L'affiche prévient : le nom du film a encore été changé. American Hustle devient American Bluff et comme pour nous enfoncer un peu plus, le poster nous rappelle en dessous en petit par "le même réalisateur que...happiness therapy". Happiness therapy ? Ah Silver Linings Playbook !
J'enrage : pourquoi changer les titres originaux pour....d'autres titres anglais ? Autant faire comme les canadiens, les traduire en français. Ou peut-être -attention idée de génie- garder les titres originaux. Ce n'est qu'une suggestion hein !
Mais ne vous inquiétez pas, david o russell n'est pas un réalisateur martyr. On peut retrouver cette technique dans le film poignant States of Grace (initialement Short Term 12), Insaisissable (Now You See Me) ou le fameux Very Bad Trip...
Enfin en plus de l'affiche horripilante, la bande annonce de American Hustle n'annonçait rien d'extraordinaire. Le casting était parfait mais le tout s'annonçait ennuyeux et surtout très confus. De quoi parle au fond le film ? D'une arnaque ou d'une enquête ? Qu'est-ce que cette histoire d'amour bobo étrange entre le très bon Christian Bale et l'étonnante Lawrence ?
Si la promotion n'est donc pas très réussie, la distribution est intelligente. Tout comme l'excellent Silver Linings Playbook, le film est disponible en VO dans la plupart des grands cinémas. Un choix commerciale qui m'a convaincu -en plus du casting- à aller voir cette comédie. Et encore une fois, le style particulier de Russell m'a séduite.
Les 40 premières minutes bourrées de flash back vous plonge dans l'ambiance seventies. Russell alterne visions d'Amy Adam et de Christian Bale sans transition et on commence à avoir légèrement le tournis. Comme dans Silver Linings Playbook, le réalisateur vous met en condition. L'introduction est longue mais nécessaire. On vous gave de la vie, des émotions des deux personnages pendant 35min et vous finissez pas vous dire : "Stop, on a fait le tour ! Où va aller le film maintenant ? " Sauf que comme Cooper vous avez tout faux. Le film vient juste de commencer. Et, comme dans Silver Linings Playbook, c'est l'hilarante Jennifer Lawrence qui lance le coup d'envoi. En femme complètement cinglée, Jennifer Lawrence nous bluffe. Elle nous offre des scènes à mourir de rire avec plein de petits clins d'œil qui donnent une forme au film. Russell nous fait adorer cette femme loufoque qui amène une certaine humanité au stratège Bale.
En parallèle, Amy Adams nous semble bien vide. Amante et collègue, elle épaule Bale dans ces coups tordus. Elle a quelques scènes fortes néanmoins son personnage est moins complexe que les autres. Elle est d'ailleurs la seule à être embellie dans le film, peut-être Russell nous montre-t-il qu'elle n'est qu'un accessoire, qu'une assistante pour nous distraire du grand bluff qui se joue devant nos yeux. Le spectateur serait alors associé au pauvre flic Cooper qui essaye de tout contrôler et qui est sûr de comprendre ce qu'il se passe ? Pourquoi pas, après tout, qui pouvait prévoir une fin aussi magistrale ? N'est-on pas aussi étonné que Cooper ?
En outre, la bande son extraordinaire nous aide à entrer dans cet univers 70's. Le réalisateur par ses décors et son utilisation de la caméra semble vouloir nous hypnotiser. Les dialogues percutants sont prononcés par des personnages typiques du réalisateur. En effet, Russell nous offre encore l'histoire d'une troupe de clowns complètement ridicules. Ces clowns parfaitement creusés vont devenir particulièrement imprévisibles mais attachants. La force de Russell vient bien de son traitement des personnages et de son scénario unique. Le tout était casse-gueule pourtant il nous emporte encore une fois dans son monde déjanté où même les personnages secondaires sont travaillés.
Le film s'avère être très bon. Le moment passe comme dans un rêve. Entre les diverses intrigues que nous balancent Russell durant le film nous n'avons plus qu'à piocher pour choisir notre préférée. Les 2h18 se partagent entre intrigue policière, romance, manipulation, politique, il y en a pour tous les goûts.
American Hustle apparaît comme un bazar joyeux dans lequel le spectateur flâne entre les étalages dans un brouhaha étonnement mélodieux.