Sans être une très grosse attente, ce film faisait tout de même parti de ceux qui m'intriguais le plus, comment ne pas l'être quand on a découvert une bande annonce si étrange, mais bien sur au delà d'être intrigué par le film, ce qui ne pouvait qu'attirer principalement c'est le réalisateur de ce film.
Et oui, c'est à 34 ans que l'acteur bien connu Ryan Gosling, qui a quelques grands films à son actif, tels que Blue Valentine, The Place Beyond the Pines ou encore et bien sur Drive ainsi que Only God Forgives, décide de passer cette fois ci derrière la caméra.
Présenté à Cannes l'année dernière et étant sorti il y a quelques semaines le film n'est pas un gros succès, faut dire que les gens se tournent plus facilement vers les films grands public, les films sombres, étranges et originaux font surement peur. Bien sur quand on parle de ce genre de film on pense directement à David Lynch qui est un peu le maitre dans ce domaine, aucun film étrange échappe à un rapport ou a une inspiration du papa de Twin Peaks. Personnellement je n'ai pas vraiment ressenti de Lynch dans ce film de Gosling, en revanche du Refn ou du Noé là oui, et il n'est pas incroyable que Gosling se soit inspiré d'un réalisateur et ami qu'il l'a propulsé avec "Drive", ainsi que d'un réalisateur dont il est très fan Noé.
Tellement fan que Gosling a choisi Benoît Debie pour gérer la photographie de son film, un habitué voir même un privilégié de Gaspar Noé, ainsi que Johnny Jewel à la musique, le compositeur de la BO de Bronson et qui a également participé à celle de Drive, deux films de Nicolas Winding Refn. Donc niveau technique Ryan met pas mal de chances de son coté, quand est t'il en revanche de sa réalisation et de sa mise en scène ?
Pour un premier film, je dois avouer que la maîtrise est assez bluffante, les cadres rappellent évidement ceux de Refn mais ce n'est en rien un pompage sur le travail du danois, Ryan apporte clairement sa touche, encore heureux, car nous sommes devant du Gosling et non du Refn. Pour le reste, l'univers est très sombre et pourtant bien coloré, surtout par la couleur violette que Ryan réfère à l'étrange, aux rêves, au mystique, j'ai trouvé le mariage de ces couleurs fluo puissantes et de cette ville froide, sombre et étrange impressionnant.
Pour son histoire de rivière hantée, ou plutôt son histoire de famille comme il le dit lui même, ce film est porté par une histoire de famille, et il est vrai, la mère qui tente de garder sa maison et sa famille en sécurité se retrouve à faire un travail inquiétant et morbide pour y arriver. D'un autre coté son fils Bones se retrouve confronté à celui qui terrifie et possède la ville Bully, il découvre également la présence d'une ville sous la rivière.
L'histoire n'a rien de bien compliquée et est même assez intimiste, tout comme le film, les acteurs et même figurants sont peu nombreux, les décors malgré leur grande classe son plus ou moins les mêmes, enfin j'ai du mal à m'expliquer mais j'ai trouvé le tout très intimiste voir minimaliste, et ce n'est pas plus mal, Ryan écrit et réalise le film qu'il veut sans prétention et fioriture hollywoodienne.
En parlant des décors, Gosling choisi la ville, ou plus précisément des morceaux abandonnés de la ville de Detroit, nombreux sont les habitats abandonnés, rues souillées et j'en passe, l'endroit baroque au possible était donc parfait pour placer son histoire.
Durant le film, j'essayais de me rappeler s'il avait adapter un bouquin ou s'il avait écrit le scénario et l'histoire lui même, et j'ai bien vérifié après coup et..... il est fou ce gars, écrire un truc comme ça !
Non franchement faut avoir une bonne imagination et de nombreuses références pour sortir un machin pareil, enfin je sais que ça ne veut rien dire... Lynch a imaginé bien plus fou après tout...
Pour le casting dont Gosling ne fait pas parti, il choisi principalement Christina Hendricks avec qui il avait collaboré sur Drive, les jeunes Saoirse Ronan et Iain De Caestecker, ainsi que Ben Mendelsohn ou encore le terrifiant ex doctor Matt Smith, le français Reda Kateb qu'il avait aimé dans "Un prophète", et pour finir, rien de tel que sa petite femme chérie Eva Mendes.
En bref, pour son premier film Gosling place la barre assez haute dans le genre étrange, je ne sais pas si ses prochains films seront aussi barrés et dans le même ton mais ça ne me dérangerais surement pas, la technique est impressionnante, l'univers est fascinant tout autant qu'intriguant, la bande originale qui n'est pas sans rappeler celle de Drive est sublime, l'image est superbe, les couleurs sont très bien choisie, le casting est impeccable et le scénario aussi intime qu'il soit se révèle efficace et surprenant, en gros du beau boulot.
PS: il y a une scène post-générique, courte et en rien révélatrice ou autre mais je le précise quand même pour ceux qui comme moi aime ne rien rater.