Combien de misère, souffrance et torture les chiens nous doivent-ils ? Pourchassés, battus, trahis, asservis, exploités, affamés, abandonnés, affamés, castrés, enfermés, dressés, blessés, crevés, rendus fous ou abrutis au combat, expérimentés en laboratoire, encagés et euthanasiés en fourrière, et j’en passe.
Un échantillon de ces horreurs nous est montré dans le destin cruel et poignant d’un brave chien bâtard, dans une grande ville européenne surréaliste où le poids social et le prix de leur détention incite les hommes à les abandonner au profit du culte des chiens pure race, élaborant par là une véritable armée de sdf canidés. Aimé par sa jeune maitresse mais jeté dehors par le père de celle-ci, il passera par une succession de mains infiniment pires, apprenant, se métamorphosant, et fédérant ses pairs en une terrifiante et jouissive version canine des Oiseaux d’Hitchcock.
Cette claque qui tranche l’innocence, enseigne une formidable leçon d’empathie et de responsabilité peut être qualifiée de géniale parce qu’elle interpelle depuis différents prismes. L’aventure, à la fois belle, sentimentale, abjecte, violente et légitime ; Le fantastique, par son dénouement extravagant, poétique, horrible et émouvant ; La critique sociétale, acerbe dans la fabrication organisée des rebuts d’une société s’accumulant fatalement en une bombe à retardement ; La jeunesse, enfin juste les enfants adultes amateurs de contes inquiétants à la Frères Grimm, avec d’ailleurs un sacré clin d'œil au Joueur de flûte de Hamelin.