Alors qu'il assiste à un match de boxe, Rick Santoro, un policier ripoux, est témoin du meurtre d'un politicien, pourtant sous la protection de l'un de ses amis. En voulant fouiller, il va déterrer des choses qui le dépassent... Dès les premières minutes de "Snake Eyes", on comprend que l'on a pas affaire à un thriller lambda, mais à du Brian De Palma en forme, avec ce long plan-séquence assez dingue, faisant déambuler le protagoniste dans les couloirs du stade, et présentant les personnages clés de l'intrigue. Ironiquement, le plan en question est "truqué" (on distingue quelques coupures de transition), ce qui véhicule justement le message du film : le pouvoir trompeur de l'image, et la perception qui peut radicalement changer à travers les différents de point de vue. Un thématique qui sera reprise avec une mise en scène assez inventive, typique de De Palma : splits screens, scènes un vue subjective, plan aérien, doubles focales, jeux d'ombres, etc. Mais "Snake Eyes" n'est pas seulement maîtrisé sur la forme. Le scénario, assez intelligent, rend le film très intriguant, et propose des personnages intéressants, dont Nicolas Cage, très à l'aise en policier m'as-tu-vu exubérant. Par ailleurs, il aborde la question de la reconstruction (peut-on écarter facilement un passé sordide pour se construire, même avec de bons arguments, un futur tout propre ?), et place d'ailleurs l'action à Atlantic City, ville historiquement rongée par les arrivées des casinos. A signaler également, une BO de Ryuichi Sakamoto que n'aurait pas renié Bernard Herrman, qui fait office de touche hitchockienne. Bref, du thriller de très bonne tenue.