(...) La direction artistique du film (et du comic book aussi) est assez claire : dépoussiérer le mythe, le ramener à un côté plus réaliste sans oublier d'être lyrique, proposer un nouvel angle narratif et surtout, proposer une version plus spectaculaire et plus moderne. Les costumes sont donc assez sommaires, avec un côté très terrien, peu de couleurs et très sales. Les décors sont arides, désertiques, hostiles. Les hommes ne sont pas sexy, les femmes sont légèrement barbouillés et l'ambiance est sombre. Bref, de ce point de vue, j'adhère assez au propos du film. Là où je décroche, c'est quand le film part dans son trip et qu'il n'arrive pas à assumer sa dimension mythologique. Aronofsky ne commet toutefois pas l'erreur de vouloir être scientifiquement exacte, de proposer une version "historique" du mythe et il garde aussi un côté très religieux, avec des miracles inexplicables et tout un ensemble de visions, de prémonitions, d'interprétations de signes bref, de ce point de vue, c'est bien foutu. Ensuite, il renouvelle complètement la figure mythologique de Noé en faisant du personnage un homme torturé, tourmenté, violent et loin de l'image du sympathique patriarche véhiculé par la Bible. Écartelé par sa conscience, son désir de sauver les siens et surtout d'achever le règne de l'Homme car il pense que Dieu (ou le Créateur car le nom n'est jamais prononcé autrement que sous cette dénomination) veut qu'il en soit ainsi. Noé est prêt à tous les sacrifices pour parvenir à cette issue. C'est son point de vue et je le respecte mais je pense qu'il s'égare un peu et que du coup, le film perd un peu en puissance mythologique là où il gagne en intensité dramatique. Une intensité que je considère toutefois comme factice. (...) Les acteurs ont l'air aussi un peu perdus malgré un casting de qualité avec un Russel Crowe assez intense dans certaines scènes (et puis des fois, il est complètement mou et on a l'impression qu'il est là sans être là), un Ray Winstone impressionnant en méchant, des jeunes acteurs plutôt convaincant (y compris le jeune Logan Lerman, devenu on ne sait trop comment l'espoir que le tout Hollywood s'arrache) mais il y aussi une Jennifer Connelly au rôle totalement effacé mis à part une poignée de scènes plus ce bon vieux Anthony Hopkins qui cabotine joyeusement dans le rôle de Mathusalem. Au niveau de la mise en scène, Aronofsky nous offre certains plans d'une beauté à couper le souffle, avec des lumières magnifiques et des décors sublimés mais il est aussi capable de nous planter des séquences d'action molles et sans imagination. La musique du fidèle Clint Mansell est elle aussi très belle et arrive à sauver quelques séquences. (...) la critique complète ici