Bon, je ne partais pas super confiant mais ça y est, quand même un film un film correct dans la deuxième partie de carrière de Blier. Pas excellent du tout, mais un petit métrage qui aurait mérité d’être plus grinçant, mais qui n’est pas sans intérêt.
Le film n’est en effet pas très noir finalement. Avec un dénouement un peu banal aussi. Blier signe une comédie à la tonalité un peu aigre sur un sujet actuel grave, et sans avoir beaucoup de mordant, on peut toutefois reconnaître qu’il maitrise bien mieux son récit que dans ses films précédents. La narration morcelée est assez fluide, il y a une réelle intrigue, quoique l’intérêt en reste assez ténu, un peu d’humour et de la romance, un peu de sexe aussi. Disons qu’on sent qu’on est chez Blier, mais un Blier assagi qui, après les grandiloquences foireuses de ses films antérieurs où il en était venu à se parodier honteusement, essaye davantage de se maitriser, et il en résulte une comédie courte et assez efficace, qui passe un moment sans déplaisir, même si plus d’humour noir n’aurait pas été de refus. Pour tout dire, j’ai le sentiment que Blier est resté au milieu du gué n’osant pas, pour une fois, en faire trop !
Le casting est bon. Jean Dujardin est à la hauteur dans le rôle de cet écrivain alcoolo, et sans surprendre il se débrouille. Face à lui cependant Albert Dupontel lui vole la vedette, s’emparant d’un rôle étrange qui colle bien à l’acteur qui aime les rôles sombres et décalés. Il ne faut pas pour autant en oublier un casting secondaire très appréciable, avec ce duo non moins réussi entre Anne Alvaro et Myriam Boyer, sorte de pendant féminin du duo Dujardin-Dupontel. Quant à Christa Théret, si son charme éthéré est indéniable et si elle offre quelques scènes de nudité charmantes, son jeu d’actrice reste assez fadasse.
Formellement, rien de notable à souligner, mais Le Bruit des glaçons possède une belle photographie, un cadre agréable, et Blier signe une mise en scène un peu simple mais suffisamment pro et bien faite pour ne pas heurter. Là-dessus il faut ajouter une bande son correcte mais sans plus (avec notamment la reprise d’un classique assez bien vu ici !). Le Bruit des glaçons n’est pas un film d’ambiance et n’est pas un produit luxueux et raffiné, mais c’est tout de même emballé avec qualitativement.
En tout cas ça fait plaisir de revoir enfin un Blier correct, même si ça ne vole pas très haut. Le Bruit des glaçons aurait réellement mérité d’être plus tranchant pour donner le sentiment d’exploiter réellement son sujet et de ne pas être une simple comédie comme une autre, mais ça reste un petit divertissement sans prétention bien aidé par ses acteurs. 3.