C’est ça que j’aime avec les VRAIES adaptations, c’est qu’on peut les adorer sans aimer l’œuvre originale. Car oui, je l’avoue, c’est un euphémisme que de dire que je ne suis pas un grand fan du roman original de Boris Vian. Seulement voilà, entre les mains du génie plasticien qu’est Michel Gondry, c’est juste un régal. Du moins au début... Bah oui, parce que justement, pour moi, ce qui fait la véritable adaptation, c’est lorsqu'un auteur parvient à se réapproprier totalement une œuvre pour en faire la sienne. Or, sur la première heure, ça marche du tonnerre. J’adhère totalement à l’esprit Gondry, à son imagination visuelle, à son sens magistral de l’utilisation de toutes les techniques audiovisuelles qu’il a à sa disposition. En plus de ça, le film a cet avantage par rapport au livre : il parvient à apporter une densité visuelle impressionnante, ce qui donne un vrai regain de rythme par rapport à cette histoire qui – à mes yeux – n’en a pas du tout à l'origine. Seulement voilà... Alors que la première partie rayonnait à mes yeux, et que je piaillais d’impatience de voir la seconde, cette dernière fut finalement responsable de mon (presque) scepticisme. Alors je ne dis pas, il y a encore de l’invention, de cet esprit loufdingue et d'autres très bonnes idées. Mais bon... J’ai beau adhérer totalement sur le papier, je me suis un peu fait chier dans la pratique. Or, à en croire la guirlande de téléphones portables qui se sont allumés dans la salle sur la dernière demi-heure, je ne devais certainement pas être le seul à trouver le temps long. Que s’est-il passé ? Je ne sais pas trop. Sûrement Gondry fut-il victime d’une lecture un peu trop fidèle à l’œuvre, suivant un cheminement qui ne lui correspondait pas. Ou peut-être tout simplement, Gondry a souffert d’un mal que j’avais déjà identifié dans son "The We And The I" : cette incapacité à créer une dynamique porteuse pour conclure glorieusement son film. Bref, en fin de compte, et c’est presque dommage, mais une fois de plus je ressors d’un film de Gondry avec cette sensation : celle d'avoir assisté à un spectacle bougrement intéressant mais au final pas si transcendant…