On connaissait le talent iconoclaste de Darren Aronofsky au niveau visuel, force est de constater qu’il s’est ici transformé en scénario grotesque pourtant cosigné John Logan tant l’accumulation de clichés est un exemple du genre.
Entre le Seigneur des Anneaux et Mad Max avec un soupçon de Shining, cette vision très personnelle et écologique voire animaliste de l’histoire biblique est en outre assez mal interprétée par des acteurs et actrices pourtant réputé·es :
- Russell Crowe est d’un ridicule consommé, attestant du fait qu’il lui faut un vrai directeur d’acteur pour exprimer son talent
- Jennifer Connelly poignante par moments est injustement infériorisée
- Emma Watson demeurera hélas comme l’interprète stéréotypée d’Hermione
- Logan Lerman comme celui, fadasse, de Percy Jackson,
- Ray Winstone, pourtant charismatique rappelle furieusement un Stellan Skarsgård burlesque involontaire dans Le Roi Arthur (auquel il a par ailleurs participé en tant que Bohort)
- Anthony Hopkins, enfin, est plus proche de son rôle dans Thor que dans celui du Silence des Agneaux.
Un beau gâchis de talents aux mimiques ridicules ponctuées de dialogues imbéciles, soutenues par une musique criarde.
On pourrait arguer que cette réappropriation du mythe déluvien ouvre de nouveaux champs de réflexion sur notre humaine condition contemporaine (mythe de Prométhée/Lucifer, libre arbitre, destin), comme des tas de dramaturges ont pu le faire de mythes et mythologies diverses, d’Euripide à Camus en passant par Shakespeare et Racine. On pourrait. Malheureusement, il n’y a rien qui ici s’y développe durablement, sinon la toute-puissance du héros mâle toxique qui s’arroge droit de vie et de mort au nom d’une idéologie auto-générée et sa victimisation fidèle à l’esprit biblique. Une fois encore, Russell Crowe a besoin d’un guide pour être bon, comme a pu l’être Ridley Scott par cinq fois.
Malgré de belles images, la personnalité du réalisateur, des scénaristes et des interprètes, et un budget conséquent, force est de constater que ce film est une daube, un concentré de ce qu’il ne faut pas faire. Oserais-je dire un naufrage ?