Auréolé du Prix du Jury à Cannes et encensé par la critique, le dernier Dolan s’affichait directement comme étant le film à voir de ce mois d’octobre.
« Mommy », véritable bouffée d’air frais autant visuel que conceptuel, caractérise les différentes couches d’une société s’enfermant systématiquement dans un quotidien générationnel. Dolan propose ici trois personnages qui sont chacun prisonniers de leur passé et qui blessés, vont se reconstruire. Humanisant et aspirant l’iconisation de ses personnages, le petit prodige québécois insuffle sa vision de la réalité sans jamais idéaliser ou déparer ses propos. Dolan édifie son trio sans jamais les juger, les enfermant dans un cycle d’identification permanant, à la recherche d’une autosuffisance fantasmée car inaccessible. Prônant le réel plutôt que le fictionnel, le jeune réalisateur québécois offre des scènes d’une profondeur et d’une émotion aussi vérace que bluffant. Au niveau de la réalisation, on retrouve la pâte Dolan, esthétiquement irréprochable quoiqu’un peu rébarbative à certains moments, son côté contemplatif qui lui est souvent reproché est ici plus nuancé. On ressent à travers sa mise en scène une forme de maturité, arrivant à contrôler de manière moins exagérée son visuel, tout en se lâchant à certains moments, proposant des images et des cadrages sublimes. J’ai par contre une petite réserve sur l’utilisation du format 1 : 1 qui malgré sa faculté à immiscer et concilier le spectateur avec l’univers du film, aurait pu être évitable, à mon sens injustifié. L’utilisation de la musique est très importante dans la filmographie de Dolan. Une nouvelle fois, elle occupe un rôle majeur dans « Mommy ». Elle exprime à la fois la mélancolie, la détresse des personnages, mais aussi leur force, cette union qui leur permet d’avancer ensemble est de goûter à cette vie qui ne semblait pas leur être destinée. La musique extra-diégétique particulièrement présente dans le film crée une atmosphère proprement électrique révélant chez Dolan une mélomanie prononcée et particulièrement inspirée. Côté acteur, Dolan sait écrire des rôles de femmes, et le prouve une nouvelle fois en offrant à Anne Dorval un rôle de mère hallucinant. Antoine-Olivier Pillon est quant à lui, incontestablement une révélation, démontrant une brutalité et une sensibilité déconcertante.
En conclusion, Xavier Dolan signe une nouvelle fois une petite perle cinématographique, bouleversante et pleine d’émotions, un peu trop longuet à mon goût. Sans crier au génie, « Mommy » s’avère être incontestablement l’un des meilleurs films de cette année, et ce à seulement 25 ans. Chapeau l’artiste !!!