Lisa Azuelos, aidée pour le scénario par Orlando, a globalement réussi à transmettre une certaine atmosphère et à construire une histoire cohérente. Nonobstant, des choix discutables et une direction d'actrice et d'acteurs sensiblement perfectible en minimisent l'impact émotionnel. D'aucuns ont méprisé ce genre de film, comme expression racoleuse d'une culture populaire ringarde. Certes, l'esprit feuilletonnesque à dominance sentimentale n'est pas propre à servir une œuvre pleinement cinématographique. Toutefois, un tel dédain est injustifié. Sveva Alviti, à qui on laisse le bénéfice de sa fraîcheur de comédienne non expérimentée, campe une Yolanda/Dalida relativement crédible mais dont l'illusion reste fragile. Cela vaut aussi pour les autres personnages, dont on peine à retrouver l'âme qui a existé, faute d'un travail correct sur le rendu de leur véritable caractère. L'illusion esthétique ne suffit pas. Dans certains moments dramatiques, on peut percevoir Sveva Alviti en manque d'inspiration; l'expression s'avère parfois faible, surtout dans les moments forts. Sa voix n'est guère au diapason: celle de la comédienne étant plutôt fluette, il manque une certaine enveloppe, une tonalité de velours... Enfin, les gestes manquent d'énergie et d'assurance; par exemple, la dernière chorégraphie jure par son artefact. On peut donc regretter un manque de temps de préparation pour l'actrice et une réalisation qui morcèle les scènes, hache l'ensemble de manière maladroite au lieu de rendre l'aspect suffisamment classe et sublime. A trop taper dans le biopic «tragédie romantique à sensation», on se permet de zapper pas mal de réalités. Rien sur le havre de paix de sa villa corse, construite au début des années 1970. Rien sur la période 1981-1985, dans sa dimension politique et douloureuse, à part le énième suicide de son ex-amant; en l’occurrence son rendu est erroné puisque le «Richard St-Germain» s'était suicidé aux côtés de sa nouvelle compagne et non seul. Malgré toutes les ellipses et évitements plus ou moins forcés ou contestables, le casting tient tout de même la route. On finit par se dire que c'est plutôt bon... L'effet fragmentant de la réalisation et la nature balayeuse du scénario rejoignent malgré tout le principal travers du genre, soit prétendre vouloir tout dire et tout montrer d'une vie en 2h avec exploitation des crises et des sentiments... au détriment d'un point de vue différent, réfléchi et d'un traitement plus intérieur que superficiel du personnage. Ce défaut d'angle d'approche semble nuire à l'exercice du rendu des âmes réelles, et les passages clipesques sont là pour compenser. Au moins, une certaine illusion fonctionne.