Bon eh bien je comprends pourquoi ce film polarise tant :
The Predator va à l'encontre de tout ce qui se fait aujourd'hui, en revenant à un cinéma très 80's (Shane Black oblige), tant dans la violence graphique montrée à l'écran que dans la "fuck you" attitude.
Loin de brosser le grand public dans le sens du poil, on revient à quelque chose de plus brut, complètement 1er degré et souvent jouissif.
MAIS malheureusement ce n'est pas un triomphe, pour plusieurs raisons.
Le film prend en compte Predator et la suite de 90, et nous fait suivre Quinn McKenna, sniper en pleine mission dans la jungle qui tombe sur un Predator.
De fil en aiguille, il se retrouve au sein d'une bande de soldats marginaux à la poursuite du Predator, tentant à la fois de le tuer mais également de protéger son fils d'une autre sorte de Predator plus imposant.
Il y a 2 manières d'aborder ce film : soit on s'attend à un survival plein de tension avec des Yautja dans la pénombre, soit on prend le film pour ce qu'il est, un film d'action décomplexé et fun où des personnages plus improbables les uns que les autres se retrouvent au prise avec des Predators.
Car Shane Black a bien compris que tenter de recréer les sensations du chef-d'oeuvre de McTiernan aboutirait soit à un échec (Predators en 2010), soit une redite complètement inutile d'une pierre angulaire du cinéma d'action contemporain.
Finalement, et à l'image d'un The Nice Guys, L'Arme Fatale ou Le Dernier Samaritain, le film lorgne énormément du côté de la comédie tout en prodiguant des séquences d'action "on camera" où têtes, membres et colonnes vertébrales volent dans tous les sens, le tout saupoudré de punchlines bien senties.
Parfait pour l'amateur de films de genre et de séries B qui en a dans le pantalon.
Malheureusement, le film n'est pas dénué de défauts, dont le studio est responsable via des reshoots intempestifs, un montage absolu perfectible dans la dernière partie du film, mais également de la part du réalisateur.
L'intrigue se suit avec plaisir, est rythmée, menée par des personnages jouissifs : en tête Keegan Michael-Key (compère de Jordan Peele) accro à la punchline, Thomas Jane dans un perso de fêlé atteint du syndrome de Gilles de la Tourette (comme Shane Black), et enfin l'excellent Streling K. Brown en Will Treager, sorte d'antagoniste dont la coolitude et la décontracte suinte par tous les pores (le voir rentrer dans un vaisseau alien lunettes de soleil sur le nez et mâchouillant du chewing-gum n'a pas de prix
Le reste du casting est bon, que ce soit Bboyd Hollbrook en meneur d'hommes, Olivia Munn en scientifique intrépide, Trevante Rhodes en frère d'armes ou bien Jacob Tremblay.
Le problème vient malheureusement d'un film d'1h40, où tout s'enchaine vitesse grand V, sans atteinte de la structure du récit mais sur sa narration.
C'est d'autant plus flagrant dans la dernière ligne droite (celle sujette aux reshoots) allié à un montage expéditif,où des personnages importants meurent en 1 seconde tandis que d'autres semblent se téléporter d'un point A à un point B sans réelle cohérence temporelle.
Autre conséquence : le récit n'a que très peu de temps pour se poser, et ne met pas forcément ce temps à contribution pour installer des scènes de tension.
C'est d'autant plus dommage car les Yautjas sont très bien mis à l'honneur : athlétiques, badass, des machines à tuer extrêmement efficaces.
Shane Black n'hésite pas à nous les montrer sous toutes les coutures, conscients que le public connait cette créature depuis plusieurs décennies, sans jamais la désacraliser ou la reléguer à un simple alien sous-fifre à dégommer.
Nouveau Predator oblige : l'Ultime est globalement réussi, malgré quelques plans finaux en CGI et en plein jour assez voyants (tout comme les chiens, assez inutiles au récit d'ailleurs). Imposant du haut de ses 3m et introduit de fort belle manière, il offre quand même son lot d'action efficace, gore et assez jouissif (cf une scène dans la maison des McKenna
Dôté d'un enjeu final dérisoire (la scène finale du film est d'ailleurs complètement mauvaise et donne l'impression de devoir respecter un cahier des charges), The Predator arrive à conserver l'intérêt de son intrigue via ses interactions entre personnages (une scène de motel notamment où Shane Black s'en donne à coeur joie), et la progression qui en découle malgré des enjeux simplistes, bien loin de la puissance évocatrice du film de McTiernan.
Les scènes d'action sont dans l'ensemble bonnes, souvent très généreuses et graphiques, revenant à un aspect organique des films d'action 80's et 90's (le recours à de vrais effets pyrotechniques par exemple) , sans toutefois transcender le médium, avec une mise en scène efficace qui aurait gagné parfois un peu de dynamisme (et bien sûr un meilleur montage plus aéré dans sa seconde partie).
L'OST de Henry Jackman n'a pas de fausse note, emprunte le souvent les sonorités d'Alan Silvestri, sans prodiguer de nouveaux thèmes mémorables.
En conclusion The Predator est un film d'action fun, décomplexé, doté de défauts de fabrication qui nuisent à une 2nde partie assez expédiée là où les personnages auraient pu mieux évoluer et finir sur une intrigue plus efficace au lieu d'un final en eau de boudin, mais le tout reste cependant un vrai plaisir en tant qu'actioner débridé, proposant même quelques-unes des meilleures lignes de dialogue écrites par son scénariste-réalisateur,et truffé à intervalles réguliers de trouvailles de mise en scène qui valent à elles seules le visionnage.
Si vous aimez ce genre de divertissement bien loin du lissage habituel et non désincarné, c'est un vrai plaisir, sans être le fils spirituel du film de 87 ou un volet extrêmement marquant de par ses tares de fabrication.