Brian de Palma, c'est un peu carrément ma came; pour l'instant, aucun des films sortis à sa bonne période ( je précise, parce qu'après les années 2000, on s'est quand même mangé cette daube de Femme Fatale, sûrement ma critique avec le ratio le plus négatif, sur SC ) ne m'a encore déçu. Pas même ce Snake Eyes, que j'avais depuis deux ans sur mon disque dur, et qui m'attendait patiemment. Y'a pas si longtemps, je l'ai enfin vu. Verdict. C'est du grand, du très grand De Palma. La bonne époque, quoi. Sa mise en scène envoie du lourd, de la classe absolue. C'est tout en talent pur, tout en maîtrise resplendissante, allant parfois jusqu'à même faire penser à l'ancêtre Hitchcock, dont De Palma est un aficionados convaincu. Cela, on le ressent dans certains plans, qui rappellent clairement des oeuvres du nom de Psychose, à tout hasard. Bourré de plans séquences qu'en jette du patté sur le pauvre campagnard, Snake Eyes impression de par son esthétique soignée, crédible et profondément atypique. Franchement unique, le film se caractérise notamment grâce à ses plans à la première personne amenant le spectateur au centre de l'action, et rendant une immersion toute jouissive et débordante dans une oeuvre qui n'en finit plus de surprendre. Armé d'acteurs tous mieux choisis les uns que les autres ( notamment d'un Nicolas Cage au sommet de sa carrière, donnant la réplique à un Gary Sinise bourré de charisme et de talent ), le film se démarque surtout sur son personnage principal, authentique salaud quoi qu'au demeurant fortement attachant. Un flic ripoux qui doit enquêter sur pareil meurtre, c'est assez jouissif et propice aux meilleurs dilemmes. Seulement, l'écriture est à déplorer. A mon sens, elle demeure imparfaite. Certes, le film demeure abouti, et ce malgré ses défauts tout de même importants, mais il lui manque ce petit quelque chose qui faisait de Pulsions le chef-d'oeuvre qu'il est, cette maîtrise complète de l'oeuvre, qui se traduit ici par un besoin de mieux travailler une écriture un poil casse-gueule. Non pas que le déroulement de l'enquête soit mal foutu, ce sont surtout les rebondissements qui s'enclenchent mal, soit par des situations et des éléments mal amenés ou exploités, ou même par un simple défaut de prévisibilité. D'un côté, le film manque de prise de risque, d'une réelle originalité dans son déroulement. En somme, c'est assez banal et franchement commun, comme enquête; surtout quand tu vois le flash-back qui arrange le film au niveau du tempo, tant il paraît impossible que la scène du meurtre fut aussi courte, la première fois que le spectateur la verra. Un détail complexe à expliquer, mais que l'on retrouve dans nombre d'autres métrages du genre, et qui pourri complètement l'expérience. Et c'est dommage, parce que le film possédait une réelle patte artistique; De Palma, une nouvelle fois, nous livrait un festival de son savoir-faire si particulier, de toutes les particularités de son art. De même que les acteurs étaient extrêmement convaincants ( encore que Cage tombe souvent dans un surjeu délirant; en même temps, nul ne change équipe qui gagne ), l'écriture ne suit pas le reste du métrage. Comme quoi, l'esthétique seule ne suffit pas à faire un chef-d'oeuvre, cela même si le résultat final reste de très bonne facture.