Il m'en faut beaucoup pour désirer ENCORE voir ces deux acteurs au cinéma : l'un, par ses déclarations à l'emporte-pièce, souvent border-line en regard de l'état de la société, l'autre pour son omniprésence quasi systématique, et dans des rôles parfois presque déshumanisés. Pourtant, je reconnais avoir été "cueillie" par ce film, dont le sujet, la démarche, avaient tout pour m'énerver : un voyeurisme dans lequel j'entrais à reculons, persuadée d'y retrouver deux stars en pleine auto-célébration. Mais c'était compter sans la maestria des dialogues, d'un scénario ténu, mais source de vérités humaines et transcendantes. Isabelle et Gérard se retrouvent après 30 ans de vies parallèles, convoqués par un enfant mort, qui a choisi la nuit. Comment ne pas ?... Oui, on y pense, mais ces deux-là sont d'une justesse et d'une profondeur qui balaie toute obscénité, ils nous donnent une. sincérité comme jamais, sur un sujet si universel, qui nous renvoie au mystère et à la douloureuse fragilité parentale. Au final, cela devient, non pas un numéro, mais une ascèse de l'amour dans laquelle ces deux grandes âmes parviennent à nous traduire. Un exercice plus humble qu'il n'y paraît, au service de l'universel, oui, magistralement abouti par des acteurs transparents. Huppert, plus humaine que jamais, est bouleversante de sensibilité, Depardieu, vulnérable et désarmé, incarne le réalisme de l'amour. Il fallait ces deux-là ensemble pour nous donner tout ça, grâce à la proposition de Guillaume Nicloux. Leurs enfants peuvent en être fiers !!