"Selma" est le genre de film dont on ne peut que louer le côté utile et nécessaire, cet aspect pédagogique essentiel et ce, malgré les défauts présents de ce type de réalisation...
Car avant d'arriver à la partie qui prête flan à la critique, il est bon de souligner la force de conviction essentielle qui émane de ce film, par la portée elle-même de ce pan d'histoire énorme, dont l'acteur David Oyelowo à lui seul, donne toute la puissance avec beaucoup d'humilité et de dignité !
On ne reviendra en effet jamais assez sur ces grands moments de l'Histoire de l'Homme !
Et même si l'on connaît cette lutte et ses enjeux avec tout ce qu'elle englobe, on ne peut qu'être sidéré et horrifié par les images des actes insensés de l'homme envers son semblable.
Car ce film rigoureux retrace avec beaucoup d'intensité et de soin cette partie de la vie de Martin Luther King, alors qu'il est déterminé à faire appliquer la loi au sujet du droit de vote des Noirs puisque celle-ci n'est pas respectée partout et en particulier dans le sud des États Unis d'Amérique dont Selma en sera le théâtre...
Les seconds rôles, des collaborateurs ou amis à cette épouse troublée et inquiète, sont tous d'une complémentarité étonnante et sont ainsi cohérents et évidents...
On est donc complètement happé par ce combat à la fois non violent de la part du mouvement dirigé par Martin Luther King à la grande différence des idées de Malcom X, et d'une extrême violence en ce qui concerne le comportement des Blancs, où les insultes, les brimades et les coups sont l'habitude...
Toute la difficulté à ce niveau dans les choix à faire, dans les changements de cap, dans la stratégie à adopter que recherchent ces hommes et ces femmes avilis, méprisés, battus sont clairement analysés et montrés aussi bien dans les remises en jeu, les confessions et les discussions, que dans les actions elles-mêmes !
Certaines scènes sont d'ailleurs très dures et presque insoutenables, et on a bien du mal à contenir toute l'émotion ressentie face à cette folie pure et assassine envers le peuple noir américain.
Le jeu des politiques a également sa part d'importance, comme le rôle du président Johnson, sans oublier celui de ce gouverneur Wallace particulièrement méprisable, interprété par Tim Roth, efficace et convaincant...
C'est donc dans ce sens un film absolument indispensable à montrer aux lycéens, étudiants en tant que témoignage, que passeur d'Histoire sur les massacres dus au racisme primaire, tout simplement pour une différence de couleur de peau !!!
Maintenant, comme beaucoup de biopics historiques tels que "Mandela" ou "Le Majordome", on pourra toujours reprocher un certain académisme de forme, une linéarité un peu scolaire, une certaine stylisation de trop et des aspects oubliés comme le klu klux klan seulement évoqué vers la fin...
Il n'en reste pas moins qu'on ne peut que saluer bien bas, cette réalisation d'Ana DuVernay qui aurait par respect mérité sans aucun doute au moins une récompense lors de la cérémonie des Oscars...