Appréhendez Kingsman, et bah c’est compliqué. Parce que le fait est qu’on ne sait pas vraiment ce qu’est Kingsman. Est-ce un film d’espionnage ? Non (ce n’est pas ce genre de films). Un film d’action bête et méchant alors ? Je serai tenté de dire oui, mais non (ce n’est pas ce genre de films). Une parodie ? Peut-être que… ouais non ce n’est pas non plus une parodie (ce n’est pas ce genre de films). Un film qui brasse habilement tous ces genres, tirant le meilleur de chacun, et mettant le tout au service d’un grand spectacle décomplexé et jouissif ? Oui… Mais en fait pas VRAIMENT non plus (ce n’est pas ce genre de… la blague n’est plus drôle).
En fait Kingsman, réalisé par ce type amoureux de l’adolescence et de tout ce qu’elle peut offrir de délires décomplexés qu’est Matthew Vaughn, est à l’image du comics qu’il adapte. En gros c’est un beau bordel scénaristique entrecoupé de scènes d’action JOUISSIVES. Et c’est donc tout logiquement que Kingsman est à la fois un chef d’œuvre du cinéma d’action, et une énorme daube bourrée de facilités et d’incohérences scénaristiques monstrueuses… Donc on fait quoi ? Et bah tu la fermes et tu profites du spectacle.
Parce qu’en étant honnête, même si je trouve à Kingsman des défauts difficilement excusables, j’ai pris un pied monumental durant ces 2h10 d’action délirante et décomplexée. Et c’est en grande partie grâce à la réalisation de Matthew Vaughn. Une fois passé le choc du scope anamorphique et de cette courte focale qui déforment constamment l’image (choix surprenant que celui d’avoir les lignes de perspectives constamment en courbe durant TOUS les plans d’intérieurs… Fisheye ?), la caméra de Matthew Vaughn est un pur bonheur pour les yeux. A la fois dynamique et maîtrisée, celle-ci voyage avec aisance au milieu d’un déluge d’action superbement chorégraphié, offrant au spectateur une réalisation à la fois esthétique et jouissive (bien que trop peu viscérale). Bref ça envoi clairement du pâté de ce côté-là.
Mais en tant qu’éternel pinailleur, je me dois de souligner les défauts scénaristiques trop présents à mon goût. J’entends par là que ce ne sont en apparence que des détails, mais dont l’accumulation finit par énerver. Je vous épargnerais les reproches stupides du style « le plan du méchant est beaucoup trop compliqué pour le résultat escompté » ou encore le classique « c’est pas crédible », qui ne sont que les résultats de la réflexion de ceux qui ne savent pas ce que le mot DÉLIRANT veut dire. Nan je m’attarderais plutôt sur le fait que leur entrainement ne correspond en rien aux capacités surhumaines qu’ils y acquièrent, que la lourdeur de certains sketchs (en particulier ceux axés sur la sexualité…) est vraiment dommageable, ou encore qu’au final bah les personnages ne vivent pas des trucs si horribles que ça… Oui il y a des morts, mais rien de VRAIMENT traumatisant, ce qui aurait été fortement apprécié, histoire qu’il y ait un peu de profondeur et d’impact aux actions des héros. Parce que si on y réfléchit 30s, ils ne sont jamais en danger. JAMAIS. Même lorsque le film essaye de nous faire croire que « si un peu quand même » et bah en fait non, c’était une simulation/un élément introduit un peu avant/un autre personnage qui vient sauver la situation. Et c’est vraiment dommage, surtout si l'on commence à le comparer au splendide Kick-Ass, du même auteur et réalisateur (souvenons-nous de la fameuse scène de l’exécution, à la fois glaçante et terriblement réaliste). Mais ce sont deux films différents et je ne commettrai pas l'erreur de juger l'un en me basant sur les critères de l'autre.
Je conclurai en disant que Kingsman est un film cool. Cependant le film en a conscience et il finit par user de ce statut juste ce qu’il faut de trop, quitte à faire passer les gags et l’action avant la cohérence et une potentielle intelligence de l’écriture bien présente dans les autres comics de Millar.
Nan mais plus sérieusement foncez-y, Kingsman c’est vraiment jouissivement cool ! Pour tout le sens que cette expression peut avoir…