Excellent et magique ! En effet, ce que je trouve incroyable, c'est que les critiques sont à l'image du film.
Je m'explique : les critiques négatives sont aussi dures que Le Nôtre au début du film : il rejette Sabine de Barrat pour n'être pas assez rigoureuse : j'entends les critiques dirent que ce film n'a pas de rigueur historique, qu'on aurait aimé voir Versailles et ses beaux jardin, et pas juste cette rocaille insignifiante !
En fait, pour moi, Sabine de Barrat représente l'âme inspiratrice de Le Nôtre, son pôle féminin qui va l'inspirer lorsqu'il l'acceptera enfin.
Cette âme inspiratrice qui charme le Roi-Soleil : car c'est bien par son inspiration que Le Nôtre a charmé le Roi qui lui a confié ses jardins. Le Roi-Soleil rencontre la Reine-Lune dans un jardin de roses, loin de la cour et de ses atours, en privé, là où s'épanche l'âme.
C'est un peu comme si on allait voir en coulisse l'envers du décor des allées royales à la française, érigées dans la rigueur et la perfection pour plaire à ce Roi Soleil à son zénith : le soleil, par sa lumière met en relief tous les défauts et imperfections, mais le soleil éblouit, aveugle : il donne trop de lumière : on ne peut rester longtemps sous une telle lumière qui rend la vie dure, aussi dure que la perfection, qui n'est pas de ce monde. La rocaille (pourrait-on pousser jusqu'à entendre racaille ?) donne une ombre bienfaisante et poétique à ces jardins qui autrement sueraient l'ennui de la perfection.
C'est à cela que le film me semble rendre hommage : à la puissance d'inspiration de Le Nôtre.
Sa femme officielle représenterait alors l'obligation pour Le Nôtre de n'être qu'une prostituée étatique qui tient à garder les faveurs du Roy. C'est pourquoi, bien qu'il l'ait remarquée, il rejette au début Sabine, cette inspiration qui sait (Sabine = sapere = savoir = sab in = savoir intérieur) qui ne le rend pas conforme et menace de détruire ses plans.
C'est quand même au départ grâce à sa soumission aux désirs du Roy qu'il a sa faveur.
Il lui faut donc oser désobéir, ne pas être conforme, ajouter un zest d'originalité pour suivre sa voie intérieure et devenir génial de façon officielle : le Roy reconnait Sabine, dialogue avec elle au sujet de la rose devant la cour : approuvée, reconnue.
La lutte entre les deux femmes : enfin, c'est surtout l'officielle qui met des bâtons dans les roues de l'autre : elles représentent les tiraillements intérieur de Le Nôtre. "Suivre mon inspiration ou ce que veut le roy ?". Jusqu'à ce que l'amour pour l'inspiration intérieure triomphe.
Les critiques qui regrettent qu'on ne voit pas la vie de Le Nôtre sont comme les courtisans de la Cour : incapable de voir la vraie beauté là où elle se trouve, préférant se gargariser de leurs connaissances et de leurs jugements négatifs "allons, ce film n'est qu'une romance à l'eau de rose !", alors qu'il représente justement l'amour de la Rose de l'âme !
Retrouvez votre âme d'enfant, messieurs.
Sabine, celle qui sait, qui connait la nature humaine, demande à Le Nôtre s'il a faim. Oui, il reconnait qu'il a faim, une faim de l'âme, que la sexualité sacrée nourrit.
Le masculin dira : l'esprit de Le Nôtre est le nôtre.
Le féminin dire : la sensibilité de Sabine est La Nôtre !
Alors vive le féminin, je vois qu'il y a encore beaucoup de misogynes !