Ryan Gosling nous offre là une œuvre qu'on n'oublie pas de sitôt : très référencée chez Lynch, Refn ou encore sur le film Les Goonies (enfin, d'après ce qu'en dit Gosling, ce lien n'étant pas forcément très évident), avec des scènes sanglantes écœurantes (la femme qui se "dévisage" littéralement), ou d'une poésie rare (la rivière et les paysages urbains en contrastes) et surtout un rôle de caïd qui vole la vedette au personnage principal. Lorsqu'on entend, au début du film, la voix de Matt Smith, on se prépare à un rôle guilleret et bavard à la Doctor Who...et la surprise est de taille : rasé, nerveux, sanguinaire, presque muet (donc imprévisible) et complètement taré (cris inhumains, fixette sur la découpe faciale...), clairement, j'ai été à la fois impressionnée et effrayée. On oublie facilement les premiers rôles (fades et à l'intrigue de banqueroute classique) pour ne se rappeler que des scènes malsaines que provoque "Bully" : danse avec une grand-mère désemparée qui peut virer à la violence illogique à n'importe quel moment, caresses d'un rat du bout du doigt qui est dans la poche de bas-ventre du sweat de la jeune fille et dont Bully tranche sadiquement la tête du rat pour l'ensanglanter (vous tenez la métaphore sexuelle ? Pas très fin, mais ça fonctionne bien !)... On se rappelle également de cette fin cruelle, viscérale, qui termine cette épopée tragique dans la ville abandonnée de Détroit. Un hommage au mal-être, aux paysages miséreux qui recèlent de beauté artistique, aux métaphores bien repérables, et à la performance de Matt Smith glaçante.