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    Dheepan
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    benoitG80
    benoitG80

    3 321 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 14 septembre 2015
    "Dheepan" dernier film de Jacques Audiard et à la fois prénom du héros, ne m'aura ni emballé, ni du tout convaincu cette fois...
    Et pourtant ce fameux héros, au jeu contenu et juste, était pourtant une formidable carte en soi avec cet acteur Anthonythasan Jesuthasan.
    Mais un sérieux problème de rythme et de cohérence apparaît car en plus de cet énorme changement de cap imprévisible et saugrenu, survenu au deux tiers du film, on assiste à tellement de thèmes mélangés et tant d'invraisemblances, que la pilule a bien du mal à passer...
    En effet, totalement en rapport avec l'actualité, ces migrants venus du Sri Lanka afin de fuir la guerre civile, étaient un point de départ déjà intéressant et suffisant, avec le problème de l'intégration et tout ce qui en découle.
    Installer cette fausse famille dans une cité sans âmes où les seuls habitants visibles sont des caïds extrêmement dangereux, complique déjà l'ensemble !
    Le tableau est ainsi noirci à volonté sciemment et malheureusement !
    Il est certain alors que les démons à peine enfouis de ces trois Sri Lankais, vont rejaillir de plus belle, et que Jacques Audiard dans ce contexte fait tout pour forcer la dose au maximum et en rajouter par ci, par là.
    Durant la première partie du film, la démonstration ne nous apprend rien de bien nouveau sur les conditions de vie de ces trois réfugiés, tout comme sur celles de la cité et même si on assiste ainsi, à des moments intimes et délicats au sein de ce trio, le réalisateur ne fait que montrer une réalité plus que déjà connue et dénoncée.
    Les deux acteurs principaux démontrent d'ailleurs une grande sensibilité, une tendresse secrète très belle à observer, mais tout est cependant gâché par cette ambiance terriblement oppressante, ambiance qui surfe sur les clichés en large et en travers comme si cet univers délétère servait de toile de fond et de prétexte pour rendre cette intégration des plus difficile !
    Le pompon est atteint avec ce revirement inattendu et complètement incohérent où Deephan sort de ses gonds en prenant les armes pour lutter seul contre ces deux bandes opposées et sauver sa femme !
    On frise alors presque le n'importe quoi tant la mise en scène en rajoute en veux-tu, en voilà comme dans un pur film d'action !!!
    La fin presque idyllique qui tombe comme un cheveu sur la soupe, est la cerise sur le gâteau et fait passer l'Angleterre comme un Eldorado face à la France, terre d'insécurité totale et de chaos...
    Jacques Audiard semble être allé dans un tas de directions différentes, avoir voulu aborder vite et mal, beaucoup de sujets différents et s'être au final mélangé les pinceaux avec un résultat très mitigé, franchement brouillon et invraisemblable sur la fin...
    Il y avait pourtant matière à rendre intéressant cet ancien soldat tamoul au sein de cette nouvelle jungle, en tant que personnage endurci et déterminé, où il avait une autre partition à jouer à mon avis, en s'affirmant en maître des lieux.
    Ceci aurait été une autre piste possible, je pense plus intéressante et originale, mais pourquoi pas ?
    Féru du cinéma de Jacques Audiard, je ne cache pas ma déception en me demandant bien à qui cette palme d'or est attribuée, au film ou au réalisateur ?
    De beaux moments, des acteurs touchants et même prenants, pour en arriver là... Dommage !
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 154 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 12 septembre 2015
    C’est marrant, le hasard a voulu que je revoie « Les nouveaux chiens de garde » juste avant d’aller voir ce « Dheepan ». J’y avais entendu une phrase qui m’est resté tout le temps en tête alors que j’observais le film de Jacques Audiard. Cette phrase était de Michel Naudy et elle disait ceci : « qu’on me cite un exemple d’un journaliste qui a commencé sa carrière dans ce qu’on appelle l’impertinence, la contradiction, le non-consensus et qui n’ait pas été, soit passé aux oubliettes, soit récupéré ? Il n’y a pas d’alternative. Le système jette tout ce qu’il ne peut pas récupérer. Si vous restez, vous ne restez jamais à l’antenne impunément. Jamais. » Quel rapport, me diriez-vous ? Jacques Audiard n’est pas journaliste aux dernières nouvelles ! C’est vrai. Mais autrefois, Jacques Audiard était dans une forme d’impertinence, de contradiction, de non-consensus à l’égard de ce système qu’est le cinéma français. C’était un esthète. C’était un formaliste. C’était il y a dix ans… Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Alors oui, il y a bien deux ou trois plans qui émergent au milieu de ce « Dheepan » ( spoiler: …et quand je dis « deux ou trois », c’est en fait « trois et pas plus » : un éléphant dans la jungle ; des motos roulant en pleine lumière ; un éclat de balle dans l’oreille. Trois. Oui, si peu que je m’en souviens et que j’ai pu compter.
    ) Mais au-delà de ces quelques plans, où est l'Audiard de « De battre mon cœur s'est arrêté » ? Une image dégueulasse. Des plans qui tremblent. Une photo livide. Une accumulation de plans simplement illustratifs. Que c’est triste le nouveau cinéma d’Audiard… Et que dit-on là-dedans ? Rien de plus que toutes les autres calamités de ce glorieux « cinéma social » dont Cannes entend visiblement nous goinfrer année après année. De la misère et encore de la misère ! Non le cinéma n’est plus une expérience sensorielle à en croire ces films là. Le cinéma c’est juste du plaidoyer facile contre la misère du monde. Le sujet fait tout, il justifie tout. Raconter une histoire devient presque insignifiant. Pourquoi tracer un parcours humain élaboré sur deux heures alors qu’on peut se contenter de brasser des images du quotidien qui conforteront tout le monde dans leurs représentations ? spoiler: Dhepaan a connu le pire ; il est refugié ; il a le sens de l’entraide, de la solidarité et de l’intégration, mais seulement voilà, il doit lutter contre son pire ennemi après la guerre : la méchante société française. Elle ne lui donne même pas de bol pour boire son lait ; de personnel pour l’amener jusqu’à son nouveau chez-lui ; de logement digne pour habiter. Il doit vivre au milieu des dégradations, des dealers, des fusillades (?). Il doit se laver à l’eau froide. Sa pseudo-fille est rejetée à l’école par tous les enfants indignes tandis que sa pseudo-femme est contrainte d’être employée par des voyous.
    Parce que oui, la banlieue elle ne peut être que comme ça et pas autrement. C’est toute la beauté de ce cinéma qui se réclame d’un réel qui n’en est jamais un. Le fantasme prime. Ainsi, dans la banlieue de « Dheepan », il peut se dérouler un règlement de compte tous les deux jours à grand renforts d’armes à feu sans que jamais une seule voiture de police ne passe. Ça ne choque personne. Ça ne choque pas les personnages. Ça ne choque pas Audiard. Ça ne choque ni Cannes ni même tous ces journalistes qui ont encensé ce film. Il faut vraiment ne jamais avoir foutu un seul pied dans ce type de quartier pour en être arrivé à un tel niveau de caricature. Des fois j’ai envie d’en rire. Mais maintenant, à force, ça commence à m’apitoyer. Audiard a fini par rejoindre le rang des Dardenne, Kechiche et autres Cantet. Il est là pour fournir leur came aux petits bobos et à tous ceux de la middle-class qui veulent voir le monde sans sortir de chez eux et surtout pour se convaincre qu’ils ont bien raison de rester là où ils sont. Audiard vaut mieux que ça. Il sait faire mieux que ça. D’ailleurs il semble même nous le dire sur le final de son « Dheepan ». Parce que oui, sur le dernier quart d’heure, ce film tente étonnement de s’énerver un peu. Alors certes, ça a eu le mérite de me réveiller et d’enrichir formellement l’ensemble, mais c’est vraiment fait en mode fête du slip. Cette conclusion sombre dans une sorte de paroxysme d’absurdité par rapport à la démarche initiale du film. C’est un pur moment de n’importe quoi qui, quand on prend le temps d’y réfléchir, n’est pas crédible pour un sou. Mais bon. Encore une fois. Cette conclusion n’est au fond qu’une belle illustration de ce qu’on demande à ce genre de long-métrage : une confortation d’un certain public du fantasme qu’il se fait du monde, et en mode binaire et caricatural s’il vous plait ( spoiler: …parce que oui, en gros, la fin de « Dheepan » nous dit : « la France c’est la misère des banlieues, la guerre civile la misère et l’abandon alors que – heureusement – l’Angleterre ce sont les jolis taxis et les belles maisons à bow-windows qui accueillent dans l’opulence et la mixité les gentils immigrés. » Joli message. Pas « french bashing » du tout. Tout dans la mesure. Très subtil. Bravo.
    ) Donc voilà ce à quoi se réduit Audiard désormais. Je vous le dis en toute honnêteté : ça me blase. Mais bon, comme le dit si bien Michel Naudy dans « les nouveaux chiens de garde » : on ne reste jamais à l’antenne impunément. Jamais. . Audiard a fait son choix. Il a voulu rester. Après tout, ça paye bien. Il fournit la came qu’on lui demande, sans trop d’effort, et en échange il reçoit moult argent, palmes cannoises et notoriété publique. Pourquoi se priver ? Certes, ce genre d’attitude ne sauve pas le cinéma français de la léthargie dans laquelle il s’embourbe depuis un certain temps. Mais d’un autre côté, que reste-t-il à sauver ? Voilà finalement ce que semble être le raisonnement d’Audiard après ce « Dheepan » et, franchement, ça n’augure rien de bon pour les amoureux de septième art…
    Olivier Barlet
    Olivier Barlet

    266 abonnés 383 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 26 août 2015
    Face au réel se pose la question du cliché, question essentielle si l'on interroge la visibilité et la parole des exclus et des sans-voix. (...) Voici donc dans Dheepan la banlieue à nouveau représentée comme le théâtre de la délinquance et de la violence. (...) La cité n'y existe qu'en tant que décor de la violence qui fait avancer l'action. Elle n'a pas de consistance humaine, si ce n'est un obscur vieux malade qui ne pipe mot et son fils, un chef de gang qui lui s'épanche un peu. Mais le propos est bien de confronter Dheepan à la même violence qu'il a connue au Sri Lanka pour montrer à quel point elle met son projet d'intégration en échec : il faut donc que la cité soit en guerre et qu'elle ne soit que cela !
    elbandito
    elbandito

    318 abonnés 945 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 3 octobre 2015
    Sur un sujet d’actualité, Jacques Audiard ne parvient pas à captiver le spectateur sur le sort d’une "fausse" famille reconstituée de migrants sri-lankais, fuyant leur pays en guerre, et confrontée à la violence urbaine en France. La construction d’une nouvelle vie paisible est-elle possible, et à quel prix ? Drame intime mâtiné de thriller social, le portrait des cités franciliennes est excessif et décalé, car il se concentre sur une situation extrême, qui ne représente pas la norme. Les acteurs ne sont pas mauvais, l’atmosphère est à la fois dure, puis douce et étouffante, tant lors de scènes intimes que lors des sorties dans la cité. Et lorsque vient le moment de l’explosion finale du héros bouillonnant, son passage à l’acte est filmé en un long plan séquence à hauteur d’homme, fascinant de réalisme, mais très improbable et incohérent dans son déroulement. A noter le scandaleux et déplorable parti pris "France = zone de non-droit vs Angleterre = paradis familial". Là aussi, nous sommes très loin de la vérité. A moins que ce ne soit qu’une vision onirique du héros à la recherche d’un bonheur impossible.
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 178 abonnés 3 982 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 27 août 2015
    Récompensé par la Palme d’Or au dernier Festival de Cannes, Audiard ne raconte pas la difficulté de vivre dans une guerre civile comme au Sri Lanka. Audiard raconte surtout le sentiment d’incompréhension que ressentent ces réfugiés. Si la langue est une barrière, elle est moindre comparé à ces luttes de quartiers qui finissent toujours mal et qui n’ont surtout aucun autre objectif que de montrer qui est le plus fort. Dheepan, Yalini et Illayaal se voient confrontés à cette mascarade qui fait vivre un enfer à ceux qui n’ont rien demandé à personne. Certains pourront siffler au réalisateur la présence de clichés, d’avoir osé donner son opinion ou même de s’être engagé sur un terrain politique, le résultat est pourtant plus que réaliste. L’histoire pourra gêner car elle détruit les fondements de beaucoup de français sur l’immigration. Si le film vacille parfois dans un rythme plombant, il est à saluer le courage dont a fait preuve le réalisateur à bousculer nos convictions et à ne pas montrer ce que l’on attendait.
    D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
    poet75
    poet75

    256 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 29 août 2015
    Quoi! Voilà donc le film à qui ont été attribués les lauriers de la Palme d'Or au dernier festival de Cannes! Invraisemblable et atterrant! Qu'est-ce que les membres du jury avaient dans la tête pour accorder tant d'honneur à ce film non seulement médiocre d'un point de vue purement cinématographique mais encore et surtout extrêmement douteux d'un point de vue idéologique? J'ai du mal à comprendre...
    Certes les trois personnages de réfugiés tamouls, contraints de de se faire passer pour une famille (père, mère et fille) afin de fuir le Sri Lanka, ont largement de quoi susciter l'intérêt. La petite fille tamoule et sa fausse mère sont d'ailleurs les seuls personnages intéressants et touchants de ce film. Quant au reste, tout dérape très vite vers les pires clichés véhiculés quand il est question des quartiers dits sensibles.
    Car c'est dans un de ces quartiers défavorisés que les trois tamouls trouvent refuge, l'homme en tant que gardien d'immeubles et la femme en tant qu'auxiliaire de vie. Dès lors, le spectateur est comme pris en otage: ce que le réalisateur a choisi de montrer de ce quartier, ce ne sont qu'immeubles dégradés, tagués, sales et inquiétants et entièrement contrôlés par les trafiquants de drogue. On ne voit qu'eux, ils sont partout, ils font régner leur loi, règlent les déplacements des habitants, font la surveillance du haut des toits et, pour un oui ou pour un non, sortent leurs armes et font le coup de feu! Pas une seule fois on n'aperçoit un véhicule de police. Il n'y en a que pour les caïds de la drogue, le quartier leur appartient! Et, bien sûr, la fin du film se complaît dans un tourbillon invraisemblable de violence.
    Disons les choses clairement: si Jacques Audiard avait voulu faire la promotion de la propagande du FN, il ne s'y serait pas pris autrement! J'imagine que les dirigeants du parti en question pourrait prendre ce film en exemple afin d'illustrer leurs propos tendancieux! Pour ce qui me concerne, j'exècre cela et je ne supporte pas qu'un film, délibérément ou non, cherche à faire de moi un otage! Que les quartiers dits sensibles soient le théâtre de dégradations, d'exactions et de violences de toutes sortes, il n'est pas question de le nier, mais qu'un film choisisse de ne montrer que cela, c'est extrêmement dommageable! Quand je pense à Miguel Gomes choisissant de mettre l'accent sur une communauté d'oiseleurs vivant dans un quartier défavorisé de Lisbonne (dans le volume 3 des "Mille et Une Nuits"), voilà qui change des clichés habituels et voilà ce que j'apprécie! Le cinéma a-t-il pour but de surligner nos idées toutes faites, que ce soit sur les quartiers sensibles ou sur quoi que ce soit? Non! Il a plutôt pour vocation de nous surprendre ou de nous étonner! Le film de Miguel Gomes nous surprend, celui de Jacques Audiard jamais ou quasiment jamais! Il nous donne plutôt la nausée! 2/10
    Septième Sens
    Septième Sens

    76 abonnés 762 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 1 octobre 2015
    « Une Palme, c'est forcément immérité, non ? » se demandait le cinéaste le plus admiré de la communauté cinématographique. Par essence, oui. Car quelle œuvre peut se targuer d'être meilleure que telle autre dans un lieu où la substantifique moelle du Septième Art est célébrée ? Aucune, et encore moins Dheepan, fable noire et réaliste d'un ancien guerrier Tamoul fuyant son pays en pleine guerre civile. Avec une femme et une petite fille qu'il ne connaît pas, il part s'exiler en France pour espérer reconstruire sa vie.

    Comme chaque film d'Audiard, celui-ci est multiple et invoque plusieurs genres pour composer un long-métrage mémorable et bien au-dessus de ce que nous avons l'habitude de voir. Social, Dheepan est avant tout un mensonge qu'il va falloir faire disparaître, pour tenter à nouveau de vivre. Par sa caméra, le cinéaste créé une famille de toute pièce qu'il prend le temps de filmer pour mieux la comprendre. Admirable.

    Politique, Dheepan dénonce une société malade. Notre héros ordinaire quitte une guerre pour replonger dans une autre, invisible aux yeux de beaucoup, et pourtant bien réelle. Par ce fait, le réalisateur injecte une dose répulsive de violence comme il avait pu le faire dans Sur mes lèvres. L'enfermement (des corps, de l'esprit) et la culpabilité, leitmotivs de la filmographie de l'auteur, reviennent une nouvelle fois sous la forme d'une mort prochaine, guettant le protagoniste à chacun de ses actes. Terrifiant.

    Mystique, Dheepan n'est pas seulement le triste témoignage d'un chaos banalisé, mais conjure une entité qui nous dépasse. Les apparitions de cet éléphant spirituel rappellent les rêves prémonitoires de la biche que Malik faisait dans Un Prophète. Dans le cinéma d'Audiard, ses personnages sont souvent désemparés, mais jamais seuls. Quelqu'un ou quelque chose les guide vers une issue incertaine, mais inéluctable. Miraculeux.

    Oui, mais. Nous le disions plus haut, cette œuvre est une fable puissante et réalisée de main de maître. Cependant, toute fable qui se respecte finit par une morale des plus impériales. Celle de Dheepan frôle le non-sens et détruit toutes les intentions du réalisateur en trois minutes. Ce dénouement, synonyme de hors-sujet, est aussi incompréhensible que frustrant. Le metteur en scène n'a visiblement pas su comment conclure un récit qui aurait pu devenir chef-d’œuvre. Il n'en remportera pas moins la Palme d'or, alors, que demander de plus ?
    traversay1
    traversay1

    3 122 abonnés 4 629 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 27 août 2015
    Pas une Palme d'or française qui ait fait l'unanimité, de Lelouch à Kechiche, en passant par Pialat. Audiard n'y coupe pas non plus et la critique de pointer du doigt le "défaut" majeur de Dheepan : sa vision partiale et sans nuances des cités de banlieue. Sauf que c'est oublier que Audiard n'a pas la prétention de livrer une vérité définitive sur la question, si tant est qu'elle existe, mais de l'utiliser comme élément irréel, de décor si l'on veut (en quoi ce serait choquant ?) au service d'une histoire qui a un autre fond et qui prend racine dans un conflit d'une violence pure, celui de la guerre civile au Sri Lanka (qui n'a jamais guère intéresser en France, il faut bien le dire). Ce qui nourrit le cinéma d'Audiard c'est l'humain et c'est un contresens que de lui prêter plus d'ambition sociale qu'il ne prétend en avoir. Dheepan est un drame sur fond de rédemption, thème récurrent chez le réalisateur, qui passe par la violence, c'est le côté spectaculaire et viscéral du film, mais c'est loin d'être toute son essence. L'évocation de cette fausse famille, recomposée sur des traumatismes, est le coeur même du récit qui prend le temps de s'attarder sur ses deux principaux personnages, aux tempéraments complexes qui se dévoilent peu à peu, dans ce mélange de rudesse/tendresse que Audiard maîtrise à la perfection. Formidables sont ses interprètes : le tigre tamoul en éveil plus qu'en sommeil et sa compagne de hasard, fine, curieuse et indépendante. Drôle de couple d'infortune, solidaire et en conflit permanent. Du coup et c'est là le hic, les dernières scènes de Dheepan déçoivent un peu par leur naïveté, comme un compromis qui n'était peut-être nécessaire. Mais c'est aussi sa liberté d'auteur, ce qu'il est depuis Regarde les hommes tomber, n'en déplaise à ses contempteurs. Dheepan est sans doute un petit cran en dessous de De rouille et d'os et surtout de De battre mon coeur s'est arrêté. Mais cela reste du haut de gamme, dans une filmographie exemplaire et sans équivalent sur le plan français.
    chrischambers86
    chrischambers86

    12 073 abonnés 12 157 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 février 2017
    Un oeuvre ètonnante sur sa forme parce que c'est un film très brut auquel on ne s'attend pas! Quelques minutes suffisent pourtant pour constater la rèussite scènaristique et artistique de "Dheepan". Rèaliser un long-mètrage français parlant tamoul, voilà un projet fou de la part de Jacques Audiard! Un parti pris fort, courageux et surprenant avec des scènes courtes, une musique presque absente et une langue difficile d'accès. spoiler: "Dheepan" raconte l'histoire de trois Sri-Lankais inconnus des uns des autres qui voleront les identitès et les papiers d'une famille dècèdèe afin de fuir la guerre dans leur pays et de partir vivre en Europe, plus prècisèment en France! On suivra leur difficultè d'adaptation ...comment ils sont accueillis...et comment ils vivent au quotidien ensemble alors que ce n'est pas une vraie famille! C'est l'histoire d'un homme qui, finalement, ne peut pas vivre le choix qu'il a fait rèellement!
    Dans ce septième long-mètrage, Audiard tente des choses avec une nouvelle èquipe technique! il change de chef opèrateur, de compositeur...prend donc le risque de tout changer pour assumer sa personnalitè! Du coup, ça se ressent de façon brillante, où scène après scène, le spectateur est bousculè dans ses certitudes! Grâce à une dramaturgie impeccable qui fait de ce final crèpusculaire et violent un moment quasi inoubliable! Entre Vincent Rottiers auquel on n'a envie de s'attacher mais dont on se mèfie toujours, c'est aux inconnus Jesuthasan Antonythasan et Kalieaswari Srinivasan que le public s'attache vèritablement en imposant un naturel confondant! Une Palme d'Or qui vous embarque complètement avec elle! Et pourtant plus que le polar, c'est le dèsir d'une histoire d'amour qui l'emporte ici! Et haut la main...
    Le film d'Ariane
    Le film d'Ariane

    63 abonnés 179 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 août 2015
    Vu DHEEPAN ce soir, la Palme d'Or de Jacques Audiard. Certains disent qu'Un Prophète l'aurait méritée davantage. Peut-être, sans doute… Personnellement, je trouve à son nouveau film tellement de qualités que l'idée ne me serait même pas venue à l'esprit. Quel réalisateur en France, aujourd'hui, fait preuve d'autant d'audace et de maîtrise ? Qui manie aussi bien que lui la finesse et la puissance ? Qui porte son ambition de cinéaste aussi bien sur la forme que sur le fond ? Je ne sais pas… Ce que je sais en revanche, c'est que le destin de ces trois êtres fracassés par la guerre et l'horreur qui tentent, dans une banlieue à feu et à sang, de se reconstruire et de s'aimer, m'a ébranlée. La première partie, qui s'attarde sur leur tentative d'intégration, la naissance des sentiments, l'apprivoisement réciproque, est bouleversante. Les deux acteurs (le Sri-Lankais Antonythasan Jesuthasan et l'Indienne Kalieaswari Srinivasan) sont magnifiques de bout en bout. Puis le récit se complexifie, le contexte se tend, l'ambiance devient irrespirable. Alors le passé refait surface, les démons ressurgissent et l'harmonie fragile vole en éclat. La guerre civile au Sri-Lanka a fait des ravages dans le cœur et l'âme de Dheepan et les traces qu'elle a laissées hantent ses rêves. Ce deuxième chapitre, très nerveux, cloue sur place. L'épilogue, rapide, cathartique (!), peut surprendre. Il est, après réflexion, assez cohérent. On reproche souvent au cinéma français de se regarder le nombril : Jacques Audiard prouve de films en films sa curiosité insatiable pour toutes les histoires, tous les genres, tous les horizons. Leurs points communs ? Une force sensible, une profondeur rare… Et une maestria qui impose le respect.
    alain-92
    alain-92

    306 abonnés 1 078 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 28 août 2015
    Le principal protagoniste, Anthonythasan Jesuthasan est le premier point fort de ce film. Un homme qui, entre ses seize et dix-neuf ans fut enrôlé par les Tigres de la Libération. Réfugié politique par la suite, il est aujourd'hui écrivain. Une autre façon de raconter ses souvenirs, pendant son engagement et de rappeler ce lointain et douloureux conflit au Sri Lanka.

    Un interprète idéal à la fois fascinant, inquiétant, émouvant, doux et violent. "Une espèce de charme, de nonchalance, dans un corps meurtri" déclarera le réalisateur.

    À ses côtés, Kalieaswari Srinivasan tiendra le rôle d'une prétendue épouse. L'énergie du désespoir lui offrira quelques belles scènes dans lesquelles l'actrice se montre particulièrement convaincante. Avec son éclatante beauté et toute la fraîcheur de son jeune âge, Claudine Vinasithamby apporte une touche de douceur et d'émotion.

    Noé Debré, à l'origine de ce projet participe à l'écriture du scénario avec Jacques Audiard et Thomas Bidegain. Le film oscille sans cesse entre polar et cruelle actualité sociale. La musique de Nicolas Jaar, élément majeur du film, est une parfaite réussite.

    Dès le début du film, entre la préparation d'un bucher et le passage dans les camps de réfugiés, le spectateur se trouve pris dans une atmosphère oppressante et d'une grande férocité. Impossible de rester insensible devant tant de cruautés. Impatience, aussi, de savoir où nous mènera cette pseudo famille, au moment même où notre actualité témoigne de la détresse de tous ces réfugiés.

    Dans la deuxième partie du film le scénario devient plus alambiqué et multiplie les récits sans véritablement en développer un seul. L'ensemble devient confus. Dommage. La banlieue et ses barres d'immeubles apparaissent, une fois encore, comme autant de repères pour trafics en tous genres.

    La photographie n'en reste pas moins exceptionnelle. La finesse de la réalisation remarquable.

    Loin de laisser insensible, Dheepan laisse passer l'émotion sans la retenir.
    Christoblog
    Christoblog

    745 abonnés 1 618 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 27 août 2015
    Avec son sujet exotique (combien de spectateurs pourraient situer l'origine du peuple tamoul sur une carte du monde ?), ses acteurs inconnus et son titre curieux, le film de Jacques Audiard ne cherche pas la séduction facile.

    Pourtant, la première chose qui frappe en découvrant la Palme d'Or, c'est sa fluidité, l'élégance de sa mise en scène qui semble débarrassée des afféteries coutumières d'Audiard.

    Ici, tout semble simple : les scènes s'enchaînent habilement, même si elles sont âpres et violentes, suscitant la curiosité et l'intérêt. L'intégration de la famille sri lankaise interpelle : elle est à la fois facile et impossible, commandée par une impérieuse énergie et figée vers une utopie de départ qui rend le passage français accessoire dans la trajectoire des personnages. L'invention d'une famille est également une magnifique idée de cinéma, que j'aurais aimé voir creusée en profondeur.

    Toute la première partie est fraîche, originale et admirablement mise en scène, zébrée de visions magistrales et enveloppée par une bande-son impeccable. Un régal.

    Le film se brise malheureusement en son milieu pour verser dans un film d'action et de violence assez lambda. Le héros Dheepan se transforme tout à coup en Sylvester Stallone sévèrement bur(i)né. C'est qui faut pas l'énerver, le Tamoul.

    Si ce virage scénaristique peut se défendre, c'est la façon de le filmer comme une explosion de violence qui gâche un peu le film. Tout devient alors too much (cette montée d'escalier interminable), alors que tout était dans le mystère et la retenue quelques minutes auparavant.

    Les choses empirent encore d'un cran dans les ultimes scènes (que je ne révèlerai pas ici), avec une rupture de ton encore plus grande et un basculement dans la mièvrerie qui laisse un goût amer.

    Audiard frôle le chef-d'oeuvre, mais le hiatus au coeur du film l'empêche de concrétiser.
    ChroniqueMécanique
    ChroniqueMécanique

    300 abonnés 214 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 septembre 2015
    Ici donc, Audiard (toujours accompagné de son indéboulonnable complice Thomas Bidegain à l'écriture, mais aussi de Noé Debré pour le coup) nous conte l'histoire d'un guerrier tamoul qui se bat du côté des Tigres, des indépendantistes réclamant la création de leur propre État contre le Sri Lanka. Cet homme ne se nomme pas réellement Dheepan, c'est le nom qu'il "emprunte" lorsqu'il raccroche les armes et décide de fuir cette guerre civile (à ce propos, celle-ci s'est terminée en 2009 après seize années de conflit). Dheepan est en réalité un homme qu'il ne connaît pas, décédé depuis quelques mois, et dont on lui offre de récupérer les papiers. Le guerrier déchu se fait alors lui aussi passer pour mort. Un fantôme dans le corps d'un mort en somme. Il usurpe non seulement son identité, mais aussi sa vie. En effet, Dheepan était marié et père d'une fille de neuf ans. La femme et les enfants du guerrier tamoul sont morts durant la guerre, alors il se trouve une nouvelle famille de fortune, une femme et une fille qu'il n'a jamais vues et qui cherchent elles aussi à quitter le Sri Lanka. Ces trois-là ont tout perdu, ne se connaissent pas, et les voilà parachutés en France, à la recherche d'un asile politique. Ils finissent par s'installer, après pas mal de galères, dans une cité sensible de la banlieue parisienne où le nouveau Dheepan trouve un emploi de gardien d'immeuble, où une nouvelle vie commence. Dans un pays qui n'est pas le sien, où l'on parle une langue qu'il ne comprend pas, formant une fausse famille avec deux personnes qu'il ne connaît pas, Dheepan tente de se reconstruire. Mais la violence régnant en maître dans la cité va agir comme une menace pesante, de plus en plus lourde, et l'empêcher de trouver le repos et de panser ses plaies...

    La première scène montrant le personnage principal évoluant dans l'Hexagone est éloquente : il vient de quitter un pays ravagé par la guerre, à la recherche d'une nouvelle lumière, et les premières que l'on voit apparaître de lui sont celles de jouets pour enfants clignotant dans la nuit et qu'il vend à la sauvette. Lui, le guerrier implacable, se retrouve affublé d'un serre-tête lumineux de pacotille et déambule dans les rues. Cette dichotomie symbolisant sa déchéance est aussi pathétique que touchante. Puis, une fois bazardé gardien d'immeuble, Dheepan va alors tout tenter pour passer inaperçu et se reconstruire. Malin, il comprend vite les rudiments de son nouveau métier et s'emploie à l'exercer au mieux. Il apprend à parler la langue de Molière, et essaie progressivement de se rapprocher de cette famille de substitution, tout aussi paumée que lui. Et notamment d'une femme dont le seul désir est de rejoindre sa famille exilée en Angleterre et non de croupir ici à Paris. Il se fond tellement dans la masse, qu'il va jusqu'à demander à son "épouse", de confession hindouiste, de porter un voile car "toutes les femmes en portent ici". Petit à petit, l'ancien guerrier tamoul se convainc d'être Dheepan, au point de finir lui aussi par croire à ce mensonge. Mais il semble bien être le seul. Car de solitude, il est souvent question ici. Même s'il est entouré au quotidien de deux compatriotes, Dheepan est seul. Tout comme elles par ailleurs. Les héros d'Audiard sont de toute façon des solitaires. Des gens blessés, broyés, des inadaptés au monde dans lequel ils évoluent aussi. Ils taisent un rejet, une incompréhension, une blessure, contiennent une violence sourde, enfouie. Et tout ça ne demande qu'à exploser...

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    vincenzobino
    vincenzobino

    95 abonnés 390 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 août 2015
    Quelle expérience que cette Palme d'Or 2015!!!
    Profitant de l'avant-première romande, la météo humide et hostile s'allie parfaitement avec le parcours de Dheepan: ayant perdu sa femme et sa fille au Sri Lanka, guerre civile oblige, il recompose une nouvelle famille avec une femme n'ayant aucune expérience maternelle et une jeune fille ayant déjà subi ce que nul enfant ne devrait connaître.
    Et sitôt la séquence introductive passée, nous nous retrouvons dans une cité appelée le Pré, qui ne correspond pas vraiment a la définition française.
    Et c'est la que Audiard nous bluffe: alors que l'on pourrait s'attendre a une guerre des tranchées identitaires, un savoureux cocktail sur l'intégration et ses difficultés nous est soumis, donnant lieu a des situations cocasses très drôles et parfois tendres. Sauf que le guerrier en Dheepan n'est pas mort et qu'un événement va mettre le feu aux poudres.
    Bluffant, le film l'est par des prises de vues splendides rappelant Malick par moments; par une musicalité saisissante et surtout par la prouesse de notre trio sri lankais impeccable et d'une justesse hallucinante.
    A recommander vivement, l'expérience doit être vécue...
    Requiemovies
    Requiemovies

    188 abonnés 1 153 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 3 septembre 2015
    (..)
    Si en premier lieu on peut reprocher à « Dheepan » de ressembler dans son schéma narratif à la plupart des films précédents du réalisateur, il ne faudrait pas s’arrêter à ce sentiment de répétition et découvrir finalement une autre pièce majeure de l’œuvre que le cinéaste construit depuis des années.
    Il émane en fait une vraie universalité (...)
    Si certains reprocheront les raccourcis et métaphores mal comprises du film, il convient de s’élever et prendre de la hauteur, pour voir les contours bien plus subtils d’un film majeur.
    « Dheepan » semble être le film le plus contemporain de Jacques Audiard, il ne faut pas se fier à la simplicité formelle et de surface de son récit et aller au-delà pour apprécier le plein talent d’un cinéaste seul dans la planète France. Une mise en scène majeure vient recouvrir l’ensemble du film. Les plans de nuit magnifiques, vecteur de confusion scénaristique désirée (dans la cité, vente à la sauvette…), plans serrés, rapprochés, flous réalistes, tout semble être calculé avec précision chez Audiard. Même quand le chaos prend place, la caméra bousculé en tous sens laisse le spectateur au plus proche des personnages.
    Jamais perdu, cette soigneuse mise en scène sert à merveille (ou l’inverse) un trio de comédiens, épatants, magiques et terriblement touchants. Jesuthasan Antonythasan en tête, époustouflant de naturel et de charisme, dans ses instants de jeu simple comme ceux de folie.
    Si la marque des grands films est celle qui interroge après-coup, touche et épate, « Dheepan » en est assurément un. Plus qu’un ajout dans une filmographie déjà très dense et égale, cette Palme d’Or semble montrer que le réalisateur grandi toujours et encore. Un vrai plaisir de retrouver une maîtrise formelle aussi aboutie dans un écrin aussi touchant et seyant, avec le recul nécessaire d’après séance.
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