C’est l’histoire de 2 copains qui ont beaucoup regardé "Mission Impossible". Pas la franchise avec Tom Cruise, non, le vrai, l’original : la série de Bruce Geller. – Eh, tu te souviens quand Martin Landau ou Léonard Nimoy préparaient leur confiture de latex ? - Ah oui, trop bien ! Quelques coups de pinceaux, la bonne perruque et hop, ils pouvaient se glisser dans la peau de qui ils voulaient, le méchant dictateur, son homme de main ou l’opposant politique qu’il fallait exfiltrer. – T’imagines, si au lieu de faire ça pour les services secrets, pour sauver l’Amérique ou le reste du monde, un type faisait ça pour lui, juste pour lui ? – Ah, trop coool ! Le type il ferait ça par curiosité ou par ennui, pour vivre un instant la vie des autres. – C’est exactement ça : un mec sans histoires qui emprunte celle des autres. – Comme un hobby, un petit jeu inoffensif. – Ouais, quelques moments volés et puis, à chaque fois, le mec revient à sa vie triste et morne. – Sauf qu’un jour, non, un jour il peut pas revenir : Il a croisé des gens dont la vie et le bonheur dépendent de lui. – Ah ouais, comme une mission ! Il a une mission et il l’accepte. Et on fait fumer la cabine téléphonique ! – Non, le mec il fait tout ça de chez lui. Il habite un pavillon de banlieue. – Eh ben, il fait péter son pavillon. On pourrait même commencer par ça !... C’est donc l’histoire de 2 copains qui ont beaucoup regardé Mission Impossible mais n’ont peut-être pas vu "Arsène Lupin". Pas le film calamiteux de Jean-Paul Salomé, non, la série télévisée. Feuilleton enjoué et bon enfant qu’il fallait suivre avec un minimum d’indulgence : On reconnaissait toujours Georges Descrières sous les masques successifs de Lupin !... Pardon pour ce petit sketch introductif, cette digression qu’on pourra trouver dispendable, mais c’est là pour moi le seul problème d’ "Un illustre Inconnu", la sacrée surprise que nous ont concocté Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, son complice en écriture. Mathieu Kassovitz y est vraiment formidable, mais son visage est si fort, si caractéristique, que malgré toutes les prouesses de l’équipe maquillage, c’est toujours lui sous le déguisement. Pire, c’était déjà lui avant la substitution. Reste la performance de l’acteur, scotchant de bout en bout. On pense évidemment à "Un héros très discret", lorsque Sébastien Nicolas, son personnage essaie de se mettre en bouche les petites phrases, les tics verbaux de sa prochaine "victime". "Un illustre inconnu" est un peu la version noire, poisseuse, désespérée, du film de Jacques Audiard. A la fois thrilleur et film psychologique, avec une mécanique scénaristique qui devrait inspirer outre-atlantique quelques envies de remake, ce deuxième long, si ambitieux et troublant, ne convainc pas tout à fait. Et c’est dommage.