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JoeyTai
20 abonnés
442 critiques
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4,0
Publiée le 24 août 2021
Guédiguian a concentré dans ce film sa vision du monde. Portée par d'excellents comédiens, cette histoire parle de luttes sociales, de pardon, de rédemption, etc. Le réalisateur fait osciller sans cesse les personnages entre le bien et le mal et réussit à maintenir ce fragile chemin de crête tout au long du film, au prix toutefois d'artifices, d'incohérences, et parfois d'angélisme. Dans Les neiges du Kilimandjaro, un home-jacking se fait sans viol et avec très peu de violence. Les détroussés n'ont plus rien mais en fait ils n'ont pas encore touché la grosse prime de licenciement donc ça ne va pas si mal en fait. Le braqueur se fait identifier par la victime pratiquement le lendemain du vol ! Les petits frères du voyou sont gentils comme tout. Bref, Guédiguian rend possible, souhaitable et même quasi-certaine la réconciliation entre les victimes et le détrousseur. Si l'action s'était poursuivie, nul doute qu'on sortant le braqueur et les victimes seraient devenus les meilleurs amis du monde. Cette vision des choses angélique n'est que partiellement crédible, mais elle vaut bien les innombrables films où les protagonistes n'ont besoin que d'un prétexte pour se haïr et se taper dessus jusqu'à l'ultime scène... Film certes utopique mais très sensible et très bien joué.
Dans le genre habituel pratiqué par Guediguian, très bonne analyse sociologique marseillaise, sur base de conflit intergénérationnel, sur le thème c'est quoi un petit-bourgeois? Un peu de réticence au début, l'employeur pouvant être assimilé avec la SNCM de réputation douteuse et les dockers qui l'ont consciencieusement mené à sa perte. Mais j’avoue avoir été franchement ému, parce queleur histoire ne serait pas un peu notre histoire, revue façon bouillabaisse, de couple soudé face à l’épreuve et l’examen de ce que l’on a fait de sa vie. On reste entre soi, ca va pas révolutionner le monde, mais c’est très humain au fond et bien observé sur plein de détails de la vie actuelle (les remarques acides de la fille de la mère chez qui va travailler Marie-Claire ,espionnant les heures réelles de présence à domicile). Voilà un bon cru Guédiguian. Cinema janvier 2012.
Il y a des fois où il ne faut pas tergiverser, où il faut dire franchement ce que l'on pense, alors, allons y : si vous ne voyez qu'un film cette année, il FAUT que ce soit celui-là. Vous en connaissez beaucoup des films où on passe du rire aux larmes en l'espace d'une seconde pour rire de nouveau 10 secondes plus tard ? "Les neiges du Kilimandjaro" est un film à la fois follement drôle et totalement émouvant tout en étant d'une grande profondeur. Pas mal, non ? En fait, Robert Guediguian n'est jamais aussi à l'aise, jamais aussi convaincant que lorsqu'il nous entraine à l'Estaque, son quartier de Marseille. Avec lui, ce quartier devient le centre du monde lorsqu'il s'agit de dépeindre la situation du monde des petites gens, le monde des ouvriers. Il l'avait fait avec brio dans "Marius et Jeannette", il y a 14 ans. Depuis, la situation économique dans son ensemble et la situation des ouvriers en particulier ont énormément changé, pas vraiment dans le bon sens et Guediguian a ressenti le besoin de reprendre son noyau de comédiens, d'y rajouter de nouveaux éléments et de donner sa vision revue et corrigée de ce monde qui sait être chaleureux malgré des conditions de vie pas toujours très faciles. Pour ce faire, il s'est très librement inspiré d'un poème de Victor Hugo intitulé "les braves gens". Le résultat, présenté dans la sélection "Un Certain Regard" à Cannes 2011, est aussi épatant que "Marius et Jeannette", voire plus encore. Les scènes d'anthologie sont très nombreuses. J'en retiendrai deux tout particulièrement : d'un point de vue politico/social, celle où un jeune ouvrier ébranle les convictions d'un vieux syndicaliste en remettant en question la façon dont un syndicat, en l'occurrence la CGT, organise les conséquences d'un plan social plutôt que de s'y opposer becs et ongles; d'un point de vue zygomatiques en furie, celle, totalement jouissive, entre un barman et Ariane Ascaride sur la question de savoir quel type d'alcool adopter selon la peine qu'on a. Si jamais "Intouchables" arrive à 5 millions d'entrées, "Les neiges du Kilimandjaro", incommensurablement supérieur, devrait, dans un monde idéal, arriver à 30 millions d'entrées.
Guédiguian est un conteur qui narre des histoires farfelues, ancrée dans une réalité crédible jusqu'à ce que les ficelles sortent du bois. Ce couple de quinqua trop gentils est attendrissant, leur amour existant encore après tant d'années mais leurs actions irréelles condamnent la fin du films à de la pure fiction. La lutte, le non-manichéisme du début étaient bien plus convainquant. PS : Les acteurs sont géniaux, mais l'on s'en doutait avant d'entrer dans la salle.
Le propos politique du film est extrêmement intéressant. D'une part il évoque le fossé immense entre la génération des baby boomers et celle des jeunes d'une vingtaine d'années. La première a tout eu sur le plan matériel et a également connu la gauche populaire véritable et un engagement politique profond. La seconde n'a connu que l'individualisme et la difficulté à trouver un emploi et s'insérer dans la vie sociale. D'autre part le film montre comment le discours pernicieux qui consiste à monter les plus pauvre, non pas contre les plus riches, mais contre les classes petitement moyennes, comment donc ce discours a été efficacement diffusé et comment il a remarquablement atteint son but. Tout cela aurait pu être passionnant, révoltant, aurait pu amener à une prise de conscience. Mais hélas tel un bon steak noyé sous une mare de sauce, le sirop de l'angélisme et des bons sentiments nappe tout le film, l'édulcore, le sucre. Faire comme si ces syndicalistes avaient toujours été exemplaires, comme si ces couples n'avaient jamais connu d'anicroche, comme si ces soixantenaires n'avaient jamais été égoïstes ou violents, tue le message qui aurait du être central. Dommage.
Voila un film qui va faire parler dans les chaumières pour peu que les habitants des dites chaumières aillent voir "Les neiges du Kilimandjaro" à la place des "Intouchables" son grand rival actuel au rayon bons sentiments. Cette histoire de travailleurs au bord de la retraite qui se font braquer par un jeune prolo, offre tellement de lectures possibles qu'il pourrait être déclaré d'intérêt public. Les thèmes abordés, leur développement, les questions qu'il suscite font de ce film l'outil idéal à présenter à nos candidats au poste de président de la République avant l'un de leur débat télévisé, histoire de savoir ce qu'ils ont réellement dans la tête. Librement inspiré du poème de Victor Hugo "Les pauvres gens" (une terrible histoire de pêcheur pauvre, de sa femme, de ses enfants et de leur voisine), le film nous transporte au coeur d'un monde ouvrier sur le déclin, séparé en deux zones bien distinctes : les plus anciens, façonnés par des décennies de combats syndicaux, heureux d'être arrivés sans trop d'encombres à avoir une petite maison et une vie chaleureuse et leurs enfants, stressés par le monde du travail qui les broie inexorablement, protégeant un peu égoïstement leur petit patrimoine. Au début du film, Michel (Jean Pierre Darroussin),malgré sa mise au chômage, fête dans la joie ses trente ans de mariage avec Marie-Claire (Ariane Ascaride). Pour l'occasion, ils se voient offrir par tous leurs amis un voyage en Tanzanie ainsi qu'une petite somme d'argent. Mais, un soir, tout bascule, victime d'une agression à domicile, ils se font voler argent et billets. Habilement, le film laisse de côté les agressés pour suivre un des voleurs qui s'avère être un ouvrier au chômage (Grégoire Leprince-Ringuet). Lorsque Michel et Marie-Claire découvriront l'identité du coupable, ils seront anéantis, stupéfiés, les valeurs qui sont les leurs, bafouées par cette trahison de classe. Le film, qui jusque là, naviguait en eau relativement calme, commence à souffler un vent mauvais et violent autour des personnages. Le ton devient âpre, polémique, politique. On sent bien les effets du libéralisme galopant, arrivant à diviser le monde du prolétariat pour mieux s'imposer. On entrevoit l'ombre du front national prêt à s'insinuer dans les esprits d'un monde ouvrier déboussolé. Mais, Robert Guédiguian, avec habileté, se refuse à la noirceur extrême et va permettre à ses héros de retrouver une lumière salvatrice toute empreinte de cette bonté qui est le ciment de leur vie. La fin du film, en hommage à Victor Hugo, est émouvante mais, seul bémol, un peu invraisemblable, nous ne sommes plus au 19ème siècle... La fin sur :http://sansconnivence.blogspot.com/2011/11/les-neiges-du-kilimandjaro-de-robert.html
J'attendais peu de ce film, résultat j'ai été transportée du début à la fin. Enfin... "transportée" est peut-être un bien grand mot car il ne se passe pratiquement "rien" les trois-quarts de l'intrigue, mais c'est également ce qui fait son charme. Le sujet est traité, donc, avec sobriété, et soulève des questions très pertinentes (spoiler: le réquisitoire du jeune homme emprisonné lorsque Darroussin vient le voir . Seul petit bémol: certaines interrogations auraient mérité d'être traitées en profondeur (par exemple, spoiler: le regard échangé par Raoul et Marie-Claire lors de leur conversation au bar, le retrait des enfants concernant l'adoption des petits "orphelins" ). La fin laisse un sentiment d'inachevé, même si spoiler: elle se conclut sur une note heureuse .
Robert Guédiguian fait son retour au cinéma populaire dans le sens noble du terme. Prenant comme départ le poème de Victor Hugo, Les Pauvres Gens (extrait de La Légende des siècles), le réalisateur de Marius et Jeannette signe une oeuvre solaire où l'élan de bonté et l'excès de coeur font du bien dans le cinéma français. En mettant ainsi l'homme et la femme à égalité dans la générosité, Robert Guédiguian fait avec Les Neiges du Kilimandjaro le point sur le quartier où il est né (l'Estaque) et sur les «pauvres gens» qui l'habitent. En retournant sur les lieux de son enfance, le cinéaste regarde comment est devenu ce quartier. Les temps ont changé mais la conscience de classe est toujours sous-jacente. Les fidèles Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan accueillent la nouvelle génération du cinéma français Grégoire Leprince-Ringuet, Anaïs Demoustier, Adrien Jolivet et Pierre Niney, tous se greffant impeccablement dans l'univers combatif du metteur en scène. Le cinéma, les thèmes et les personnages chers à Robert Guédiguian évoluent mais la lutte continue. Le courage n'est pas que dans le collectif mais également dans le quotidien de chacun. Les petits détails du quotidien ne manquent pas dans cette fable humaniste, la poésie, la sensibilité, l'authenticité, l'optimisme et l'humour du cinéaste marseillais font mouche et tendent à une universalité pure et essentielle. Sans nul doute, l'un des meilleurs films de son auteur.
Un démarrage très long, une histoire qui met du temps à se montrer et qui vient faire perdre de l’intérêt à ce film, très caractéristique du film français et pas forcément dans le bon sens. Une fois l’histoire lancée, on devine assez facilement la suite et c’est bien dommage car entre le scénario et le rythme on décroche assez vite.
J'étais sceptique, ayant lu Guédiguian parler de son inspiration, spoiler: rien moins qu'un poème d'Hugo, "Les pauvres gens", ce qui représentait déjà un énorme spoiler et donc la possibilité de rendre le film prévisible et bien en dessous de l'illustre modèle. C'est une réussite éclatatnte, sans doute le meilleur Guédiguian à ce jour,à la hauteur du génie hugolien et qui prouve avec éclat que l'on peut faire de bons films avec de bons sentiments, quand ils sont justes et intelligemment décortiqués L'émotion est au rendez-vous, dans la force du propos, la beauté de l'histoire d'amour de ce couple magnifique et dans le regard désespéré mais gai ( pessimiste par raison, optimiste par volonté) posé sur la réalité.Darrousin est exceptionnel, mais .. comme d'habitude, j'ai envie de dire ! Ariane Ascaride ne l'est pas moins.Lyrique et bouleversant,comme Hugo savait l'être,voilà LE film politique de l'année et plus encore.. Mention spéciale à Robinson Stevenin dans le rôle du commissaire et à Karole Rocher, dans celui -difficile à porter- de la mère
Un grand film de Robert Guédiguian (encore un !), intelligent, sensible, lyrique (c’est une adaptation de «Les pauvres gens» de Victor Hugo), profondément humain et terriblement moderne. Sur l’air du tube de Pascal Danel, titres éponymes, c’est le chant d’amour d’un couple, le chant de l’amitié, le chant du cœur et de la solidarité ; c’est aussi un chant d’espoir devant la générosité des gens simples dans un monde de merde où ils ont pourtant leur dose. On rit et on a la gorge qui se serre devant les dialogues très authentiques de la bande à Guédiguian, toujours fidèle aux postes, avec quelques jeunes recrues de talent en plus. Un beau film, une belle fable, qui fait du bien à l’âme.
Une histoire peu crédible qui rassure par ses bon sentiments (ça fait toujours plaisir un film un peu positif) mais qui fait preuve par moment de mauvais gout (une scène incompréhensible de bêtise chez les flics) et s'étire un peu en longueur avec des scènes passablement inutiles. Au final trop de personnages inutiles et une intrigue un peu artificielle qui ne parvient pas a contrebalancer les quelques jolies idées du scénario. A noter aussi la photo du film, assez laide globalement.