Il y a quelques temps déjà, quand j'ai lu pour la deuxième fois "L'Ecume des Jours" de Boris Vian (pour dire que c'est un de mes livres préférés), je m'étais fait la remarque que si un jour on devait adapter ce magnifique livre pour le grand écran, il faudrait: un brin de folie, une imagination débordante, une créativité démesurée, une compréhension du doux surréalisme qui nourrit les pages du bouquin et un amour pour le Jazz de ces années là qui font vivre les péripéties de Colin, Chloé et les autres. Je ne voyais alors pas autre prétendant au poste de réalisateur que Michel Gondry. Dans ma tête, c'était lui ou personne! Dès lors, quand on annonça la mise en chantier du film, avec bel et bien le talentueux réalisateur précédemment cité, ce "constructeur de rêve, ce vendeur de poésie", je me léchais les babines et suivais l'affaire de prêt car il n'avait pas le droit à l'erreur! Le casting tombait et je tirais un peu la moue... Je ne m'imaginais pas les personnages au physique de Duris, Tautou, Elmaleh ou encore Omar Sy en Nicolas. Bref, pourquoi pas au final. Après une bande annonce alléchante qui vendait de l'onirisme et un respect de l'ambiance du roman, je visionnai le film, pour moi et moi seul, avec l'amour que je porte au bouquin. Enfin. Dès les premières images, le décor est planté! La patte en carton pâte, marque de fabrique, de Gondry sert les images sur lesquelles sonne la musique du Grand Duke. La créativité, tant constructive que visuelle est d'une rare originalité! Il faut dire que Vian a donné tous les ingrédients rêvés pour le cerveau de notre cher réalisateur. Les effets sont old school, fabriqués dans une sorte de système D inventif qui donne parfaitement couleurs et vie aux lieux, aux accessoires, aux personnages et à la vie du roman. Il est assez incroyable de voir dans certaines scènes et décors la similitude imaginaire que moi lecteur je m'étais faites en amont, au fil des mots: l'appartement de Colin, le Pianocktail, le meeting de Jean-Sol Partre ou encore la fabrique d'armes! Le Jazz (essence, que dis-je, La Sève du livre!) est présent, même si l'on regrette qu'il ne le soit pas plus. On pourrait dénigrer un manque d'émotion et de sentiments ambiants chez les personnages, mais quand on y repense, il en est de même dans l'oeuvre de Vian. Bref, une belle surprise. Les puristes crieront au scandale, mais quand on sait que l'adaptation de ce livre est un défi quasi impossible à relever, on ne peut que saluer le talent de Gondry qui dessert un film riche de création artistique, poétique et surtout, fidèle! Merci Michel, merci Boris!
P.S: Je pense qu'il peut être très difficile d'aborder le film sans avoir pris part au roman en amont...