Le film a surtout un intérêt historique car traitant du mal-être des jeunes, plus particulièrement des « gosses » de la classe moyenne, roulant en voiture et allant à l’université (en Californie). Ils sont face à des adultes aliénés, velléitaires, démissionnaires et ne les écoutant pas : ce sont des jeunes incompris mais oisifs et acceptant le modèle machiste de la bande, avec un mâle alpha dominant qui brime le plus faible, qualifié de poule mouillée (chicken). Déjà, on voit la masculinité toxique qui règle ses problèmes par la violence, les défis idiots (course de voitures en haut d’une falaise) et les armes à feu (comme la police d’ailleurs), typique de la société américaine. Le sujet est évoqué, de façon plus réaliste, la même année (1955), dans « Graine de violence » (« Blackboard jungle ») de Richard Brooks (1912-1992). « West Side Story » (1961) de Jerome Robbins et Robert Wise, bien que comédie musicale, a un contenu plus social : les 2 bandes de jeunes qui s’affrontent, sont issues de milieux pauvres : les Jets, Américains d’origine polonaise et les Sharks (immigrés d’origine portoricaine). Avec le recul, le film reste surestimé, essentiellement en raison de la présence de James Dean, mort à 24 ans, qui n’a tourné que 3 films, celui-ci s’intercalant entre « A l’est d’Eden » (1955) d’Elia Kazan et « Géant » (1956) de Georges Stevens, sorti à titre posthume, l’acteur étant mort dans un accident automobile juste après le tournage du film de Nicholas Ray et un mois avant sa sortie. Les 2 autres protagonistes, Natalie Wood (17 ans), jouant Judy et Sal Mineo (16 ans), jouant Platon, auront aussi des destins tragiques, la première se noyant à 43 ans et le second étant poignardé à 37 ans par un vagabond. Le titre français est un peu excessif, moins fidèle à l’esprit du film que le titre original.