Vallée de la Mort, été 2015, soleil de plomb, chaleur accablante.
Isabelle et Gérard se retrouvent au Ranch, l’un des deux seuls hôtels que compte l’emblématique Death Valley, suite à la lettre adressée par leur fils, Michael, 6 mois après son suicide.
Les retrouvailles en ce lieu improbable se veulent fugaces mais l’émotion, présente. Divorcés depuis plusieurs années, nos anciens compères ont chacun tracé leur chemin. Abordant une allure posée mais marqués par les coups que la vie est capable de porter, parfois avec acharnement, et dont elle seule à ses raisons.
Le motif de leurs retrouvailles est connu. Leur fils défin leur a donné rendez-vous en ce lieu symbolique, pour leur dire aurevoir une dernière fois. Gérard pourtant rationnel d’esprit a malgré tout fait le voyage, à la reconnaissance d’Isabelle. Même si tous deux se refusent à envisager l’impossible, une infime partie d’eux souhaite y croire, tel est ce trait singulier nous caractérisant, nous humains, à nous refuser parfois d’accepter la réalité tel qu’elle est vraiment.
Le chemin de procession est précisément détaillé dans la lettre, l’ancien couple s’y soustrait et passe parfois de longues heures à attendre, se remémorant un passé lointin. Le temps est aux regrets. Au fil des quelques « signes » que le couple n’associe pas, rien ne se passe. Et la raison de leur présence, sûrement insensée, ici à l’autre bout du monde, devient sujet à discorde.
Alors qu’ils entament le trail de Natural Bridge et que la chaleur atteint facilement les 50°, Isabelle préfère laisser Gérard continuer seul pour se reposer un peu à l’ombre. Peu après l’impensable se produira, Gérard entendra son nom crié à plusieurs reprises, poursuivra cette voix et reviendra auprès d’Isabelle, les poignets marqués d’empreintes. S’en suivra alors une scène déchirante d’émotion, celle d’une mère courant à la recherche de son fils hélas déjà parti et à jamais. Lui, Michael, leur fils homosexuel expatrié à San Francisco, à qui personne n’avait réellement prêté d’égard, mort.
Guillaume Nicloux gère ici à merveille le rapport au réel et à la fiction, deux contradictions qui coexistent en nous. Le poids des vécus a son pesant dans l’ambiance du film et c’est la raison pour laquelle il n’a nul besoin d’ajouter de longueurs aux dialogues. Isabelle et Gérard qui portent leurs propres prénoms dans le film, sont d’une justesse magistrale, presque facile, touchante. Pour finir, le choix du cadre se prête impeccablement à la solennité du moment, le calme et la chaleur écrasante du lieu, pesants sur l’atmosphère du film.