Voilà bien une étrange idée que celle de Sofia Coppola pour son quatrième film : montrer quelqu'un qui a tout mais qui s'emmerde... Ceux qui me connaissent pourraient alors me renvoyer à la tronche que j'adore "Lost In Translation" alors que, globalement, c'est aussi une histoire de gens paumés qui ne savent pas quoi faire. Certes, mais au moins, dans "Lost In Translation", il y avait chez les deux personnages principaux une logique de recherche, d'aventure, à la fois par la rencontre de gens qui semblent pourtant opposés, mais aussi par la découverte d'un monde totalement surréaliste. Dans "Somewhere", l'aventure c'est zéro : le héros Johnny Marco ne rencontre personne à par des coups d'un soir, et son univers se limite à celui de chambres d'hôtel aussi laides qu'impersonnelles. C'est que visiblement, le postulat de Coppola consistait plutôt avec ce film à mettre en image l'ennui, et cela de la manière la plus ennuyeuse possible. Ainsi le film commence-t-il par notre cher Johnny qui fait des tours de circuits : caméra fixe, on voit la voiture passer toutes les trente secondes dans le cadre et... c’est tout. Et histoire qu'on comprenne bien que le mec se fait chier la scène reste ainsi pendant une demi-douzaine de tours. Et tout le film est comme ça : on montre des scènes d'ennui, mais au lieu d'enchaîner tout ça en dix secondes on reste 2 minutes à voir Johnny rester apathique avec un bedeau et une binouze sur son canap’ ; on reste 2 minutes à voir la fille de Johnny en train de faire ses entraînements de patin à glace tandis que lui textotte sur son téléphone ; on reste dans la chambre de Johnny pendant qu'il regarde la chorégraphie de ses deux danseuses de strip-teases : et non seulement on se tape toute la choré, mais en plus Coppola nous les reclaque dix minutes plus tard. Ce film, c'est que ça : Johnny s'emmerde aux interviews ; Johnny s'emmerde pendant ses massages ; Johnny s'emmerde en soirée ; Johnny s'emmerde même en baisant... Alors, je dis pas, à un moment, il y a une grosse surprise : Johnny s'emmerde dans l'ascenseur avec Benicio del Toro. En somme, vous l'aurez compris : ce film ne raconte strictement rien, ne montre strictement rien, bref : ce film n'est RIEN. Et le pire, c’est qu'histoire de tenir le format standard des 1h30, Coppola parvient à nous diluer chacune de ses scènes de vide jusqu'à susciter de notre part le pire des épuisements. OK, je veux bien que le cinéma contemplatif ait ses charmes, mais encore faut-il avoir quelque chose à contempler. Personnellement, je ne sais vraiment pas ce qui s'est passé par la tête de la talentueuse Sofia mais, en tout cas, si son intention était de nous montrer que c'est en ayant tout qu'on s'ennuie le plus, c'est loupé, car moi j'ai surtout retenu de cette expérience "Somewhere" que c’est juste en sortant de la salle qui projette ce film qu'on trouve que soudainement la vie est pleine de distraction. Non mais franchement, c'est navrant...