On ne boudait pas notre plaisir de retrouver le sympathique Ant-Man et son univers à taille variable après un premier épisode amusant. Évidemment, si Edgar Wright n'avait pas quitté en cours de route le précédent, le résultat aurait été sans doute bien meilleur (et peut-être pas qu'un simple copier-coller du premier "Iron Man" au niveau de la construction de l'intrigue) mais, en l'état, le long-métrage qui couplait le film de casse à celui du super-héros avait été un interlude divertissant après un "Avengers 2" boursouflé d'enjeux dramatiques grâce à la spécificité des pouvoirs de ce héros peu commun et du casting auquel on s'attachait instantanément (Paul Rudd en tête bien sûr). Mieux, l'intervention géante dans tous les sens du terme d'Ant-Man dans la fameuse bataille de "Civil War" achevait notre envie de le revoir vivre ses propres aventures, aidé cette fois de la Guêpe (Evangeline Lilly) comme une scène post-générique nous l'avait teasé.
"Ant-Man et la Guêpe" déboule donc dans des conditions à peu près similaires et même encore plus difficiles que son prédécesseur dans la saga Marvel. En effet, après le climax ultime de tout ce que vers quoi le MCU s'est dirigé depuis ses débuts avec l'arrivée de Thanos sur Terre, ce second opus a une nouvelle fois pour mission d'être une pause légère et drôle au milieu d'évènements tragiques vécus par l'ensemble de ses confrères super-héros.
Problème, si on savait que "Ant-Man et la Guêpe" ne serait pas à prendre avec le plus grand sérieux du monde, on espérait néanmoins un spectacle fun et solide à la hauteur de son potentiel, pas de se retrouver face à un des Marvel les plus insignifiants et fainéants que l'on ait vu jusque-là.
On reste scié devant le fait qu'il y ait fallu pas moins de cinq scénaristes (dont Paul Rudd, côté vannes, on l'imagine aisément) pour pondre une intrigue aussi banale ! En fait, "Ant-Man et la Guêpe" ne fait même pas l'effort nécessaire pour être une vraie suite indépendante et innovante. Bien, au contraire, le film apparaît plus comme un appendice étiré du premier, une excroissance qui se contente de prendre comme fil rouge un point non résolu de l'histoire de l'original (la disparition de la mère de Hope van Dyne et femme de Hank Pym) pour y accoler tout un tas d'éléments qui ne servent au final à rien sinon allonger la durée du long-métrage sur près de deux heures pour coller aux standards Marvel. On se retrouve ainsi avec une super-vilaine Ghost (réécrite par rapport aux comics) qui n'apparaît jamais comme une figure réellement menaçante de par sa condition, un Bill Foster (Laurence Fishburne) qui ne semble là que pour faire un clin d'oeil en mentionnant Goliath, un trafiquant de hautes technologies (Walton Goggins) absolument inutile (un ennemi très mineur d'Iron Man dans les comics d'ailleurs), même Michael Peňa et ses compères (qui héritent pourtant d'une des scènes les plus hilarantes du film) si drôles et nécessaires dans le premier opus sont reliés de manière très lointaine au coeur de l'intrigue avant de la rejoindre au forceps in fine, c'est dire !
Encore pire, là où les scènes d'action auraient pu faire un minimum illusion d'un bon divertissement d'action, aucune d'entre elles ne parvient à atteindre la qualité de celles du premier film. De plus, elles apparaissent elles aussi comme des voies de facilité pour étendre superficiellement cette suite et tout ce qu'elles contenaient d'à peu près amusant a déjà été dévoilé avec les bandes-annonces (et, comme l'action se passe à San Francisco, attendez-vous forcément à une poursuite obligatoire dans les rues à la "Bullit" en guise de bouquet final).
En fait, on pourrait résumer simplement "Ant-Man et la Guêpe" à une grande chasse au labo de Hank Pym où seule la recherche de Janet van Dyne maintiendrait notre intérêt. Alors, oui, bien entendu, tout le casting a toujours cet énorme capital-sympathie qui nous fait avaler beaucoup de couleuvres (mention spéciale aux scènes de famille entre Paul Rudd et sa fille très attachante), la Guêpe est probablement un des personnages féminins les plus réussis du MCU (un coup de chapeau à Evangeline Lilly), il y a aussi de très bonnes vannes (pour un ratio d'environ 1 réussie sur 5 tentatives) et quelques séquences font bien sûr leur job spectaculaire à base d'agrandissements/rétrécissements, la première scène post-générique très réussie (quoique attendue) titille notre intérêt et le tout file à la vitesse de l'éclair sans qu'on s'y ennuie mais, au final, on aura rarement vu un Marvel aussi faiblard, ne faisant absolument aucun véritable effort pour rester un tant soit peu dans les mémoires et chercher à donner des lettres de noblesse à son super-héros qui le mérite pourtant tellement. À croire qu'au vu du petit score du premier film au box-office, Marvel ne misait déjà plus sur le potentiel de son Ant-Man en délivrant le strict minimum pour cette suite. Vraiment dommage pour lui, ses compagnons de route et surtout pour nous...