument rien de son talent à ce film, et en dehors de O. Isaac qui parvient a sortir du lot lui aussi par son simple flegme et un charisme indéniable, le reste du casting est à l’image de ce que l’on espérait de l’autre grand rôle féminin, soit le néant le plus total! Les personnages périphériques n’apportent que très peu de choses intéressantes ou sensées a l’intrigue si ce n’est l’aspect conceptuel de leurs sorts, servant surtout de chair à canon dans les moments les plus tendus, et sûrement la meilleure utilité que l’on peut leur trouver en tant que tel, car au moins cela donne lieu à de sacré moment de massacre, qui eux semblaient un plus attendus, et qui pourtant surprennent bien. Intriguant et surprenant ça c’est clair, voir même unique en son genre, mais pour ce qui est du côté intéressant, on est loin d’être contenté, déjà par cette histoire pas aisée à appréhender pleinement, mais surtout par un montage général de l’intrigue qui laisse à désirer, donnant un rythme très inégal malgré des scènes bien musclées en intermèdes, et même si l’axe de narration semble initialement intéressant, la conclusion, bien que laissant à réfléchir sur ce film, n’apporte absolument rien de vraiment prenant, et pourtant c’est pas l’originalité qui manque ici. Pas un grand film en tant que tel, mais pour ce qui est du genre SF et l’esthétique visuelle, il y a matière à réfléchir, si l’on s’y penche un peu plus précisément, mais qui clairement ne parlera pas à tout type de public.