C'est sans aucune surprise que N. Winding Refn propose un film en dehors de tout ce dont on a l'habitude de voir dans le genre auquel il s’intéresse, et ici l'esprit de vengeance est mis en avant par une atmosphère absolument unique, sachant jouer de la violence tout autant que sur l’esthétisme de l'ensemble de l'image,du film qu'elles soient simplement démonstratives ou plus actives, le réalisateur donne une fois de plus une vision d'une singularité incroyable et hypnotique, même si l'ensemble n'est pas toujours passionnant et que quelques passages sont bien trop expérimentaux pour fonctionner totalement, mais après tout cela fait partie de la patte Refn, et on ne peut qu'admirer le talent dont il fait preuve pour donner de la puissance à l'image sans fracas de toutes part. Tout d'abord dans cette qualité qu'il possède en ce qui consiste à mettre l'image au cœur de l'ensemble par des plans plus ou moins long afin de laisser le temps de profiter de l’esthétisme général de certaines scènes, avec ce filtre rouge très imposant qui rend l'ambiance encore plus stressante lors des passages dans les lieux sombres, technique qu'il apprécie tout autant, et surtout sa facilité à poser du son par nécessairement lors des passages clés mais tout au long du film, toujours parfaitement adaptée et qui donne à l'atmosphère une force de plus du fait que cela suffit à nous aspirer, même lors de passages simplement démonstratifs, les rendant encore plus beaux. Bien évidement, quand on aime le réalisateur, il est incontestablement touché par la manière dont il orchestre la violence dans ses films, et bien que ce soit souvent furtivement, la puissance de cette dernière est impressionnante de par son réalisme et son exécution qui laisse souvent sans voix, et dans ce film il semblait essentiel que cet élément figure comme l'une de ses forces, et il est évident que c'est la pièce maîtresse du film, montrant des moments d'une violence exacerbée par une ambiance travaillée minutieusement afin de provoquer ce sentiment de mal être, et bien évidemment que la dessus on se régale à chaque passage. D'ailleurs, c'est grâce à son flegme naturel que R. Gosling parvient à donner toute sa force à son personnage, surtout lorsque celui ci est montré dans ses accès de violence vengeresse, le transcendant totalement et donnant des moments jouissifs, bien que souvent très expéditif, et bien que la scène de combat finale soit archi bien réalisée et pleine de grâce cinématographique à tout les égards, celle ci n'est pas celle à laquelle on s'attendait pour atteindre l'apothéose de la vengeance. Puis en ce qui concerne le scénario, le réalisateur réussi une fois de plus à proposer une oeuvre d'une singularité indiscutable, et même si l'intrigue générale repose sur des éléments classiques du genre, c'est surtout la manière dont ceux ci sont mis en scène tout du long, sachant allier images sublimes, violence tant physique que psychologique à travers le schéma familial démentiel qui est au cœur du scénario, ou encore tout un tas de dénonciation sociale qui ne sont pas les piliers même du film mais qui permettent une fois de plus d'appuyer l'atmosphère nauséabonde qui règne, surtout à travers les quartiers glauques thaïlandais. Et même ses personnages réussissent à se détacher totalement de ce dont on a l'habitude, que ce soit par le flic amateur de sabre, très mystérieux, pas toujours très clair d'ailleurs de par son aspect très expérimental dans sa mise en scène et son rôle dans le film, qui laisse souvent sur le bord tellement il n'est pas simple de suivre l'intégralité de son portrait, ou encore à travers le sujet de la matriarche d'une famille de pourris expatriés, violents et trempés dans un monde pas très net, totalement cintrée et qui ne vit que part une violence hors norme et un comportement totalement castrateur avec son propre fils, à l'image de la scène du repas avec la prostitué, amante de ce dernier, durant laquelle il y a de quoi halluciner des propos qu'elle tient envers son propre enfant, tout cela bien évidemment de manière toujours subtile et esthétique, et c'est ce que l'on aime dans le cinéma de Refn. Pourtant ici il est clair que l'ensemble du film manque légèrement de rythme et de surprises scénaristiques, et se contente de rendre visuellement belle la violence qui traduit la volonté de vengeance de cette mère totalement en dehors de la réalité, mais bien que l'on apprécie énormément le travail cinématographique effectué afin d'être à la fois d'une singularité sans faille en étant efficace dans ce qui est proposé, il a certain moment durant lesquels on attend ou espère qu'il se passe quelque chose pour que finalement le film s’intéresse plutôt à un visuel bien particulier dans une ambiance toute aussi spéciale, ce qui n'est pas pour déplaire dans l'oeuvre de Refn, mais il y avait de quoi être un peu plus expansif à certains égards, surtout quand on sait que la violence exacerbée, si bien rendue soit elle, est l'une des clés de voûte du film, tant que par les poings que dans les mots, pourtant celle ci ne semble pas trouver sa juste place dans le film. Quoiqu'il advienne, on ne peut que reconnaître que le réalisateur danois offre une fois de plus un film bien empreint de sa marque, et ça c'est très appréciable.