Jamais on n'avait aussi bien ressenti la gravité au cinéma. Chez Cuarón, l'espace est plus que le théâtre de batailles galactiques. C'est un non-lieu, hostile en tout point, qui rappelle à la fois l'insignifiance de l'espèce humaine et la beauté de son existence.
Gravity joue sur deux peurs primaires : la peur de l'isolement et la peur de l'asphyxie. À l'inverse des cinéastes pompiers, Cuarón, même dans un cadre cosmique, concentre son récit sur l'Humain. Cela ne l'empêche pas d'y apporter sa touche philosophique.
L'imagerie d'une renaissance post-traumatique tapisse le film. Le plan où Ryan flotte, recroquevillée dans la capsule, avec un tuyau partant de son nombril, n'évoque pas autre chose qu'une gestation. Plus subtil : la course des débris spatiaux vers la Terre peut faire penser à une fécondation. Enfin, Ryan qui s'extirpe de la capsule submergée, en pleurant et vacillant lors de ses premiers pas. Sa mort imminente lui a fait prendre conscience de la matérialité des choses.
Cuarón n'assume pas complètement le silence sidéral, mais produit tout de même un objet esthétiquement extraordinaire.