A fuir!
Sauf si vous avez envie de voir, pendant deux heures trente, deux tarés hystériques se hurler dessus, se taper dessus, se pisser dessus (oui oui), s'injurier de façon ordurière, tenter de s'étrangler.... sous l'œil attendri d'une tierce personne dont on ne comprendra jamais ce qu'elle fait là.
Pourtant ce film plait! Va comprendre.... Tiens, au Figaro et Figaro magazine, z'ont rien vu de mieux depuis l'invention de la roue. Va comprendre....
Le pire, c'est que ce n'est pas un navet. Car Xavier Dolan est un surdoué de la caméra, un virtuose du filmage. Il cadre, il filme de près (surtout), de loin (parfois) avec une aisance déconcertante. Mais pour quel résultat.... Il y a quelque temps, je vous avais parlé de Tom à la ferme, brillante variation sur un scénario inexistant, avec des personnages aux motivations incompréhensibles, mais brillant quand même. Ici, ma première impression se confirme. Xavier Dolan est tellement obsédé par l'envie d'épater le bourgeois, de choquer le bourgeois, de faire parler de lui qu'il oublie de faire ce qu'il sait faire: du cinéma.
Ca aurait pu être l'histoire d'un drôle de couple sado-masochiste. Le fils, la mère. Steve (excellent Antoine-Olivier Pilon) vient d'être renvoyé de son internat. Il avait juste essayé d'y mettre le feu, brûlant gravement au passage l'un de ses camarades. Brave petit. C'est de ces enfants hyper-actifs qu'en Amérique du Nord on gave de Ritaline, mais un cas suffisamment grave pour que la Ritaline n'y suffise pas.... (de toutes façons, il ne veut pas prendre ses médicaments) Il retourne donc chez Diane, sa mère (Anne Dorval, excellente aussi). A quarante ans, Anne porte des minis ras-de-la-culotte sur des boots à plate-formes démesurées, des bagues clinquantes sur des doigts au vernis immonde, elle a un tatouage sur l'épaule, son vocabulaire est ordurier, elle a tout de suite l'insulte à la bouche, et vous vous dites qu'avoir une mère comme ça, ça doit pas arranger les problèmes du gamin.... Et c'est là que je dis que (comme pour Tom d'ailleurs), on est passé à côté du film, car ce couple fusionnel mère /fils est un couple malade dont on aurait aimé mieux comprendre le fonctionnement. Depuis son veuvage, Diane n'a pas eu d'hommes; Steve n'a manifestement jamais regardé une fille de son âge mais il a pour sa mère l'œil d'un amoureux. Couple très malade, donc... mais, au fond, si proche...
Voilà qu'au duo vient s'agréger la voisine d'en face, Kyla (Suzanne Clément). Professeur de collège, elle ne travaille plus depuis deux ans et ne peut plus parler qu'en bégayant. Elle a dû vivre un drame, sûrement, mais on n'en saura pas plus, même si une scène fugitive nous le laisse deviner. Pourquoi délaisse t-elle sa jolie petite fille, son mari infiniment compréhensif, pour devenir la meilleure (et seule d'ailleurs) amie de Diane? Tenter de scolariser Steve? Que fait elle avec ces deux dégénérés incultes? Franchement, on n'y croit pas une minute. Cette amitié sonne tout aussi faux que le reste...
Les scènes finales sont purement grotesques. Elles voudraient faire pleurer, elles donnent envie de rire.
Pour terminer, un autre ratage monumental, c'est le sous-titrage. Ben oui, le joual parlé, c'est totalement incompréhensible et il fallait donc mettre des sous titres. Mais au lieu de laisser ce langage populaire et pittoresque dans son jus, on l'a complètement réécrit! remplaçant, un exemple parmi mille autres, "mon gars" par "mon gosse" et "tabernacle" par "putain". Qu'est ce qu'on y gagne, hein! Et juste, le seul mot qu'il eût fallu changer, ils l'ont gardé! Il s'agit de mongol. Ben non, en France, on ne se permet pas de traite de "mongol" un débile mental. C'est irrespectueux et même insultant.
Fuyons!