Utopiste Robert Guédiguian ? Peut-être que oui, après tout… Et puis, et après ? Après ? Joyeux, chaleureux, ensoleillé, jamais niais, encore moins mièvre mais humain, toujours. Humaniste même, dans le sens vrai de ce terme si beau et aujourd’hui toujours utilisé à tort et à travers…
Inspiré par un poème de Victor Hugo : Les Pauvres Gens, Guédiguian retourne, à l’Estaque, là où il est né, le port industriel de Marseille et filme de nouveaux (après le polar Lady Jane et le film historique L’Armée des Ombres) ce (et ceux) qu’il aime le plus : les ouvriers et les syndicats, ceux qui luttent et qui se battent pour rendre le monde un peu meilleur. Et il s’entoure, comme à son habitude de ses plus proches : Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin, acteurs magnifiques…
Michel et sa femme Marie-Claire, la cinquantaine finissante, vivent heureux, entourés de leurs amis, leur famille, malgré le licenciement de Michel. Pas beaucoup d’argent peut-être, mais suffisament d’autres sources de joie pour pouvoir se reposer enfin… Jusqu’au jour où chez eux, on les attaque, on les braque, on les vole. Jusqu’au jour où Michel apprend que l’agresseur est un des leurs,un ouvrier comme lui, licencié le même jour…
C’est une superbe histoire d’amour et de soleil que Guédiguian filme ici. Car ces petits héros de rien du tout, malgré la peur et la déception, malgré même le dégoût parfois, de ce voir être devenu les « petits bourgeois » qu’il raillaient dans leur jeunesse gardent malgré tout une foi inébranlable en l’homme. Ils ont su rester malgré tout au service des plus faibles qu’eux.
Alors utopiste Robert Guédiguian ? Oui, sans doute. Mais lui et sa belle équipe sont trop généreux, trop chaleureux, trop humains (et malgré tout, toujours lucides) pour ne pas réussir à nous transmettre un peu de leur belle espérance et de leur foi en l’homme. En ces temps sombres et cyniques, on ne peut qu’apprécier…