L’univers visuel de Coco est un véritable chef-d'œuvre d’imagination et de précision. Santa Cecilia, le village natal de Miguel, déborde de détails qui évoquent le charme modeste et l'authenticité des petites villes mexicaines. Les couleurs terreuses, les textures des murs patinés par le temps, et l'ambiance chaleureuse dégagent une sensation de vie vibrante et palpable.
En contraste, le Pays des Morts est une explosion de lumière et de couleurs. Ce monde fantastique, composé d’une architecture complexe et lumineuse, regorge d’éléments visuels qui émerveillent. Le pont de pétales de souci, à la fois délicat et monumental, est un triomphe artistique et technique qui illustre la transition entre les mondes des vivants et des morts. Chaque cadre est une peinture, regorgeant de détails subtils qui récompensent les spectateurs attentifs.
L’histoire de Coco transcende les frontières culturelles tout en restant profondément ancrée dans le contexte mexicain. Miguel, jeune héros passionné de musique, est le miroir de toutes les personnes qui rêvent d'échapper aux contraintes imposées par leur environnement ou leur famille. Son voyage dans le Pays des Morts n’est pas seulement une aventure visuelle, mais aussi un parcours émotionnel qui explore des thématiques universelles : l'identité, la transmission et l'importance de comprendre ses racines.
L'arc narratif est fluide, mélangeant des moments légers et drôles avec des séquences profondément touchantes. Les rebondissements, notamment la révélation autour de la véritable identité d’Ernesto de la Cruz, sont habilement intégrés, enrichissant l’histoire sans la surcharger.
Chaque personnage apporte une contribution significative à l’histoire. Miguel est un protagoniste aussi déterminé que vulnérable, un jeune garçon qui reflète les aspirations et les dilemmes de nombreux enfants face aux attentes familiales. Héctor, avec son charme maladroit et son histoire tragique, est une âme tourmentée dont la quête de rédemption est à la fois émouvante et inspirante.
Ernesto de la Cruz, en revanche, est un antagoniste intrigant. Charismatique en surface, il incarne une critique subtile des héros idolâtrés dont la réalité est souvent moins glorieuse que l’image publique. La famille Rivera, dirigée par l’intransigeante mais aimante Mamá Imelda, incarne les valeurs de résilience et d’unité. Même les personnages secondaires, comme le chien fidèle Dante ou les espiègles alebrijes, ajoutent une profondeur et une richesse à ce monde déjà foisonnant.
La musique, fil conducteur de l’histoire, est utilisée ici comme un langage universel. Les chansons, qu’elles soient festives ou mélancoliques, véhiculent des émotions brutes et profondes. Remember Me, la pièce maîtresse de la bande sonore, est une réussite absolue, modulant son interprétation pour transmettre des significations variées selon le contexte : un rappel poignant d’amour, une prière désespérée pour ne pas être oublié, ou une célébration vibrante de la vie.
La partition musicale de Michael Giacchino complète harmonieusement les chansons originales, enrichissant les moments émotionnels tout en rendant hommage à la richesse musicale de la culture mexicaine.
Le respect et l’authenticité avec lesquels Pixar aborde la tradition mexicaine du Día de Muertos sont remarquables. Les ofrendas, les pétales de souci, et les rituels qui entourent cette fête ne sont pas de simples accessoires visuels. Ils sont profondément intégrés dans l’histoire, en tant qu’éléments narratifs essentiels qui renforcent les thèmes de la mémoire et de la continuité.
La représentation de cette tradition évite soigneusement les clichés ou l’appropriation superficielle. Au contraire, elle s’appuie sur des recherches approfondies et une sensibilité culturelle qui rendent le film aussi éducatif qu’émotionnellement enrichissant.
Malgré sa maîtrise globale, Coco présente quelques longueurs dans son développement narratif. Certaines scènes dans le Pays des Morts, bien que visuellement captivantes, ralentissent légèrement le rythme du film. Par ailleurs, certains éléments comiques, bien qu’amusants, peuvent sembler superflus dans un récit qui excelle surtout dans ses moments d’émotion sincère.
Coco est bien plus qu’un simple film d’animation. C’est une lettre d’amour à une culture, une célébration des liens familiaux et un hommage à la puissance de la mémoire. Avec ses visuels somptueux, ses personnages mémorables et sa musique envoûtante, Coco parvient à toucher le cœur tout en émerveillant les sens. Ce film laisse une impression durable, à la fois pour sa beauté et pour son message profondément humain.