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    Dheepan
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    382 critiques spectateurs

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    Julien D
    Julien D

    1 198 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 29 août 2015
    Une fois de plus, la Palme d’Or fait polémique. C’est à croire que cet état de fait est devenu une litote. Le cru 2015 est signé Jacques Audiard qui, 6 ans après le Grand Prix accordé à Un Prophète, reçoit enfin la récompense suprême. Dès le départ, il a annoncé qu’il s’était lancé dans l’élaboration de son film à partir de deux sources d’inspiration à priori difficilement connectables : Le roman Les lettres persanes de Montesquieu et le film Straw Dogs de Sam Peckinpah. Et pourtant, en voyant le résultat, le lien entre les deux œuvres, qu’est le déracinement, apparait comme évident et superbement traité par le parti-pris, pourtant discutable, d’Audiard. En embauchant trois acteurs non-professionnels sri-lankais et en les faisant jouer dans leur langue natal, le tamoul, le moins que l’on puisse dire est le réalisateur s’est imposé des contraintes colossales au profit d’une recherche d’authenticité. Et en axant le récit depuis le pont de vue de deux d’entre eux, le drame ressenti par leurs personnages passe par un regard très subjectif apporté par le choc des cultures. C’est cette subjectivité, source d’une tension omniprésente et d’un alourdissement de la violence, qui a justement posé polémique car là où le contexte aurait naturellement suscité une approche sociétale autour des difficultés d’intégration des immigrés (ce qui aurait justement été développé en adoptant le point de vue de la jeune fille allant à l’école en classe d’’adaptation), mais c’est la peur que ce couple -traumatisé par la guerre, c’est indispensable de le souligner- ressent envers les voyous de leur quartier qui devient l’élément central de cette réalisation. La façon dont les autres habitants du quartier, les plus âgés et donc ceux qui ont eux-mêmes émigrés pour venir vivre en France, n’apparaissent que comme des fantômes errants dans les halls de ces immeubles insalubres participe à cette angoisse que provoquent ces figures menaçantes de dealer traités par la mise en scène comme de véritables créatures de film d’horreur. Ce qui peut alors passer pour un film à charge se réappropriant les codes du film de gangsters est en fait, sur le fond, un habile mélange des genre, entre histoire d’amour subtile, drame intimiste et revenge movie brutal, dont le cadre est finalement davantage un prétexte à sa finalité qu’un sujet d’étude et dont la façon de passer d’une scène d’ouverture marquée par un réalisme acerbe à un happy-end purement superficiel indique bien qu’il s’agit d’un exercice purement fictionnel dans lequel il serait dommage de chercher un discours politique profond ou une étude sociologique. Sur la forme, ce sont donc avant tout les interprétations des comédiens (les trois révélations sri-lankaises bien sûr mais aussi Vincent Rottiers qui réussit l’exploit de rendre attachant son personnage pourtant terriblement antipathique) mais surtout la maitrise de la mise en scène pour installer cette atmosphère menaçante et cette montée crescendo de la violence de la peur qui va avec, qui font de ce Dheepan un long-métrage captivant et même un exercice cinématographique parfaitement réussi.
    Pauline_R
    Pauline_R

    176 abonnés 398 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 28 août 2015
    Une légère déception : Dheepan est un bon film mans sans doute le moins bon film de Jacques Audiard qu'il ait été donné de voir, dû principalement à une dernière partie de film totalement ratée ou tout du moins peu fine par rapport au reste. Durant 1h30, Audiard montre tout son talent de metteur en scène et de directeur d'acteurs hors pair, l’évolution des relations entre les personnages, les thèmes de la familles, du deuil et de l'intégration sont abordés avec beaucoup de force et suffisaient largement à en faire un beau film. Mais l'introduction d'une violence surréaliste est selon moi de trop, fait perdre au film de sa puissance émotionnelle, on n'y croit plus un seul instant. Et je ne parle même pas de la fin... Un gros gâchis.
    Marceau G.
    Marceau G.

    388 abonnés 365 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 septembre 2015
    Palme d'Or au dernier Festival de Cannes, "Dheepan" ne démérite pas, loin de là, et peut même s'estimer chanceux, vu la sélection de malade offerte par l'édition 2015. La mérite-il pour autant plus qu'un autre long-métrage ? C'est à la fois toute la question, et le cadet de nos soucis... Car, quoi qu'il en soit, le nouveau film de Jacques Audiard, qui est le premier que je voyais de lui, est splendide. "Dheepan" est un de ces rares films qui te font ressentir un maximum d'attachement pour les personnages principaux, et qui te font passer par presque tous les états, du rire à la contemplation, en passant par l'angoisse et la mélancolie. "Dheepan" est, de plus, ancré dans la réalité : le scénario traite à la fois d'un phénomène étranger (la guerre civile au Sri Lanka et les réfugiés que ce conflit génère) et "intérieur" (la violence et la précarité des cités en France). Audiard ne semble pas exprimer de point de vue, il se contente de faire juste, et efficace. L'histoire de cette famille "recomposée" est tellement simple, vraie, universelle, que le spectateur est emmené à ses côtés et s'accroche avec elle. D'autant plus que le film est traversé de magnifiques moments d'extase, qui tranchent avec l'âpreté de certaines scènes, mais qui rendent également celles-ci encore plus rudes. Le portait est sublimé par la mise en scène virtuose d'Audiard, et l'authenticité des comédiens, tous bluffants. Seule ombre au tableau, le final, improbable, incompréhensible. Un grand film quand même.
    mazou31
    mazou31

    94 abonnés 1 281 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 septembre 2015
    Les Palmes se suivent et ne se ressemblent pas. Après le calamiteux « La vie d’Adèle », voici un véritable chef-d’œuvre qui parut juste avant le tourbillon médiatico-politique sur les réfugiés (à croire que l’exil politique est un drame nouveau !). Mais rassurez-vous, c’est un film d’amour, d’émotion, qui montre mais ne cherche en aucune façon à juger, démontrer et moraliser. Comme l’a dit très à propos son réalisateur, « je voulais faire un film français parlant tamoul […], de grandes images sur de petites gens » ; et on obtient ainsi une réussite totale, sans le moindre défaut. Tout est parfait : la direction d’acteurs, prodigieux bien que non professionnels – souhaitons qu’ils le deviennent–, des cadrages et des plans magistraux, un montage d’une extrême intelligence et une ambiance tantôt réaliste, tantôt onirique, toujours émotionnelle admirablement dosée. La vision pessimiste de la société française est fine et pas du tout manichéenne ; même les pires voyous ont de l’humanité. Et tout au long du film, l’apprivoisement mutuel de ces trois réfugiés pour devenir une vraie famille, unie au-delà du malheur, est extrêmement émouvant. Un message complémentaire : tous les angoissés de l’immigration devraient aller voir ce film.
    Alain D.
    Alain D.

    586 abonnés 3 282 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 30 septembre 2017
    Un excellent film de Jacques Audiard, empli d'une énorme sensibilité, justement récompensé par une Palme d'or du Festival de Cannes en 2015.
    La mise en scène sans artifice, mais efficace, nous offre de belles images. Le scénario, aux multiples intrigues, nous conte une histoire dure, poignante, avec beaucoup de bouleversements et une progression émotionnelle constante qui vous laisse finalement bouche bée. Son ingéniosité réside dans l'art de montrer avec humanité tous les personnages, même les plus à priori détestables.
    Le pitch : Yalini, femme Sri Lankaise adopte Illayaal, une petite fille de 9 ans, orpheline de guerre. Avec Dheepan, soldat déserteur, ils vont fuir la guerre et se faire passer pour une famille et être finalement rapatriés en France… Le film nous montre les problèmes relationnels de cette famille, leur adaptation a la France : la rentrée de Illayaal à l'école, les problèmes de Yalini qui ne parle pas français, doit travailler et apprendre à être mère …
    En plus d'une très belle BO, de la qualité de la mise en scène et du scénario, cette réalisation bénéficie d'un superbe casting avec une très belle prestation de Vincent Rottiers dans le rôle de Brahim le jeune "commerçant" patron du bloc, et l'immense présence de magnifiques acteurs non professionnels : une indienne et deux Sri Lankais dans les rôles principaux.
    Ufuk K
    Ufuk K

    518 abonnés 1 473 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 10 septembre 2015
    "Dheepan" palme d'or du festival de cannes 2015 est un film fort sur la situation des migrants en Europe,dans ce film c'est la situation des"tamouls" qui est mise en avant,les personnages amateurs jouent vraiment très bien ,quelques séquences sont très forte en émotions cependant le film met beaucoup trop de temps à s'installer du coup je n'ai pas été totalement conquis à la sortie de la salle. d'autres films auraient "du" recevoir la palme d'or.
    Black-Night
    Black-Night

    184 abonnés 421 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 septembre 2015
    Dheepan est un très bon film. Sans être un chef d’œuvre, il touche de près le statut de grand film sans l’obtenir totalement pour ma part car même s’il m’a plu, m’a plutôt surpris sur quelques points, il lui manque certaines choses comme le manque d’émotions notamment. Présenté en compétition officielle au 68ème Festival De Cannes en 2015, le film obtiendra le prix ultime de la Palme D’Or qui n’est finalement pas déméritée à ma surprise personnelle.
    Tout d’abord le film se rapporte à l’actualité brûlante sur le sujet des réfugiés bien qu’ici il est question d’un ancien soldat, d’une femme et d’une petite fille se faisant passer pour une famille venant du Sri-Lanka. Fuyant leur pays de la guerre civile, ils se réfugient en France au cœur d’une sensible cité parisienne où pensant connaître un peu de tranquillité, devront faire face à une nouvelle situation tendue.
    Le film se découpe au final en deux parties bien distinctes où le changement se fait de manière vraiment abrupte. J’ai bien aimé le film dans sa globalité, mais la violence déployée m’a quelque peu surpris bien qu’elle n’y soit pas là par hasard, elle reste surprenante. Le métrage se retrouve entre réalisme, lyrisme et onirisme d’une très belle façon doté d’une mise en scène juste grandiose. Un film qui peut s’avérer un peu long pour certains en y trouvant quelques longueurs s’y l’on ne rentre pas tout de suite dedans. Pour ma part dès les 5 premières minutes, j’ai trouvé le film captivant et ce jusqu’à la fin n’ayant pas vraiment vu le temps passer. On s’attache tout de suite aux personnages, où comme eux l’on subit une atmosphère tendue, inquiétante, perturbante et haletante qui malgré tout nous offrira quelques pointes d’humour.
    Le travail réalisé sur la bande son par Nicolas Jaar est tout simplement magnifique. A la fois composée de musiques classiques mais aussi de musiques indiennes de la culture tamoul rendant le métrage ainsi que certaines images plus fortes.
    Le réalisateur Jacques Audiard nous offre une réalisation superbe, et nous régale des talents d’acteurs qui sont vraiment incroyables, de son casting choisis par ses soins de talents inconnus mais aussi de quelques acteurs connus avec : Antonythasan Jesuthasan excellent, Kalieaswari Srinivasan excellente, Claudine Vinasithamby excellente, le reconnu Vincent Rottiers excellent également, il incarne quasi chaque fois à la perfection ses rôles, Marc Zinga bon, Joséphine De Meaux bien.
    En conclusion même s’il manque une certaine sensibilité ou émotivité un peu effacée, cela reste malgré tout un beau film assez fort à voir. Tout dépend (Dheepan), et quand ça dépend ça dépasse (cf : Le Père Noël Est Une Ordure), de si vous êtes intéressés et captivés par l’histoire pour apprécier ce très bon film.
    Ma note : 8/10 !
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein

    133 abonnés 543 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 29 août 2015
    Non, « Dheepan » n’est pas un grand film. Ne pas y voir dans cette phrase ni dans cette critique une once de provocation, comme certains aiment le croire, plutôt y observer l’envie de commenter l’impossibilité d’un auteur à se réinventer et à y réanimer la flamme de l’émotion, émotion qu’il faisait si durement jaillir dans ses anciens films. On arrive tel un cheveu dans la soupe en plein camp, une soi-disante famille créée sur le vif et envoyée dans une des très nombreuses banlieues pour en remplacer une autre. Les clés des immeubles du quartier accrochées à sa ceinture, l’interprète qui incarne Dheepan, le regard bientôt inébranlable de fermeté, nettoie pièces et couloirs derrière petits gars qui se la jouent gang, qui parlent et parfois aboient des insultes pour mieux se faire respecter. On poursuit les mésaventures de trois personnes qui donnent aux autres l’illusion d’être autre chose que des immigrés, mais, à la place, de véritables gardiens ou une pure écolière. Quelques idées de mise en scène parsèment une oeuvre correcte mais inégale. Audiard filme la plupart du temps sans savoir y inscrire une identité, que ce soit dans la contemplation d’une fusillade ou dans les relations entre des personnages avec lesquels on se sent comme privés de la possibilité des les apprécier, ne serait-ce qu’un seul moment. Et ce malgré d’excellents atouts présents dans un casting efficace. Cela serait presque comme trop sage et trop simple, même avec un final qui réveille plus d’une heure de long-métrage, et qui impose enfin une certaine énergie, alors que les idées de mise en scène, accompagnées par un scénario faible et fade, bafouillaient depuis le départ. Et puis terminer l’histoire d’une telle manière, spoiler: mode du guerrier intouchable façon « Scarface » dans ses derniers moments mais avec un don spectaculaire d’invincibilité
    , n’a pas été la meilleure représentation du talent que possède Audiard fils. Car il en a sous le capot, mais ici il paraît tomber dans ce qui serait un schéma intelligent pour le thème qu’il raconte en même temps que dans l’objet défaillant. Pas grandiose pour un sou.
    LeFilCine
    LeFilCine

    178 abonnés 576 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 septembre 2015
    Le dernier film de Jacques Audiard était présenté en mai dernier à Cannes pour le festival. Et il est reparti ni plus ni moins qu'avec la Palme d'or : le prestigieux prix offert par le jury des frères Coen peut rendre forcément un peu plus complexe la critique objective de ce long métrage. Le film n'a, en effet, pas fait l'unanimité parce qu’il détonnait vraiment dans la filmographie de son auteur. Audiard, habitué à un certain réalisme dans ses précédents films, a poussé le curseur encore plus loin pour sa dernière réalisation. Il a tourné, pour cela, avec des acteurs amateurs et en langue tamoul, rien que ça ! Cela en fait donc un film vraiment singulier. Et il se dégage assez vite quelque chose de captivant à suivre ces trois personnages déracinés dans une banlieue française bien éloignée de leur précédente vie. Le sujet semble terriblement éloigné de nos préoccupations mais on arrive malgré tout à être accroché au destin de ces personnages. Et c'est en cela que c'est remarquable de maitrise cinématographique et que l'on reconnait tout le talent de Jacques Audiard. Le scénario est plein de sous-entendus et de non-dits, qu'il faut arriver à mettre au jour. Dheepan raconte l'émigration, le déracinement, l'intégration mais parle surtout de guerre. Le film était au début sous-titré "l'homme qui n'aimait pas la guerre", cela en disait beaucoup, sans doute trop, de ce qui est vraiment la ligne directrice du film : les blessures enfouies de cet ancien Tigre tamoul. Le film est beau et le ton est juste jusqu'aux deux séquences qui closent le film : elles sont difficiles à relier entre elles, pas évidentes à interpréter et un peu trop déroutantes pour susciter une totale adhésion.
    aymericl
    aymericl

    18 abonnés 160 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 septembre 2015
    Magnifique ! Envoûtant ! Les acteurs sont criants de vérité ! Du vrai cinéma . Palme d'or méritée
    nicolas t.
    nicolas t.

    57 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 septembre 2015
    Magnifique malgré une fin décevante.
    Acteurs au top.
    Palme méritée.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 9 septembre 2015
    Une Palme d'Or?
    Une histoire a priori banale, éculée, réchauffée?
    Très peu pour moi.
    mais...
    Loin d'un scenario pseudo-intellectuel, opaque et vide, ce dernier film de Jacques Audiard (un prophète, de battre mon coeur s'est arrêté) confirme son talent à mettre en scène l'intime, le pseudo-lambda, en lui restituant toute sa profondeur et toute sa singularité.
    Rythme maitrisé et progressif, personnages complexes et bien dessinés, ce film sur l'apparente banalité de 3 immigrés sri lankais fuyant une guerre, dans un jeu de miroir sans fioriture, grâce à sa puissance aussi juste qu'étonnante changera votre regard.

    Jacques Audiard élève encore une fois le cinéma français au rang du grand. Merci.
    3aptiste
    3aptiste

    21 abonnés 13 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 septembre 2015
    Film d'actualité, qui fait réfléchir, tout en racontant une histoire passionnante.
    DestroyGunner
    DestroyGunner

    24 abonnés 883 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 4 septembre 2015
    Dans la même veine que ses précédents films, une tension et une humanité qui vous font rester rivé à votre fauteuil. La fin est peu crédible ou facile mais quel talent de réalisation, de direction d'acteurs. Un grand cinéaste, indéniablement. Réalisme social et réalisme tout court. Encore bravo, Monsieur Audiard.
    Raw Moon Show
    Raw Moon Show

    135 abonnés 832 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 30 septembre 2015
    J'affirme haut et fort que nous tenons avec Dheepan la comédie romantique ultime ! Des preuves matérielles ? Ces deux personnages se connaissaient-ils avant de se rencontrer ? non. Va-t-il tout faire pour essayer de la retenir lorsqu'elle planifie un départ pour la Grande-Bretagne ? Ô que oui. Enfin, quel est le véritable déclencheur de la déflagration finale ? Et bien ça m'a tout l'air d'un coup de foudre, d'un authentique sacrifice, pas de ces fleurs qu'on achète à des vendeurs à la sauvette ressemblant au héros, non je parle de la preuve d'amour ultime, sans retour, celle qui débouchera forcément sur un happy end avec du bonheur conjugal - du vrai de vrai - et un beau bambin à la clé. Le fruit authentique de leur amour. Le genre de dénouement qui fleure bon (de façon contemporaine côté enjeux) celui de Taxi Driver… Vous suivez mon regard ? Tout va mal finir, c'est sûr, la folie du personnage principal va l'entraîner vers le fond et puis non parce qu'il croit peut-être suffisamment fort à cette jeune femme, à leur histoire, à l'histoire du film tout simplement… Car Dheepan, sans le vouloir peut aussi se regarder comme cela, comme la vivisection en live de "trois personnages en quête d'acteurs". Au delà d'un sujet d'actualité brûlant, l'entrée en matière nous donne à nous familiariser avec trois acteurs cherchant tant bien que mal à apprendre leur nouveau texte, à incarner les rôles respectifs qu'on leur a assignés… Et comme souvent dans pareille situation, la magie n'opère que lorsqu'ils finiront par y croire eux-même, lorsque des tréfonds l'amour surgira tout seul. Enseignement sacré. Tout est là.

    Je tiens d'ailleurs à rappeler à tous ses détracteurs qu'Audiard a le bon goût de nous pondre un casting qui respire, qui oxygène nos neurones à l'heure où les sempiternels mêmes noms noircissent les affiches des mêmes films français. Insupportable. Rien que pour ça, on devrait lui dire merci ou lui filer une palme de l'intelligence, de l'humilité voire des deux… On s'identifiera d'autant plus à ce personnage qu'il déboule comme nous dans cet univers tout moche, tout neuf. Nous sommes le personnage. Il est alors nos yeux le bien nommé "Deep eye". Joli stratagème là encore pour nous prendre habilement par la main. Et je précise au passage qu'au rayon "banlieues quoi de neuf ?", La Haine peut aller se rhabiller fissa fissa. On vient de passer dans une autre dimension question réalité crue de la cage d'immeuble d'une zone de non droit. Par le biais de la satire sociale et surtout politique (tout le décor et la désarticulation de la fourmilière à l'écran), Dheepan est assurément le versant hexagonal de ce que fut The Wire à Baltimore. Fine et forte comparaison qu'il tient sur la distance.

    Alors voilà, malgré de menus défauts, les quelques fausses pistes abandonnées en route (l'ancien colonel et ses injonctions comme autant d'éructations vaines), les petites facilités scénaristiques - fort excusables à mon sens - pour nous amener l'air de rien au règlement de compte chez le patriarche un peu attardé, Dheepan est pour moi le film le plus abouti de Jacques Audiard, le mieux débarrassé de ses petits tics énervants d'auteur qui calcule, évalue, le plus nuancé aussi côté personnages grâce à une authenticité recherchée et trouvée derrière le genre tout puissant, matriciel.

    Ces trois acteurs rafraîchissants l'ont probablement bien aidé dans cette entreprise de simplification des enjeux pour aller vers l'essentiel… La puissance d'une histoire d'amour singulière entre deux (et même trois) âmes égarées, sans jamais se départir harmonieusement d'autres genres (le film noir, la fable politique et même la comédie sociale). Parce que le moteur encore une fois ce sont ces 3 personnages qui existent terriblement.

    Je précise enfin pour celles et ceux qui ont stigmatisé un manque d'émotion que le film pour moi ne fait justement que s'enrouler autour de ce thème, de la naissance du sentiment amoureux chez des personnages détruits par l'existence. Une double peine si l'on veut. Leur passé traumatique s'ajoutant à une culture de la discrétion et de la pudeur. De quoi étouffer l'émotion jusqu'au bouquet final. C'est pourquoi non, il ne s'agît à mes yeux pas d'un film lambda ou mineur de son auteur comme j'ai pu l'entendre ici ou là, mais plutôt sa pièce maîtresse, d'une richesse et d'une amplitude thématique immense et qui fera date.

    Cette réussite l'est aussi probablement grâce à une mise en scène absolument démente, organique - je pense à cette merveilleuse séquence finale vécue de l'intérieur, à fleur de peau de héros, au niveau presque quantique des poils dressés de ses avants bras, de nos avants bras ! C'est là que tu te rappelles que de langage il est aussi furieusement question dans Dheepan et que chez Audiard le cinéma en est vraiment devenu un. Chapeau l'artiste !
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