Auteur d'un très bon premier film de SF, District 9, le cinéaste sud-africain Neill Blomkamp a manifestement laissé son originalité et son sens de l'allégorie sociopolitique au vestiaire avant de franchir les portes d'Hollywwod. Le scénario de son second long-métrage repose sur une opposition basique entre les riches et les pauvres, entre deux univers malheureusement peu développés. Une nouvelle lutte des classes qui n'est qu'un prétexte pour asseoir un banal sentiment d'injustice. Sur ce canevas ont été greffés quelques éléments non moins banals ou "faciles" : un héros qui lutte pour sa survie, une petite fille malade, un amour de jeunesse impossible, une méchante très inhumaine, des robots brutaux et un fantasme de machine qui soigne tous les problèmes physiques en deux secondes. Le récit jongle alors, avec des raccourcis logiques parfois déconcertants, entre une inspiration d'anticipation de bazar, un sentimentalisme à la louche (la bouille attendrissante de la petite fille, les flash-back gnangnans sur l'enfance de Max) et des combats bourrins sans saveur particulière. La BO, ronflante et fatigante, ne parvient pas à cacher le manque cruel de profondeur du film, en matière d'idées ou d'émotions. Et l'interprétation, hétéroclite, n'arrange rien : un Matt Damon étonnamment insipide, une Jodie Foster pète-sec en fasciste de l'espace, relookée façon Christine Lagarde, un Sharlto Copley cabotin et un insupportable Wagner Moura, en surchauffe absolue. On ne retiendra donc pas grand-chose de cette grosse entreprise formatée et sans réel intérêt, si ce n'est l'envie de payer un aller simple à Neill Blomkamp pour qu'il retourne faire des films en Afrique du Sud.