LES RESSENTIMENTS : Si il fallait noter « Louise Wimmer » uniquement d'un point de vue cinématographique, parlant de qualités formelles et d'esthétique, je crois qu'il n'y aurait pas grand chose à dire tant le film se perd dans un scénario trop simple, des scènes répétitives et des éclats bien trop rare pour convaincre. Mais n'étant pas un salaud de première qualité et surtout désireux de partager le propos du réalisateur et la manière dont il est amené, je dois bien reconnaître que ce film a le cran et l'audace d'aborder un thème profondément ancré dans l'actualité et la société moderne/ou pas, c'est-à-dire celui d'une femme de presque cinquante ans avec un emploi précaire, tyrannisé par un patron implacable ( le prototype du gros trou du cul que tellement qu'il te fout la rage que t'as envie de lui enfoncer sa petite gueule de connard dans le tuyau de l'aspirateur et de mettre le courant en marche ) et qui vit dans sa voiture, prenant des douches là où elle peut, contrainte à vendre des objets de valeur pour obtenir du liquide, dépendante de sa voiture comme nous pouvons l'être de notre toit, ayant une vie sentimentale assez vide du fait de sa situation instable, une famille décomposée, une fille distante, un mari qui a reconstruit gentiment sa vie dans le faste et la richesse etc etc. La grosse catastrophe et pourtant jamais le portrait ne semble grossi et exagéré ; c'est avec une certaine justesse et intelligence que la situation désastreuse de cette femme est exposée, la réalité est présentée, sous nos yeux, pure ( donc affreusement sale et laide, impossible à supporter ), vraie, trop vraie, de quoi nous rendre honteux d'être au fond de nos lits, chaudement emmitouflés dans deux douzaines d'épaisseur, des gâteaux à la main devant un programme télé totalement bidon. Bref, passons. Car c'est bien plus l'envie de porter à l'écran une vérité sociale et financière qu'un désir de dénonciation percutant qui enflamme ici le réalisateur ; c'est du moins le sentiment que nous avons eu. Ce genre de cinéma engagé, qui porte au visible ces êtres invisibles dont on ne parle jamais, est d'ailleurs très souvent de mauvaise qualité mais a justement le mérité de son sujet et des idées qu'il développe, qui se développent d'elles-mêmes. Pour ce qui est de l'aspect filmique, c'est assez ennuyeux, les mêmes séquences reviennent, ça n'avance pas beaucoup si ce n'est quelques plans intéressants ( vous devinerez lesquels ), tendres et optimistes, humains et touchants, parfois très dures, injustes ; reflet de l'état de notre pays, une tour d'ivoire avec les pieds dans la merde, pour à peu près plagier Flaubert. Concernant les acteurs, je ne suis pas convaincu mais étant donné que le film n'a pas eu un gros impact sur moi, je m'abstiens de toute remarque supplémentaire. On aurait sans douté, aussi, espéré une qualité de dialogue bien supérieure et beaucoup plus intelligente, plus poussée vers la réflexion que cette fin, un peu simple à venir et un peu rapide qui n'offre en fin de compte aucun espoir dans l'absolu, qui règle uniquement un cas. Certains ont d'ailleurs parlé d'un happy-end ; assez étonnant, c'est tout au plus une avancée matérielle mais si là est le bonheur humain, l'ultime joie à chérir alors il n'y a décidément rien à espérer : une cité, un deux pièces, deux ou trois coups à tirer dans le mois, de béton, des cons, des cons, du béton, du mépris, de la chianteur jusqu'au bout. C'est aussi le soucis de ce cinéma dit social, si social qu'il en oublie l'éternité, l'amour, les grands sentiments, les seules vérités absolues pour s'enfoncer dans l'utile, le faux donc. La moyenne pour ce « Louise Wimmer » qui n'est pas un film taillé grand écran mais qui dans la pauvreté dont il fait preuve aborde une autre forme de pauvreté, horrifiante, qui ne doit pas rester muette.