Dans l'arène surpeuplée des comédies romantiques, "Crazy, Stupid, Love" tente de se démarquer avec une distribution étoilée et une tentative d'entrelacer plusieurs arcs narratifs touchant à différents stades et styles de romance. Le réalisateur duo Glenn Ficarra et John Requa orchestrent ici une symphonie de relations, oscillant entre le comique et le tragique avec une dextérité qui frôle souvent le remarquable, mais parfois manque d'harmonie.
Au cœur du film, Steve Carell incarne Cal, un homme fraîchement catapulté dans le monde du célibat par une révélation dévastatrice de son épouse (Julianne Moore). Là réside la force du film : une exploration sincère de la vulnérabilité masculine rarement abordée avec autant de justesse dans le genre. Carell, avec sa capacité à nuancer la détresse sous un vernis de comédie, livre une performance qui, à elle seule, justifie le visionnage.
À ses côtés, Ryan Gosling et Emma Stone apportent une chimie indéniable, rafraîchissante et vibrante, élevant chaque scène qu'ils partagent. Gosling, en mentor de la séduction, campe un personnage qui pourrait facilement sombrer dans le cliché mais qu'il parvient à rendre à la fois charismatique et complexe. Stone, quant à elle, apporte une présence lumineuse qui contraste joliment avec les tons plus sombres de certaines des autres intrigues.
Cependant, le film souffre par moments d'un excès de subplots. La tentative de tisser ensemble les fils narratifs de divers personnages secondaires – comme le jeune Robbie (Jonah Bobo) ou la baby-sitter Jessica (Analeigh Tipton) – bien que noble, crée parfois une trame encombrée qui dilue l'impact émotionnel du récit principal.
Techniquement, le film brille par sa photographie soignée d'Andrew Dunn et par une bande-son de Christophe Beck qui oscille habilement entre énergie et mélancolie, soulignant adroitement les hauts et les bas émotionnels des personnages.
Malgré ces forces indéniables, "Crazy, Stupid, Love" peine à maintenir un équilibre constant. Les moments d'humour, bien qu'efficaces, s'entrechoquent parfois avec les tentatives de drame plus profond, et le rythme général souffre d'une certaine irrégularité. Le film, ambitieux et généreusement doté en termes de talent, n'atteint pas toujours la profondeur ou la cohérence émotionnelle que son matériel source pourrait permettre.
En somme, "Crazy, Stupid, Love" est une œuvre qui, malgré ses défauts, offre suffisamment de moments de brillance et de performances authentiques pour captiver. C'est un film qui, tout en naviguant imparfaitement à travers ses ambitions, parvient à offrir un regard à la fois léger et sérieusement engageant sur les complexités de l'amour moderne. Voilà une comédie romantique qui ne réinvente pas le genre, mais qui y apporte une touche de sincérité bienvenue.