"End of Watch" nous offre une belle immersion au cœur d'une patrouille de police dans l'un des quartiers les plus pouraves de Los Angeles, South Central. En collant sa caméra au plus près de l'action et des acteurs, David Ayer nous donne l'impression d'être "embedded" dans le quotidien et la relation quasi fusionnelle de ces deux flics (excellents Jake Gyllenhaal et Michael Peña, belle alchimie visible à l'écran). Belle immersion, donc, mais faux réalisme puisque dans le déroulement des évènements, "End of Watch" est bien loin du documentaire, même si le film donne un bon coup de jeune aux clichés sur les flics US (ici, on préfère boire des Red Bull plutôt que de bouffer des donuts). Arrestations musclées, fusillades, narcos, règlements de compte, contrats, trafic humain, bastons, mariage, paternité... non, vraiment, le quotidien du binôme, au niveau professionnel comme au niveau personnel, sort pas mal de l'ordinaire. Pas une fois on les voit coller un PV pour infraction au code de la route (malgré les injonctions de leur hiérarchie) ! Le film est aussi assez déroutant au niveau de la forme : en alternant les plans en found-footage avec des prises de vue plus traditionnelles, Ayer plonge le spectateur au cœur de l'action puis l'en extrait sans vraiment prévenir. Malgré tout, une fois qu'on s'est fait à ces incessants allers et retours, on apprécie la mise en scène qui procure sa bonne dose d'adrénaline. On dit ici ou là que ce film est vaguement facho. Bien sûr, nos deux lascars ont une interprétation toute personnelle de leur mission (to serve and protect... et aussi défoncer des gueules de temps en temps !). Bien sûr, la description des gangs de South Central est déterminée par l'appartenance ethnique de leurs membres (chicanos, afro-américains). Mais, après tout, si tout ça correspond à une certaine réalité, où est le fascisme là-dedans ? Non, l'aspect le plus réac du film, c'est sa fin : au niveau du scénario, comme dans tout bon film d'action qui se respecte où deux personnages sont liés par une amitié très forte, un des deux doit évidemment rester sur le carreau et là, comme par hasard, on fait crever le flic métèque et on sauve le p'tit blanc (ou alors, plus politiquement correct, on sacrifie le second rôle hispanique pour offrir le mot de la fin à la star caucasienne bankable) ! Plus hollywoodien, tu meurs !