Il y a 10 ans, on savait qu'aux Etats-Unis, des gens avaient un travail ET, ne pouvant se payer un vrai logement, dormaient dans leur voiture. A l'époque, la France était épargnée et un film comme "Louise Wimmer" n'aurai jamais existé. Depuis, vous savez tous ce que notre pays a subi et ce phénomène existe. D'ailleurs, il suffit de regarder les thèmes fréquentés actuellement par le cinéma français pour comprendre la situation dans laquelle est notre pays alors que s'annonce l'élection présidentielle : délocalisation ("dans la tourmente"), plan social ("les neiges du Kilimandjaro"), surendettement ("Une vie meilleure" et "Toutes nos envies"), etc. Donc, un sujet fort et, a priori, intéressant. Cyril Mennegun l'a choisi et c'est très bien. Après, comment le réaliser ? On retombe sur ce problème consistant à greffer une "histoire" sur un "documentaire". Il y a aussi le problème du risque, vu le sujet, de tomber dans le pathos. Comme d'autres avant lui, Cyril Mennegun a tellement réussi à éviter ce risque qu'il a pondu une œuvre totalement froide, dans laquelle ne s'immisce qu'à de très rares moments une parcelle d'émotion. Apparemment, ça marche très bien auprès de la grande majorité des critiques mais, pour moi, ça manque d'empathie, de sentiment, d'émotion. Dommage ! En fait, devant un tel film, on se dit qu'il aurait mieux valu carrément faire un documentaire plutôt que ce docu-fiction. Un intérêt pourtant : mettre en lumière dans un grand premier rôle Corinne Masiero, une comédienne qu'on avait souvent appréciée dans des seconds rôles, surtout dans des téléfilms. Et puis, il y a la chanson de Nina Simone, "Sinner Man", déjà utilisée dans de nombreux films, tel "Les regrets" de ... Cedric Kahn. J'ai tort d'écrire "de" Nina Simone car c'est, à l'origine, un negro spiritual. Et maintenant, j'ose : à votre avis, pourquoi entend-on cette chanson en boucle chaque fois que Louise est dans sa voiture ? La réponse ? Vous connaissez toutes et tous l'expression : "en voiture, Simone". C'est tout ! Et si, inconsciemment, cela avait travaillé l'esprit de celui, ou de celle, ou de ceux qui ont choisi cette chanson !