Enfin une occasion d'utiliser la notation à 5 étoiles (c'est la troisième fois que je le fais pour ma part, toutes notes revues après l'imposition du nouveau système, sur.... 467 critiques - je ne rate pas l'occasion de rappeler que la note à 5 étoiles doit être EXCEPTIONNELLE, sauf à perdre tout intérêt autre que promotionnel et complaisant pour les distributeurs et les producteurs en quête de reconnaissance pouvant se transformer en rentrées financières). Avec ce "Bruit des glaçons" inclassable et jubilatoire, on retrouve avec joie le grand Blier des "Valseuses", "Buffet froid" ou "Notre histoire", qui pour moi s'était un peu perdu de vue lui-même depuis "Les Côtelettes" ou "Combien tu m'aimes ? ". L'argument, superbement culotté, du cancer Dupontel rendant une visite de convenance (puis s'incrustant quand le mal s'installe et prospère) à l'écrivain déchu Dujardin, Blier le scénariste sait en tirer magnifiquement parti, pour une heure trente d'intelligence et d'émotion à la fois, alors qu'il paraît a priori impossible d'élever le propos au-delà de la simple farce, et encore de courte durée. Pas un seul temps mort, pas un seul plan inutile, pour Blier le metteur en scène qui réussit à contracter et élargir à la fois le destin de Charles Faulque, à en faire un amoureux improbable et un combattant inattendu, lors même qu'il s'avachissait depuis des années dans "le bruit des glaçons", ne cultivant plus dans sa thébaïde provençale que l'alcoolisme qui l'avait privé de sa vie et de son inspiration d'auteur jadis "goncourisé". Un casting idéal permet à Blier le directeur d'acteurs de s'appuyer sur le talent et le métier d'interprètes parfaits, pour que sa passionnante mécanique s'exécute, qui, tout en empruntant le masque du drolatique, va bien au-delà du seul humour noir (déjà séduisant). Ainsi, Jean Dujardin et Anne Alvaro, comme leurs acolytes maîtres ès tuméfactions Albert Dupontel et Myriam Boyer (pour ne citer que les rôles principaux, et en remarquant que les parties secondaires sont également fort bien assurées) se livrent-ils aux délices de cette Comédie Humaine version grinçante, échangeant les répliques ciselées par Blier le dialoguiste. Il y a (heureusement) quelques cinéastes français bons faiseurs, mais il y en a bien peu à avoir les dimensions du véritable auteur. Bertrand Blier en fait assurément partie, qui a un univers et un style inimitables, grandioses.