Comme toute promo insistante, et devant tant d'éloges, Xavier Dolan a fait débat, mais le talent fascine ou agace. Alors il a ses détracteurs et puis ceux qui crient au génie. Moi je suis juste content que le 7e art se renouvelle, et on ne peut pas dire que Dolan n'a pas de talent, au contraire ! C'est le premier film que je découvre parmi ses six long-métrages, et je n'ai pas été déçu.. Je voudrais d'abord parler du format dans lequel est tourné "Mommy", ce format carré (plus précisément un format carré 1:1) emprunté de la photographie, qui apporte un renouveau au cinéma et apporte vraiment un plus ! C'est comme une fenêtre intime dans laquelle on se plonge, tel un voyeur passionné par une histoire qui le dépasse, une histoire qui nous rappel le charme des Polaroids, des scènes de vie encadrées par des barres noires qui me faisaient penser à des rideaux de théâtre, car pour moi les protagonistes étaient aussi vivants que des comédiens jouant en live sur une scène de théâtre.
Pour résumer toutes ces métaphores, le format carré 1:1 rend le film plus vivant, surtout qu'il y a pas mal de transition fondu en images et en son ! Excellente idée en tout cas. On ne dirait peut être pas comme ça, mais le film est drôle ! Finement drôle pour être précis, c'est de l'humour intime. Il y a une vraie connexion entre les personnages, et c'est ce qui amplifie les moments "humoristiques", c'est pas lourdingue et gratuit comme dans énormément de films, ça fait naturel, pas calculé, et je remercie Dolan pour ne pas nous avoir pris pour des cons. Les insultes en québécois (mi québécois, mi anglais) c'est quand même quelque chose ! Tabernacle (ou Tabarnak ?) ! La mise en scène ? Elle est excellente ! Encore une fois on pourra dire ce que l'on veut de Dolan, mais pas qu'il n'ai pas exceptionnellement doué pour le peu de films qu'il a réalisé. Je dis pour le peu de films pour ne pas dire "pour son âge" comme on entend partout, car je n'aime pas cette phrase "Il est brillant pour son âge", moi à cette phrase je réplique par une citation de Corneille qui est un peu mon mantra : "Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années".
C'est une montée "d'adrénaline" crescendo que nous sert Dolan, la première partie est plus centrée sur l'humour et l'installation de cette nouvelle relation entre une mère seule et routinière, et son fils sorti d'un centre spécialisé. Une relation explosive et attendrissante !
La deuxième partie inclue un autre personnage, en l'occurrence la voisine Kyla, qui viendra comme un troisième membre titiller le duo soudé. Une deuxième partie envoûtante d'ailleurs. Une histoire bouleversante, sur trois personnages magnifiques. Ces personnages sont sublimés dans des scènes d'une réalité criante, comme la scène du Karaoké, sans spoiler, j'en ai eu des frissons, un embouteillage de sentiments, on ressent des émotions différentes à chaque secondes, des gros plans, des effets sonores en bruits de fond et tant autres procédés de réalisations en sont à l'origine. C'est dure de détailler mon ressenti sans dévoiler trop d'informations, car cette scène est majeure pour moi.
Une autre scène dans un autre style cette fois, un moment ou les 3 personnages ce lâchent sur une compil de musique, emporté par une danse enjouée de Steve. L'association de la musique et du plan d'ensemble se marient merveilleusement bien !
Il y a de nombreuses autres scènes sur lesquelles on peut s'attarder.. Mais celles-ci je vous laisserait les découvrir !
En parlant de musique la B.O est juste formidable, c'est rare de tilter sur la bo d'un film, ici Dolan nous envoi du Céline Dion, Lana Del Rey, Oasis etc. Et savoir caler une musique sur une scène ça parait simple comme ça, mais c'est un travail d'orfèvre que X.D a réalisé, le mariage des deux est soigné pour notre plus grand plaisir. Quoi de mieux pour finir que de parler des acteurs ? Le casting est parfait, je ne connaissais aucun des comédiens (bien qu'ayant déjà vu le jeune Antoine-Olivier Pilon dans un clip d'Indochine, "College boy", réalisé par Xavier Dola d'ailleurs), et je suis heureux de les connaître ! Celui qui m'a le plus bluffé c'est Antoine-Olivier Pilon dans le rôle de l'ado victime de TDAH, Woaah ! Anne Dorval est toute aussi bonne, et vu que je n'avais jamais entendu parlé d'elle j'ai regardé sa filmographie. Elle n'a pas une filmo énorme, et est plus connue pour ses rôles dans des mini-séries québécoises, donc normal qu'elle ne soit pas connue, surtout en France, mais pourquoi, vu son talent, ne lui a t-on pas proposée des rôles intéressants avant !? Même constat pour Suzanne Clément, excepté ses rôles dans les films de Dolan quoi. Juste un petit mot pour la toute fin du film ? La meilleure fin de l'année (j'ai pas vu tout les films de cette année 2014, mais quand même !), incontestablement.
En bref, c'est un bijou. Pour une fois qu'une grosse promo est justifiée, il ne faut pas réfléchir. Dolan maîtrise son sujet, les acteurs (!), la B.O (!), la mise en scène (!), tout ça transcende l'histoire de nos trois protagonistes, des personnages plus humains que jamais.
Mommy, où la petite fenêtre d'un film culte.