Étant fan de Cronenberg je ne pouvais passer à côté de ce "Maps to the Stars", je misais beaucoup sur lui dans le sens où j'ai été déçu de ses derniers films, disons que depuis "Les Promesses de l'ombre" en 2007 je trouve qu'il n'avance plus, il reste enfermé dans une certaine banalité, je le craignais donc autant que je ne l'espérais et au final et bien c'est encore une déconvenue.
Cronenberg dépeint le monde de Hollywood à travers une palette de personnages à la fois odieux, névrosés, vicieux et perdus, une famille qui se déchire entre un père psychothérapeute, une mère manageuse de son propre fils de 13 ans, jeune star hautaine d'un film en vogue, et de leur fille qui elle sort d'un hôpital psychiatrique avec pour ambition de gravir les échelons en commençant par être l'assistante d'une célèbre actrice hantée par le fantôme de sa mère.
L'univers est intéressant et pouvait proposer quelque chose de puissant mais en fait ça ressemble plus à une (belle) coquille vide, les enjeux sont un peu flous et la trame du film se construit par des séquences bavardes qui se suivent les unes après les autres sans réelle volonté d'élever quoi que ce soit, le degré surnaturel qui lui pouvait vraiment donner une dimension forte n'est même pas cohérent puisqu'il n'est pas développé, la suggestion est trop évasive et au final n'apporte pas grand chose.
J'ai vraiment eu l'impression de faire du sur-place pendant presque 2h, Cronenberg tente d'étoffer des thématiques œudipiennes, des faux semblants et du paraître du monde de Hollywood mais il se pose un peu trop dans la démonstration sans vraiment creuser en profondeur, mis à part le personnage de Mia Wasikowska les protagonistes semblent tous irrécupérables et à la psychologie perfide et névrosée, ça manque de nuances, c'est presque trop monocorde en surface, donc ça tourne en rond.
J'en reviens mais je n'ai pas compris les apparitions de fantômes, quel est leur rôle dans cette histoire ? Autant pour le personnage de Julianne Moore on pourrait y trouver une certaine cohérence avec son passé et la disparition de sa mère mais pour celui du jeune Evan Bird je n'en vois aucune, j'ai eu l'impression que Cronenberg voulait introduire le fantastique pour rendre son film bizarre, pourtant ça n'est pas vraiment son genre de faire les choses ainsi, pour ma part j'ai trouvé ça surfait, le spectre de la petite fille ne joue un rôle que trop obscure, il n'est ni un reflet de sa sœur ni un messager de l'au delà, juste une incarnation désuète.
Malgré tout le film a d'indéniables qualités en commençant par la mise en scène qui est d'un excellent niveau, la prestation des acteurs est parfaite avec en tête une Julianne Moore exceptionnelle, Mia Wasikowska je commence a vraiment l'adorer et la découverte du jeune Evan Bird sonne comme la possible émergence d'une future étoile montante.
On a également droit à des scènes marquantes comme celle des toilettes où Moore à dû faire fort pour jouer autant de son image, la voir sur le trône a lâcher des gaz en discutant orgasme avec Wasikowska c'est juste surréaliste, le final est également réussi car proposant une vraie et sincère dimension poétique, les vers de Éluard sonnent et résonnent une nouvelle fois comme un ultime cri de désespoir face à cette machine aux rouages qui pervertissent l'humain et ses sentiments les plus nobles, sans doute la thématique la plus utile et la plus importante du film.
"Maps to the Stars" reste tout de même décevant par rapport au standing d'un réalisateur comme Cronenberg, il signe un bon long métrage mais qui personnellement ne m'a pas entièrement convaincu, la forme est excellente mais l'écriture et le fond sont trop alambiqués, il en fait trop pour un résultat étrangement vide. Je ne pense pas revoir un jour le Cronenberg qui m'a tant enthousiasmé avec des œuvres telles que "Videodrome" ou plus récemment "History of Violence", enfin on reste loin de la catastrophe fort heureusement.