Tout comme son héros Glass, « the Revenant » est un film dur, vif, et choquant qui prend aux tripes et nous laisse sans voix, abasourdi du début jusqu’à la fin. Tout n’y est qu’histoire de haine perpetuelle envers l’humain, de survie et de vengeance à un point qui était jusqu’à présent pour moi inimaginable : ce désir de vengeance familiale pousse le héros à renaître de ses cendres et nous montre son incroyable aptitude physique dans toutes les douloureuses situations auxquelles il est confronté. Cette soif avide de se venger est le moteur de sa survie et le fil conducteur de ce film de Alejandro Gonzàlez Iñarritu. Ici, nous n’avons plus à faire à un western d’une banalité imperturbable, pas de duels dans un far ouest ni d histoires de coeurs mais la volonté inexorable de se battre du heros car il n’a plus rien à perdre c’est évident, et une soif de survie impérative car ces hommes là ne vivent plus, ils survivent dans un monde où leurs vies sont détruites et sans plus aucun sens. Les mouvements de caméra, les musiques et maquillages apportent une réelle puissance au film, une vérité, qui change chaque action ou simples apparitions en d’incroyables performances graphiques. La violence d’un monde de rage et de mort n’a jamais été aussi bien montrée que dans ce récit poignant au point d’être insoutenable dans certains moments (comprenons la scène de l’ourse). La beauté des paysages capturée à l’état brut, si réelle et si froide à la fois n’adoucit que très peu la souffrance endurée tout au long du film, aussi bien morale que physique, mais ces paysages restent inévitablement nos seuls moments de répit, de calme dans cette tempête de douleur et nous font miroiter une lueur d’espoir et d’apaisement que le réalisateur expose, à chaque fois à point nommé permettant ainsi au spectateur de reprendre son souffle. En revanche, celui qui ne reprendra pas son souffle c’est Léonardo Dicaprio et sa performance exceptionnelle du trappeur. On le découvre blessé autant moralement que physiquement transformé, torturé, dont le seul désir de vengeance le porte encore debout. Et notre héros, il en bave ! Il souffre, crie, grogne, se bat, à deux pas de la mort et acharné contre un seul et même ennemi, qui ne démérite pas, lui aussi, d’avoir réalisé une prestation unique ! Un Tom Hardy survivant sans plus aucune once d’humanité en lui, survivant à chaque pas, il nous livre un jeu sauvage et détestable jusqu’aux os, sans mignardises. Le réalisateur nous offre 2h36 de haine quasiment insoutenable, de pure force humaine, à la rencontre d’un homme litteralement et moralement déchiré, dans des décors plus vrais que nature. Cela nous ferait presque culpabiliser de rester dans notre petite maison confortable !