David O. Russel, déjà responsable du très réussi Hapiness Therapy, récidive avec American Bluff. Bluffer, c’est sûrement le terme qui s’applique le mieux. Le film démarre tranquillement pour finir sur les chapeaux de roues. Tour d’horizon.
American Bluff, librement inspiré par des faits réels, prend place dans les années soixante-dix. U
n agent du FBI,Richard DiMaso (Bradley Cooper), après avoir ferré un couple d’amants escrocs, décide de s’en servir pour faire tomber des hommes politiques pour corruption. Ces deux malfaiteurs ne sont rien d’autre qu’Amy Adams et Christian Bale, ayant joué auparavant dans Fighter, du même réalisateur. Sydney Prosser et Irving Rosenfeld forment donc ce duo, à la fois totalement timbré et fort talentueux. Ils vont accepter de collaborer avec le FBI pour coincer le maire de Camden, dans le New Jersey, Carmine Polito. Une mission semée d’embûches qui se complique lorsque la femme d’Irving, Rosalyn (Jennifer Lawrence, l’héroïne d’Hunger Games) s’en mêle.
Le film est porté par ce quatuor d’acteurs hallucinés et hallucinants.
Irving est un escroc né, dont le postiche, qu’il passe un temps précieux à mettre en place chaque matin, dénonce qu’il vit l’arnaque et l’artifice comme partie intégrante de son être. Sydney est une femme fatale dont les ressources dépassent largement son charisme. Rosalyn est une femme au foyer alcoolique et totalement délurée, parfois inquiétante, souvent risible. Enfin, Richard est un flic ambitieux et colérique.
Ce cocktail détonant donne lieu à des changements de statuts fréquents pour chaque protagoniste. Démarré en douceur, c’est cette frénésie qui s’empare d’un seul coup du film et nous happe. Dans un concert de rebondissements, et de rires. Car oui, American Bluff a la forme d’un thriller policier, mais c’est avant tout une très poilante comédie, agrémentée d’une bande-son démente.
Jennifer Lawrence, qui pète un plomb sur Live and Let Die des Wings (groupe de Paul McCartney), est une séquence qui justifie à elle-même le film.
Et au plus vieux de mes lecteurs, la chanson rappellera l’épisode éponyme de James Bond. Un autre aspect du film est l’ambivalence des personnages, et du jugement que le film nous pousse à émettre à leur égard. Le couple de faussaires de prime abord est assez négatif, ils arnaquent des pauvres mecs en bout de course en leur promettant des crédits , qu’ils n’auront jamais , pour se refaire. Mais peu à peu, lui en bon père de famille, et elle en tant que femme blessée durant l’enfance, ils acquièrent un capital sympathie important.
A contrario, le maire est un type bien, qui œuvre pour la communauté, et c’est l’action du FBI pour le corrompre qui créé un « monstre ». On est gêné par la facilité avec laquelle il va faire collusion avec la mafia italienne , mais on ne peut pas vraiment le détester, car il n’empoche rien en son nom propre.
À noter que De Niro fait une apparition remarquée en parrain de la Cosa Nostra. En parallèle, le contrôleur du fisc devient plus magouilleur que les professionnels. Sous forme de farce, American Bluff, provoque l’hilarité, tout en questionnant ce que les autorités peuvent se permettre aux frontières de la légalité.
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