« Predator » est une licence culte du cinéma de science-fiction américain. Il y eu deux films, deux cross-overs marrants mais idiots avec la saga « Alien » et un mélange de remake/reboot/suite il y a sept ans avec Adrian Brody (« Predators ») efficace mais anonyme. Bref, la saga n’était pas au meilleur de sa forme quand Shane Black, acteur du premier, décida de mettre en chantier une suite aux deux premiers épisodes. Un réalisateur rare mais apprécié avec une promesse de classement R et un renouvellement en forme d’hommage à la série. Malheureusement, soit on n’attendait pas un tel résultat, soit la production houleuse a fait perdre l’essence de ce que devait être ce « The Predator », mais le produit fini est quelque peu en deça des attentes énormes placées en lui. La mythologie du personnage part dans tous les sens, le scénario est plein de trous et n’est pas la qualité première du film et on a l’impression parfois d’être dans une parodie du genre.
Mais, et c’est le plus étonnant, hormis les vingt premières minutes catastrophiques entre un prologue illisible et un scénario à la détente très laborieuse, c’est plaisant, drôle et jouissif comme une bonne série B du samedi soir. A 100 M$ certes, mais plaisante quand même ! « The Predator » prend véritablement son envol quand les différents groupes en place se rejoignent et finit par devenir, certainement involontairement, plus réussi que la précédente version, trop sérieuse et pas assez mal polie. Car ici ce qui frappe, c’est vraiment le côté ma élevé et décomplexé qu’on retrouve dans le gore et l’humour. Et ce n’est pas si souvent dans ce genre de blockbuster (on pense aux « Deadpool » pour la tonalité qui mélange les deux) que l’on peut voir des éviscérations, décapitations ou encore des personnages empalés en gros plans assortis de dialogues où la vulgarité le dispute aux bons mots qui claquent et font rire. Cette violence est tout à fait justifiée et bien mise en scène tandis que les répliques et l’humour font la plupart du temps mouche. Une liberté de ton qui détonne dans le paysage formaté des grosses productions américaines et ça fait un bien fou, on était plus habitué. On a l’impression de retrouver un bon serial des années 80/90 dont ce « Predator » semble parfois se faire l’écho.
Mais tout n’est pas parfait non plus, il faut donc modérer tout de même cette bonne surprise. Les personnages sont presque tous bêtes, méchants, vulgaires ou originaux, ce qui est assez cool mais leur psychologie est très sommaire, proche du néant, quand bien même leur comportement est jouissif. Les scènes d’action sont bien mises en boîte et les mises à mort sont vraiment la valeur ajoutée du film, fidèles à l’original, mais le montage et des effets spéciaux numériques parfois un peu cheap en atténuent la portée. En revanche, rien à redire sur les excellents maquillages de la créature et des scènes gores. Enfin, le côté frisson est quant à lui totalement absent ce qui risque de faire crier au scandale les puristes. Le fan service est cependant assuré et les scènes aberrantes et imprévisibles (dans le bon sens du terme) se succèdent à bonne cadence. On sent les problèmes de production (plein d’idées sur le monde des Prédateurs reste en suspens) mais le côté mal élevé l’emporte haut la main. Il faut prendre tout cela au second degré (les chiens extraterrestres par exemple) et ça se transforme en bon gros plaisir coupable qui fait du bien si on est d’humeur. Mais sans être sûr que c’était réellement le but de la production, des scénaristes et du réalisateur.
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