La prise de vue et l'interprétation de Di Caprio, tout comme celle des autres acteurs sont remarquables; Mais ce film a fini par me lassé rapidement, en raison de ses incohérences. Alors le jeu des acteurs et la beauté des paysages n'a plus alors suffit à soutenir l'ensemble !
Un grand effort à été fait sur les costumes, la représentation de la dureté de l'existence en ces lieux situés sur la frontière, le grand mythe américain. Mais fâcheusement le metteur en scène a cédé à la facilité, en rendant impossible l'identification du spectateur au héros, en se coupant de toute vraisemblance.
C'est un péché qui remonte aux temps anciens. Dans les westerns des années 50, la vraie histoire était déjà caricaturée. Les cow boys avaient des bons sentiments, face aux méchants et aux indiens. Leurs jeans semblaient toujours impeccablement repassés, et leur chevelure impeccablement peignée. La nature ne servait que de faire valoir. Les blessures mortelles, étaient éludées de façon symbolique. Ce n'est pas le cas ici, dans la représentation très trash, autant au niveau des costumes et des blessures exposés, mais pourtant ce film n'est pas plus crédible!
Ainsi la violence semble exposée de façon gratuite, sous un vernis semblant clinique, quasi anthropologique. Mais c'est pour mieux nous abuser., car elle n'offre pas de vraie conséquence pour contrarier la marche en avant
Hier la dynamique de la mort était sublimée, ignorée de façon pudique, suggérant que nous étions dans la fantaisie du film d'aventures épuré de toute violence trop gore! Là nous sommes dans son contraire.. Mais le mensonge reste constant!..
Ce revenant, ce n'est pas le courage qui peut le maintenir debout, mais l'esprit magique...
Un coup de patte d'ours, animal redoutable, est mortel. La lutte avec l'animal annoncée dans la bande annonce devrait sonner la mort de Di Caprio, surtout quand on voit l'acharnement de l'animal, qui dénote une complaisance fâcheuse de la mise en scène en rapport à la violence. .
Que dire des autres aventures qu'il traverse, admirablement filmées sans doute, mais qui semble nous plonger dans la magie de la foire du trône, plus qu'au cœur de la nature sauvage.
Non, on allume pas un feu en 30 secondes, en sortant du fleuve bouillonnant et glacial où l'on est tombé.
Jack London est autrement crédible, quand il écrit " construire un feu"...L'homme n'a alors que cinq minutes, s'il tombe à l'eau, pour allumer un feu, sinon il meurt de froid....London connait ces lois, comme tous les trappeurs, et se fait bien humble dans cette nature qui n'offre pas de seconde chance...
Le film "True grit" des frères Coen m'avait semblé en cela un modèle, tant il montrait comment une blessure devenait handicapante quand on était plongé dans le "wild", cet univers sans limite où la moindre erreur offre une issue souvent mortelle.
Lisez "l'amour de la vie", ce récit crépusculaire, où un chercheur d'or blessé par une simple entorse, tente de rejoindre la civilisation, poursuivi par un vieux loup solitaire, lui même mourant, et affamé...
Là nous voyons un type qui triomphe d'un nombre d'épreuves inédites, pire que les 12 travaux d'Hercule...On passe à coté des vrais dangers, c'est à dire le froid, la faim, la piste perdue, qui sont banalisés, au profit de la violence avant tout venant des hommes. C'est ainsi réduire quelque peu la nature à un beau décor de fond.
Cela pour dire que ce film me semble entretenir ou plutôt perpétue le mensonge de domination de l'homme sur la nature, et cultive le déni de l'inconséquence, dans un scénario où le désir de vengeance semble tordre la cohérence des faits. Mais même la colère ne fait pas tenir les morts debout.
En cela il en dit beaucoup c'est vrai sur la civilisation américaine, et l'esprit de toute puissance, niant la réalité des limites.
Voilà pour moi pointé les faiblesses d'un scénario s'adressant à notre part d'enfant. Le problème c'est qu'il vaut mieux à ceux ci d'éviter de le voir, en raisons d'images difficilement supportable pour eux. . . C'est bien dommage. On aurait pu faire un très grand film avec plus de modestie dans les poses, et dans la volonté de sidérer le spectateur.