Dès son titre, qui renvoie automatiquement au classique quasi-homonyme de Samuel Fuller, et son plan d’ouverture sur une ville désertée, assimilable à un film de zombies façon 28 jours plus tard, le film de Kornel Mundruczó s’assume comme une œuvre ultra-référencée qui emmène le spectateur vers des terrains connus. Le concept des animaux se retournant, plus ou moins brutalement, contre les humains n’a rien de novateur, et dans ce sous-genre horrifique, le chien est une des figures les plus classiques. Cujo et Baxter en sont incontestablement les meilleurs exemples. De cette thématique, déjà usée jusqu’à la corde, qu’est la maltraitance puis la révolte des chiens, le réalisateur a pour intention de mettre au point une allégorie de la banalisation des violences racistes en Hongrie. Cette motivation bienveillante est rendue flagrante par la répétition à outrance du fait que seuls les batards n’ont pas droit de cité alors que les chiens de pure race sont bien traités par des agents d’une fourrière représentant un état ouvertement néonazi. Un manque de subtilité symbolique que l’on retrouve dans l’écriture du scénario, la direction d’acteur et le tournage, tous terriblement bâclé. Alors que White God s’annonce comme une version canine des Oiseaux d’Hitchcock, voire de La planète des singes, Les origines, son récit repose presque intégralement sur les errances d’une gamine malheureuse (incarnée par une Zsófia Psotta fade du début à la fin) et sur les brutalités subies par son chien perdu. Le tout est filmé avec une qualité déplorable et est construit avec un rythme d’une monotonie particulièrement fastidieuse. Ce mélange de tonalité, à la fois candide et faussement trash, rend cette histoire bancale et dérisoire. Quand vient enfin, dans la dernière demi-heure, la fameuse révolte des molosses, tant attendue mais aussi improbable que mal amenée, c’est finalement là que le film devient le plus grotesque. Les scènes de déferlement et les tueries de la meute de chiens vengeurs étant elles aussi filmées avec si peu de conviction qu’elles en perdent tout leur potentiel horrifique pour devenir négligeables, voire parfaitement risibles, et s’achever sur un plan de fin encore une fois trop mal mis en scène pour en exploiter le pouvoir métaphorique. Définitivement, seul le travail des dresseurs est louable dans cette fable animalière qui, malgré ses bonnes intentions militantes, est un échec cinématographique total.