Voilà qu’en voulant entrer dans la peau de Martin Scorsese, le très prometteur, à toutes les occasions, David O ’Russell se prend les pieds dans le tapis. Au sortir d’une consécration discutable aux Oscars 2013, voilà que le cinéaste s’attaque à une lourde tâche, celle de mêler arnaque, mafia, politique et glamour dans un film tel que l’on pourrait en attendre de la part des plus grands. Si j’ai au préalable parlé de Scorsese, c’est bien évidemment parce qu’ici, le célèbre cinéaste semble être le modèle créatif du metteur en scène, dans une approche Casino, les Affranchis ou encore le Loup de Wall Street, pour le coté bavard, exubérant et détaillé de la machine criminelle et financière américaine. Le réalisateur ira même jusqu’à offrir un petit rôle de boss mafieux à l’increvable icône du genre, Robert de Niro. Bref, quoique les intentions soient bonnes, David O ‘Russell se heurte à sa propre créativité, nettement réduite lorsqu’il s’agit d’offrir un film dans la lignée de quelques légendes du cinéma.
Malgré sa nomination aux Oscars 2014, American Hustle est bel et bien une déception. Non pas que le film ne soit pas bon, il l’est, en partie, mais le travail du réalisateur semble si impersonnel que l’on se demande comment doit on prendre celui-ci. Doit-on voir en American Hustle un hommage assumé, peu convainquant dans sa forme, ou un film hautain et mal mis en boîte? Je pencherais moi-même pour la première variante. Oui, David O ‘Russell n’aura pas été bon sur ce coup là simplement parce qu’il n’aura pas été lui-même. Accessoirement, avec un tel casting, il était pourtant difficile de réellement se planter. Autant Christian Bale que Bradley Cooper, autant Amy Adams que Jennifer Lawrence, en passant par Jeremy Renner, sont convaincants, voir excellents, autant dans le jeu que dans le look, la posture. Il apparaît alors très clairement que l’ensemble de ces brillants interprètes sont un peu comme des marionnettes dans un spectacle sans réel directeur. En roue libre et offrant de-ci de-là quelques éclats brillants, les acteurs et actrices n’y sont pour rien dans l’échec du film, absolument rien.
En effet, si American Hustle n’est pas le grand film attendu, la faute est imputable uniquement à son réalisateur, metteur en scène sur qui Hollywood aura sans doute trop compté après les succès critiques et financiers des successifs Fighter et Happiness Therapy. Si le O ‘Russell s’était distingué les années précédentes, c’est en étant lui-même, soit un metteur en scène indépendant, ce qui n’est pas le cas ici. Trop inspiré par ses aînés, le réalisateur manque sa mise en scène, voulant sans doute en faire trop. Le scénario, qui aurait pu être aussi passionnant que rythmé, s’avère finalement brouillon, semi-comique tant la drame semble inexistant. L’on ne croit pas une seconde à la véracité des faits, alors même que comme de coutume, une phrase vient introduire le métrage en prétextant qu’une partie des faits son réels.
Voilà donc un film qu’il est indispensable de visionner si l’on suit l’actualité du cinéma, des sorties quotidienne et des nominations diverses. American Hustle n’est pas non plus dénué d’intérêt dans le sens ou il offre de très belles interprétations, surtout de la part de Christian Bâle, reconnaissable uniquement à son faciès. Pour autant, il s’agit là d’un film qui ne fera pas date, qui sera aussi vite oublié qu’un beau petit rêve à la conclusion décevante. L’essai est manqué pour David O ‘Russell, mais l’on ne doute pas une seconde que le metteur en scène nous reviendra plus inspiré. 09/20