« White god » est un film tout à la fois étonnant, agaçant et captivant. Etonnant par le sujet et sa mise en forme retenue pour le traiter. Des les premières scènes on pense au « Dresser pour tuer » de Samuel Fuller. Ce n’est pas innocent puisque le titre ici est l’anagramme de ce film de 1982 (« White dog »). On y retrouve ce lien indéfectible, au risque de tous les dangers, entre l’humain et le chien sans que l’on puisse réellement le définir. Certains plans se juxtaposent également. Mais Mundruczo se fait plus virtuose au niveau mise en scène en faisant passer son sujet de simple film noir à une espèce de fable métaphysique d’anticipation autant que métaphorique, même si sur ce choix, il y a beaucoup à dire. Reste une direction animale extraordinaire renforcée par un montage de haute voltige. Par son niveau réaliste et la crédibilité des images, il y a de quoi être bluffé. Les scènes de poursuite, la meute, les combats sont saisissants. Ce qui vient par contre plomber un peu ce « White god », c’est le manque d’unité narrative. Une première demi-heure dans le genre « Lassie » est délaissée, puis un enchainement féroce à la Fuller (justement), violence et nervosité à l’appui et enfin, le règlement de compte à OK pénal où sonne le glas de la vengeance (la partie la plus aboutie, quoique contestable). Ce découpage, particulier, nous interroge. Certes on comprend la parabole (simpliste) sur l’exclusion (la traque, la concentration de l’espèce derrière des grilles, la révolte, la solidarité…) mais au final, on a un peu l’impression d’être pris en otage face à la prouesse du traitement irréprochable de l’histoire au détriment d’un hypothétique fond, sorte de prétexte à justifier le tout. Et si tout cela n’était qu’un exercice de style formel ? La fin venant un peu abonder dans ce sens… Et quelque part, à force de s’interroger, on perd un peu de l’intérêt pour le film au point que c’en est agaçant. Seulement voilà, on ne peut occulter la tension quasi permanente qui nous saisit, la beauté technique qui titille et fait s’extasier l’œil, notre empathie envers Hagen et sa meute… Mundruczo, se révèle être avec ce film un réalisateur en devenir et son « White god » par son originalité, son mystère et sa maitrise est une œuvre captivante.