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    Winter Sleep
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    3,8
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    239 critiques spectateurs

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    benoitG80
    benoitG80

    3 319 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 11 août 2014
    "Winter Sleep" dernière palme d'or, de Nuri Bilge Ceylan est-il le chef-d'œuvre attendu ?
    Plongé dans une extraordinaire Cappadoce de l'Anatolie, on se trouve de suite confronté à des paysages époustouflants que la caméra du réalisateur sublime au plus haut point... La neige, les habitations troglodytes, la roche des paysages, un lapin traqué ou un cheval déchaîné, tout est fascinant et étonnant de beauté sous l'œil expert du cinéaste turc !
    Et au milieu, gravitent ces trois personnages dont les regards sont également magnifiés par une lumière, un cadrage, tout aussi merveilleux comme pour mieux percer les esprits et les secrets de chacun...
    Car c'est bien cette intention qui nous tiendra en éveil à travers ce comédien à la retraite (et non un acteur, dit-il !), sa jeune épouse de plus en plus esseulée et sa sœur hébergée et mal remise d'une récente séparation.
    Chacun de ces trois protagonistes sera étudié sous l'œil du microscope tant au niveau des échanges, des réactions, des changements d'attitude à travers des dialogues où souvent une simple question va enchaîner un rebondissement de situations, des propos pas très tendres et une mise au point révélatrice d'un malaise ambiant bien palpable...
    Aydin à ce titre, est magnifiquement interprété par Haluk Bilginer; son personnage complexe apparaît ainsi sous des jours différents pour être ni franchement bon, ni franchement mauvais...
    À vouloir l'étudier d'aussi près, le réalisateur finit paradoxalement par le cerner de moins en moins bien et le spectateur aussi par la même occasion !
    Qui est-il réellement au bout du compte ?
    Un homme déçu par sa carrière où tout n'est qu'apparence, qui semble humain et à l'écoute sans l'être du tout finalement, se donnant une raison d'être dans l'écriture ? Une illusion pour lui-même ?
    Sa sœur réglera ses comptes avec lui au cours d'une discussion assez cruelle d'ailleurs mais aussi curieusement un peu artificielle...
    Quant à l'épouse, la distance se crée, l'indifférence que son mari lui procure s'installe, ce qui reste intéressant mais cela aurait eu encore plus de sens, de force et aurait donc eu toute sa justification dans un vieux couple où chacun s'éloigne par le poids des ans !
    De ce fait, malgré quelques scènes magistrales et fortes, tout ne fonctionne donc pas aussi bien qu'on aurait pu l'espérer comme en particulier les rôles féminins qui semblent ainsi moins pertinents...
    Il n'empêche que l'idée générale est excellente et que les questions soulevées sur la dignité, le sens de la vie, le rapport à autrui,... résonnent de plein fouet à travers cette introspection des âmes.
    On passe donc assez près de la grande réussite mais cette longue étude de caractères est quelquefois trop appuyée, trop fabriquée et manque ainsi de naturel, de vérité, pour être véritablement fluide et évidente en nous emportant complètement !
    Loin d'être le film choc pour ces différentes raisons, c'est le rôle masculin, qui se justifie essentiellement ici, par ses sentiments, ses revirements, son assurance, son égoïsme voire son arrogance et à la fois ses propres questionnements qui sont finalement aussi les nôtres !
    Inspiré d'une œuvre de Tchekhov, ce beau film intelligent mais imparfait est à mon sens assez loin du cinéma de Bergman évoqué par beaucoup...
    alain-92
    alain-92

    305 abonnés 1 078 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 6 août 2014
    Certes, le film dure plus de trois heures.

    Pour celles et ceux qui aiment le grand et beau cinéma, cette longueur ne sera en rien gênante. C'est l'un des points forts du film qui permet de pénétrer au plus profond des états d'âme de chacun des protagonistes. Pas seulement en simple spectateur, mais presque comme acteur. Tout est parfait. Parfaitement maitrisé, écrit, filmé, interprété. Un rien théâtral. Dans ce monde, comme dans le nôtre chacun tentera de trouver sa place.

    Nuri Bilge Ceylan, réalise un film, rare, fort, d'une extrême finesse et magnifique de bout en bout.

    Inutile de chercher des mots qui n'arriveront pas à traduire le ressenti devant la sublime photographie et cette façon toute particulière de filmer les visages et les regards. Il y a aussi les paysages magnifiques et envoûtants de cette région de Cappadoce. Le cadre est propice à certaines scènes qui m'ont particulièrement marqué. Un cimetière, un lapin abattu au cours d'une partie de chasse, des villages perdus, mais plus que tout une séquence avec un cheval sauvage.

    Le scénario est magnifiquement construit. Les dialogues, très bavards obligent à une attention permanente, avec la lecture des sous-titres, pour tous ceux qui ne possèdent pas la langue turque. Ils nous renvoient bien souvent face à nos propres failles et reflètent l'exacte photographie de notre monde actuel. Ce simple fait, peut déranger, ou enrichir.

    Le film met en avant un incroyable trio d'acteurs. L'ensemble du casting est tout aussi parfait. Chaque rôle, aussi court soit-il, apporte un plus supplémentaire à une intrigue qui ne finit pas de s'enrichir.

    Winter Sleep et sa Palme d'or largement méritée est un film à voir. Un grand moment de cinéma qui s'offre à vous.
    pierre72
    pierre72

    126 abonnés 367 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 août 2014
    Les obstacles qui empêchent de se rendre au cinéma voir la dernière palme d'or du festival de Cannes sont nombreux. L'idée de s'enfermer plus de trois heures, un jour de beau temps, dans une salle climatisée à fond comme pour mieux nous faire ressentir l'hiver glacial du film, nous faisant louper soit une après-midi de farniente soit une soirée d'été agréable entre amis amènent à penser que les distributeurs de ce film jouent un coup de poker. Et si quand on rajoute un sujet très psy et un label "Cannes" synonyme quand même d'élitisme, le pari de cette sortie estivale n'est pas gagné !Ayant trouvé un créneau convenable pour déguster le nouvel opus de Mr Ceylan, je suis ressorti, il faut bien le dire satisfait et la tête pleine d'images et de questions. Tout d"abord, je n'ai pas du tout eu l'impression que le film durait 3h16. Je ne dis pas par contre que le spectateur habitué à voir Spiderman ne sortira pas avant la fin ou ne trouvera pas que cela dure une éternité, car "Winter sleep" est quand même un film qui en impose par sa lenteur au service d'un propos de haute volée. Mais chapeau au réalisateur /scénariste pour nous intéresser, nous captiver durant tout ce temps avec un enfant aux yeux froids, un hôtelier retiré du monde, sa femme qui joue les dames patronnesse, sa belle soeur désoeuvrée et un imam obséquieux. A la beauté incroyable des plans extérieurs se rajoutent une maîtrise imparable pour capter de longues séquences de dialogues en intérieur. Malgré l'éloignement géographique et culturel de ces personnages, le propos est infiniment universel. Je défie quiconque ayant un tant soit peu de sensibilité de ne pas se sentir concerné, se reconnaître un tout petit dans ces escarmouches intimes, résultat d'une longue macération de multiplesrancoeurs que ces hommes et ces femmes ont retenu depuis bien longtemps semble-t-il. Certes cela reste du cinéma bourgeois, à la mode Bergman, guère novateur, mais l'écriture tout en finesse, la maîtrise parfaite du cadre et une imparable envie de forcer le spectateur à s'interroger, à faire résonner en lui toutes ces interrogations philosophiques ou métaphysiques, font que l'on ressort la tête emplie de questions et les yeux encore éblouis par la beauté de certains plans. Un peu plus sur le blog
    trineor
    trineor

    172 abonnés 33 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 8 février 2015
    Le film a certainement de la justesse, même une certaine élégance à la mise en scène... qu'il emploie à ne rien raconter. Péniblement l'on assiste à une succession interminable de dialogues, prenant le parti du réalisme jusqu'à l'insignifiance : conversations de voisinage et autres disputes de famille se tiennent à l'écran entre des protagonistes d'une confondante médiocrité - sans inspiration, sans intelligence, sans caractère, sans rien... restituant seulement - à s'y méprendre, et avec un goût consacré de l'ennui - l'inanité du quotidien. Le film n'est même pas lent, seulement long. S'il avait au moins osé la lenteur, peut-être aurait-il pris la peine de débusquer quelque chose de beau à montrer. Tels ce premier plan du matin froid et silencieux sur lequel s'ouvre le film ou son dernier encore, auquel il doit son attirante affiche - deux seuls plans du métrage qui soient authentiquement beaux, mais l'un et l'autre coupés précipitamment. Cette précipitation d'ailleurs surprend quand l'on sait la picturalité et le lyrisme dont le réalisateur avait empreint les images de son "Il était une fois en Anatolie". De façon générale, rien ici ne se contemple. Les choix à la mise en scène semblent l'interdire. Le symptôme le plus flagrant de cette privation de beauté infligée au spectateur reste sans doute l'utilisation navrante faite plus de trois heures durant de la vingtième sonate de Schubert : taillée à la hache, ressassée répétitivement, sur des images quelconques n'en méritant aucunement la force tragique. Pas une fois, malgré sa longueur, malgré le dévolu jeté sur cet andantino comme seule et unique illustration musicale, le film ne prend la peine de passer le morceau en entier. Même au générique, il demeure amputé. Entendre la musique sublime d'un homme qui sentait sourdre la maladie, la fatalité et la mort, ainsi dévoyée et abîmée pour faire trame de fond aux regards vitreux de personnages se vautrant dans leur spleen, ça pourrait presque si l'on aime Schubert susciter quelque chose comme de la colère. Mais de la colère, au moins, ç'eût détonné un peu sur ces trois interminables heures de grisaille morne et de dépression sans échappée vers aucune espèce de grâce.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    2 813 abonnés 3 958 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 août 2014
    Bon je dois dire que je n'étais pas enchanté de voir Ceylan gagner la palme d'or, j'avais juste vu Trois Singes et j'avais pas aimé du tout. C'était trop mis en scène, trop artificiel pour moi et du coup j'avais volontairement zappé Il était une fois en Anatolie.

    Cependant zapper la palme d'or, j'aurai eu du mal, j'étais trop curieux et finalement j'ai bien fait, parce que malgré la durée, le sujet, la nationalité (le tout faisait vraiment caricature de film d'auteur chiant comme la pluie) c'est un vrai bon film et si je n'ai pas adoré, j'ai beaucoup aimé.

    Alors certes (je commence par les défauts), c'est toujours un peu artificiel dans la composition des plans et ça ne sert pas forcément le film, je pense à cette scène où l'Imam vient s'accouder à la voiture pour une discussion et le plan est vraiment sublime, on voit le type dans la voiture parler et dans le rétro l'Imam causer, on a le champ et le contre-champ dans le même plan, génial. Cependant je trouve que ça ne va pas avec la teneur de la discussion, quelque chose de plus simple aurait été tout aussi efficace et plus juste, plus vrai. Quelque chose qui ne rappelle pas que c'est du cinéma.

    Mais c'est juste 2 ou 3 plans dans le film, donc finalement ça passe plutôt bien. Et puis plus que la mise en scène ce qui est intéressant là c'est la vivacité du montage qui permet de faire passer ces longs échanges qui n'en finissent pas comme une lettre à la poste. Parce que j'adore les séquences qui s'étirent et là c'est le cas. On a de longues discussions, tantôt triviales, tantôt profondes et il se dit à chaque fois des choses intéressantes.

    Ce que j'ai aimé c'était vraiment le fait que malgré le fait que ça soit un peu austère, c'est un film chaleureux, le genre de film qui se regarde comme on regarde la neige tomber bien au chaud sous sa couette avec un thé et des gâteaux au miel. C'est pas un film à voir au cinéma, c'est un film à voir sur sur canapé, avec une couverture et une boisson chaude lors d'une nuit d'hiver.

    Je pense que la photo y est pour beaucoup dans cette impression de chaleur, la couleur des pulls, l'ambiance des pièces, mais aussi l'ambiance sonore avec le feu qui crépite sur chaque plan. Quelque part cet hôtel est rassurant. Et puis lorsque l'on sort on a ces paysages qui sont d'une beauté à couper le souffle.

    Il y a un moment où le personnage principal dit que son hôtel se mérite, et il a raison. Un paysage de la sorte ça se mérite. Ainsi le dernier plan du film se mérite également, il faut voir les 3h16 pour voir ce sublime plan final.

    Ce qui rend également le film passionnant c'est les personnages que j'ai trouvé très intéressants parce que pas unilatéraux, ici pas de manichéisme, tout le monde en prend pour son grade… et j'ai trouvé que le perso principal me ressemblait, du moins il dit des choses qui me parlent, que j'ai déjà pu penser et on lui reproche des choses que j'aime bien (étrange de dire ça). Du coup je me suis un peu identifié à ce type.

    Je ne sais pas si ce film méritait la palme (j'ai préféré le Dardenne et le Godard (entre autres)), mais c'est un beau film et ça m'a fait un bien fou de voir ça. Je veux dire que ça change de ce que j'ai l'habitude de voir (disons que je préfère voir du Rohmer qui n'en fait pas trop avec la mise en scène plutôt qu'un réal qui en fait des caisses et qui se met à filmer la tapisseries juste parce que ça lui fout la gaule) et c'était pas si mal.

    De toute façon le rythme du film fait qu'il est impossible de se faire chier et la construction des personnages fait le reste.
    mem94mem
    mem94mem

    95 abonnés 557 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 5 août 2014
    Nuri Bilge Ceylan nous emmène une nouvelle fois en Anatolie, dans un village de troglodytes. Une pierre lancée provoque le dérèglement complet de la vie d'une petite famille bourgeoise, rentière et sans enfant, par la remise en cause personnelle de chacun. Le réalisateur nous inflige des dialogues, enfin plutôt des joutes verbales philosophiques, à la Bergman, interminables, qui donnent l'impression de prendre tout le temps au film et que les excellentes digressions des scènes du cheval, des scènes chez le locataire ou des scènes sur les touristes de l'hôtel ne sauraient estomper. La longueur de ces scènes de dialogue est insupportable, il faut une concentration de magicien pour suivre les sous-titres de ces scènes pendant plus de trois heures. Pour le reste, l'aisance du réalisateur est manifeste, nombreux effets de miroir dans la mise en scène, images magnifiques, avec deux fois la caméra qui se glisse au dessus d'un mur pour mieux donner l'effet de spectacle, éclairage superbe lors d'une scène autour du feu (comme dans "Il était une fois en Anatolie" avec les bougies), musique récurrente de la 20ème sonate pour piano de Schubert. En outre, le film est assez facilement abordable, car il est explicite et provoque donc le doux plaisir de la sensation de tout comprendre.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 10 septembre 2014
    A l’heure de la retraite, Aydin s’est retiré dans un site troglodyte somptueux, dans les entrailles rocheuses de Cappadoce. Il y tient l’hôtel Othello qui rappelle son passé de comédien. Même à la veille de l’hiver, le lieu est fréquenté par quelques touristes aventureux. L’endroit est aussi parfait pour écrire. Que ce soit une histoire du théâtre turc ou un édito dans la gazette locale pour déplorer la perte des valeurs esthétiques en Anatolie.
    Pour assurer ses vieux jours, Aydin dispose en outre de quelques rentes mobilières. Il vit entouré de personnel, de sa jeune et jolie femme et de sa sœur venue chercher l’apaisement après un divorce douloureux. La culture et l’aisance de l’intellectuel impressionnent. Son art de la rhétorique lui permet de retourner les situations à son avantage. Et lui évite toute remise en cause. Mais si Aydin règne sur sa petite communauté en patriarche apparemment incontesté, la sérénité des lieux n’est qu’apparente…
    Des locataires insolvables vivent mal une saisie d’huissier. S’estimant tenue en servitude, sa femme Nihal croit retrouver de l’autonomie dans une association caritative. « J’ai perdu toutes mes belles années en luttant contre toi », lui assène-t-elle. Quant à Necla, la sœur amère, elle n’a de cesse de dénoncer les contradictions entre ses idées généreuses et son comportement égoïste. Cela vaut deux longs face à face d’une extrême cruauté psychologique qui renvoient immanquablement à Bergman. Le paisible Aydin serait-il finalement « insupportable, cynique et arrogant » ?
    C’est un film absolument magnifique qui a été primé à Cannes. Peinture d’une extrême acuité d’une structure sociale dont les membres « n’ont pas appris à être heureux ». Mais tout ne se passe pas que dans un huis clos pesant, à la lumière douce des lampes. Les scènes d’extérieur, notamment avec les chevaux sauvages, sont aussi très fortes. On sort tout engourdi de ce sommeil d’hiver, glacial et lumineux. Non, trois heures et quart, ce n’est pas long !
    De smet M.
    De smet M.

    10 abonnés 44 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 9 septembre 2014
    Alors que l'issue de "Winter Sleep" est proche, l'un des personnages, passablement éméché, prononce cette phrase sentencieuse : "Est-ce la vie ou une mauvaise pièce ?" Ni l'un ni l'autre, juste un mauvais film, un long cauchemar blanc se déroulant dans cet hôtel d'Anatolie. La pesante vanité qui se dégage de l'ensemble est tout bonnement ahurissante, et insupportable. Jamais le temps au cinéma n'aura passé aussi lentement que pendant cette vaste et complaisante entreprise de pure destruction [...]

    Suite et fin de la critique sur le blog de Pours-Culture.

    Pours-Cinéphilie.
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    225 abonnés 1 598 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 7 août 2014
    Nuri Bilge Ceylan est un cinéaste ambitieux, un metteur en scène inspiré, un dialoguiste brillant (même si ses films, jusque-là, étaient peu bavards). C'est un homme intelligent et cultivé. Un esthète aussi. Cela ne fait aucun doute. Et Winter Sleep le prouve. Le récit est à la fois intimiste et ample, navigue entre drame psychologique et drame social, noue et dénoue des relations conjugales, des relations entre frère et soeur, toutes sortes de rapports amour/haine, dominant/dominé. Autour des thématiques du vide existentiel, des sentiments tourmentés, du pouvoir de l'argent, Ceylan fait s'entrechoquer égoïsme et générosité, courage et lâcheté, dignité et indignité, parle de foi, de religion, de morale, de conscience, épingle les prétentions humaines, les arrogances, les condescendances, avive les illusions et les désillusions, les frustrations, les culpabilités, les humiliations... Tout cela exprimé en un long fleuve de dialogues absolument bergmaniens, une longue série de règlements de comptes de plus en plus cinglants et cassants au fur et à mesure du film. Ceylan s'est inspiré de plusieurs nouvelles de Tchekhov et convoque aussi Dostoïevski, Shakespeare... dans le décor à la fois insolite et magnifique de la Cappadoce, superbement photographié. Voilà qui donne une Palme d'or dans la pure tradition d'un grand cinéma qui se considère comme tel et qui présente tous les défauts de ses qualités. Le talent sombre malheureusement dans la démesure : 3 h 15 de dialogues certes affûtés mais fastidieux sur la durée, qui n'évitent pas les lourdeurs analytiques. L'ambition confine à la prétention. Tout en critiquant une forme d'intelligence donneuse de leçons, Ceylan finit par en donner lui-même. Et il est franchement difficile de voir dans la nature du film ce que Télérama appelle un regard "constamment éclairé par la bienveillance" (Pierre Murat). On peut y voir au contraire un mépris suintant de toutes parts, à tous égards : le mépris que se vouent les personnages entre eux, le mépris que voue l'auteur à ses personnages, riches ou pauvres, maîtres ou larbins... Humainement, on peut trouver que ce déploiement d'intelligence méprisante est aussi assommant que déplaisant.
    Daniel C.
    Daniel C.

    132 abonnés 715 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 août 2014
    Je suis d'accord avec le jury cannois, ce film est un chef d'oeuvre. Les images sont splendides et inhabituelles. Cette langue turque est aussi déstabilisante. L'interrogation sur les rapports humains est magnifiquement traitée. Ce qui fonde un couple et le fait tenir ou pas est aussi longuement interrogée. Longuement, dans le sens où cela traverse le film, pas parce qu'il y aurait des longueurs. C'est vrai qu'on ne s'ennuie pas durant les 3h15 durant lesquels cette histoire se déroule sur l'écran. Les acteurs et actrices sont magnifiques. Ce n'est pas un film "prise de tête", même si ce qui se dit déborde d'intelligence.Bravo à cette équipe, bravo à ce réalisateur et bravo au jury du festival, qui lui a attribué la palme d'or!!
    Julien D
    Julien D

    1 108 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 août 2014
    Comme souvent chez Nuri Bilge Ceylan, la place donnée aux magnifiques paysages de sa Turquie natale permet à un scénario austère d’être compensé par une qualité esthétique époustouflante. Pour la première fois le réaliste a décidé de filmer, dans Winter Sleep, les plaines enneigées des steppes d’Anatolie, car il considère que le peu de vie propre au climat hivernal est davantage propice à une certaine introspection. Et justement, la trame générale de son nouveau film, faite de longues conversations, peut évidemment sembler rigoriste mais la qualité d’écriture de ces dialogues, qui relèvent d’ailleurs plus souvent de la joute verbale que du réel échange cordial, permet à ce long-métrage de près de deux cent minutes d’être captivant et de n’être jamais trop long pour tout amateur de grand cinéma. Certaines scènes, en intérieur comme en extérieur, dont la résipiscence au cimetière ou la visite finale chez le locataire, sont d’une beauté visuelle et d’une intensité dramatique à couper le souffle mais, dans sa globalité, c’est avant tout le contenu philosophique des discours tenus par les personnages qui restera ancré dans la mémoire des spectateurs. La critique faite du confort, matériel comme culturel, du personnage principal (incarné par Haluk Bilginer, dans le meilleur rôle de sa carrière internationale) n’a rien d’un propos populiste ou démagogique mais soulève réellement des questions profondes sur le bien-fondé de la générosité envers les plus pauvres, sur la transmission intellectuelle ou encore sur les limites morales du droit de propriété. Ce splendide film de dialogue profite donc d’une photographie qui magnifie autant la froideur naturelle que la chaleur du feu de bois, mais aussi d’une plume digne d’un des meilleurs auteurs que le 7ème ait su nous apporter depuis longtemps, et c’est en cela que Winter Sleep a mérité sa Palme d’Or.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 22 septembre 2014
    Sortir d'une séance de plus de 3h à regret, avec le sentiment d'en avoir été arraché trop tôt, est incontestablement le signe d'une oeuvre magistrale. C'est ce qui m'est arrivé en allant voir WINTER SLEEP qui est définitivement un grand et beau film, prenant et envoûtant.
    La beauté des paysages de Cappadoce et le rythme de la langue, si étrangers à nos sens, ont bien sûr leur part dans notre dépaysement et notre fascination, mais ce serait réduire considérablement le film que de n'envisager sa réussite que sous cet angle de l'exotisme, un peu comme de juger de la qualité d'un cadeau sur la brillance de son papier d'emballage. Car, justement, et c'est bien cela qui est extraordinaire, ce film qui met à nu les âmes de trois personnages dont les préoccupations et mentalités sont si lointaines des nôtres a, en même temps, une portée universelle. En cela, nous sommes plus qu'impliqués : nous sommes touchés dans notre être profond.
    L'analyse des relations humaines entre Aydin, comédien à la retraite qui tient un petit hôtel, sa soeur encore traumatisée par son divorce et sa jeune et jolie épouse malheureuse est d'une grande finesse psychologique, soutenue par des dialogues que l'on sent très travaillés, au bon sens du terme. Si la neige de l'hiver contraint les hommes à rester enfermés chez eux, à se frotter les uns aux autres, elle révèle aussi douloureusement les non-dits et les blessures intimes. Chacun apparaît tel qu'on ne le soupçonnait pas. Surtout, qui est cet homme, qui, c'est vrai, détient un pouvoir sur les autres du fait se son argent ? mérite-t-il vraiment ce flot d'accusations dont sa soeur l'accable brusquement, lui crachant soudain la rancoeur qu'elle semble ne plus pouvoir retenir (remarquable la scène où elle parle alors qu'il lui tourne le dos)? est-il vraiment si égoïste et arrogant que sa jeune épouse veut bien le dire ? Ou n'est-il pas plutôt la victime de diatribes injustes (mon avis personnel) ?
    Quoi qu'il en soit, WINTER SLEEP laisse le spectateur avec une tristesse infinie et le sentiment que la faculté d'être heureux est un luxe qui n'est pas donné à tous.
    Une Palme d'or bien méritée !
    tixou0
    tixou0

    633 abonnés 1 970 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 mars 2015
    La morale, la conscience, la générosité, le pardon... Les vrais, cependant. La moraline, la bien-pensance, l'aumône ritualisée et dédouanante, le pseudo oubli : des ersatz, des trompe-l'oeil, de la tartuferie... "Défense et Illustration" avec ce "Winter Sleep", du Turc, enfin palmé, Nuri Bilge Ceylan. Sous la neige, la nature sommeille, mais les hommes sont, eux, toujours en éveil, prêts pour, au mieux, la controverse, le plus souvent, les combats mesquins, la malveillance, la rancoeur et la jalousie, la haine même.... Le metteur en scène, qui est aussi le scénariste, avec son épouse Ebru (et encore le monteur et la producteur !) a su, en fin lettré et grand admirateur de l'écrivain, transposer l'univers tchékhovien de la Russie de la fin de l'époque tsariste à l'Anatolie contemporaine (spectaculaire Cappadoce, avec habitat si particulier). Scènes de la vie de campagne (le héros a hérité terres et maisons, patrimoine géré avec l'aide de son régisseur, Hidayet), scènes de la vie conjugale et familiale (Aydin, ex-comédien vieillissant, tient un petit hôtel à flanc de colline - pas d'enfants, mais une jeune épouse mélancolique, Nihal, et une soeur fantasque, Necla, qui se remet mal de son récent divorce)... Les dialogues sont passionnants, les interprètes parfaits, les prises de vue superbes et les 3 h 16 fort loin d'un pensum, qui passent comme un éclair, au fil de "disputes" d'un excellent niveau intellectuel. Mais la fin paraît quand même un peu rapide (eh oui..) et "plaquée", sans véritable soubassement, sur l'édifice général du film.. Moins élaboré aussi, moins captivant (globalement) que "Il était une fois en Anatolie"..
    cinono1
    cinono1

    255 abonnés 1 987 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 23 août 2014
    On dira pas que c'est mauvais tant les dialogues peuvent être de qualité et la capacité du réalisateur à instaurer le tempo est patente, mais bon 3H15 pour nous dire que la vie est insatisfaisante,la belle affaire...Pauvre homme riche, la vie est statique autour de lui, alors les rapports de forces s'installent. Lui, son top modèle de femme et sa soeur pensent, figurez-vous et quand ils agissent, c'est plutot mal. Un film dont le message finalement est que l'enfer étant pavé de bonnes intentions, au.tant ne rien faire. Mouais. En tous cas, j'ai de nouveau pris une leçon de clémence de la part du jury de Cannes
    Kiwi98
    Kiwi98

    243 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 6 août 2014
    Connu pour être un "cinéaste de festival" (donc traduisez chiant) Nuri Bilge Ceylan n'est pas moins un cinéaste particulièrement talentueux. Déjà récompensé à Cannes par Le Grand Prix pour Il Était Une Fois en Anatolie (2011) il marque un grand retour cette année avec Winter Sleep en obtenant la Palme d'Or venant de Jane Campion et ses acolytes. Comme bien souvent cette Palme sera remise en cause par certain comme étant un choix politique (des gens qui bien évidemment n'ont pas vu le film). Mais naturellement Winter Sleep aura beaucoup fait parler de lui notamment au niveau de sa longueur (pas moins de 3h15) qui en a intimidé plus d'un. Mais la distribution du film est quant à elle un beau suicide commercial car le film débarquera dans les salles Françaises début août en pleine chaleur estival ce qui n'est pas très bon pour la vente d'un film de ce type mais qu'importe ! Projeté en avant première à l'occasion du festival Paris Cinéma c'est sous des d'applaudissements que Winter Sleep s'est achevé au Gaumont Capucine, des applaudissement totalement mérités. Nous plongeant directement dans les magnifiques paysages de l'Anatolie le film ouvre un dialogue philosophique sur la condition humaine (la religion, la culture, les sentiments et la mentalité humaine notamment) et en gros se résume à ça. Nuri Bilge Ceylan ne compose son film que de quelques scènes toute durant au moins 15 minutes et composée uniquement de dialogues. Le tout parait long mais rapidement nous sommes plongés dans ces séquences qui demeurent sublimes. Le réalisateur Turc âgé de 55 ans filme des séquences avec une intelligence sidérante maîtrisant parfaitement les effets d'ombres ou encore de miroirs avec de sublimes plans séquences et nous fait savourer sa sublime direction d'acteur pour nous plongé dans ce semi huit-clos avec un réalisme inouï voir presque irréel un peu comme le fait Abdellatif Kechiche en nous présentant en plus de ça un monde inconnu à la beauté étourdissante. Winter Sleep marque un point dans le domaine des décors se déroulant en pleine Anatolie dans des habitats troglodytique dont l'affiche nous offre un aperçu. Nous allons donc suivre un personnage : Aydin dont les nombreux conflits avec ses proches (sa femme et sa sœur notamment) vont donner au film toute sa dimension humaine et intimiste. Le film justifie également sa lenteur à travers les mêmes arguments mettant en évidence le charisme des acteurs et les décors et en étalant au maximum ses divers messages qui ressemblent à un portrait du genre humain s'inscrivant donc dans la continuité du film Le Gout de la Cerise (Palme d'Or 1997), film Iranien également très contemplatif et The Tree of Life de Terrence Malick Palme d'Or en 2011.

    Bilan :
    "3h15 de bonheur total" dit Télérama, phrase d'ailleurs reprise sur l'affiche avec une police aussi grosse que celle du titre et finalement rien d'autre à rajouter. Une oeuvre pharaonique qui va jusqu'à nous faire penser autrement, rien que ça.
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