L’énergique reboot de la célèbre franchise geek Star Trek par J.J. Abrams continue sur sa droite lancée, fidèle à l’opus de 2009 mais de plus en plus éloignée de la saga originale, pour le plaisir de certains, moi, et le malheur des autres. Into Darkness n’est pour ainsi dire pas un virage à 90° en regard à l’opus précédent, tel qu’annoncé, mais bel et bien un film ancré dans la tradition Abrams, Benedict Cumberbatch en plus. Certes plus spectaculaire, plus mouvementé, ce deuxième film n’est pas foncièrement différent de son prédécesseur, repartant sur les bases laissées il y a peu, soit avec les personnages de Kirk, Spoke, Scott et quelques autres joyeux drilles. Dans son concept général, Into Darkness n’est foncièrement rien d’autre qu’une noble suite à un projet d’envergure qui aura démontré son potentiel au Box Office.
Alors que jusque là, Abrams s’était semble t-il efforcé de respecter la dynamique intellectuelle et morale de la saga d’origine, il semble toutefois prendre ici ses aises, offrant aux personnages de Cumberbatch une importance aussi conséquente qu’aux autres protagonistes. Si le relation entre Spock et Kirk continue de fluctuer, d’une manière adroite, l’Entreprise est cette fois-ci confronté à un mal venant de l’intérieur, ceci faisant de Star Trek Into Darkness un film plus humain que le précédent, soit un film plus digeste pour les cinéphiles non concernés par le mythologie ayant trait à la saga. Si comme moi, vous n’avez aucune affinité avec l’esprit Star Trek, vous n’aurez pourtant aucun mal à vous imprégner d’un récit, d’effets visuels, n’ayant rien à envier à bon nombre de grosses productions nettement moins bien mises en scène, nettement moins efficaces. Certes, Abrams, en artisan euphorique qu’il est, noie son film sous ses effets lumineux aveuglants, mais l’ensemble, visuellement, tient très bien la route.
Faisant abstraction d’un nombre incalculable de références, le réalisateur maintenant définit comme étant le prochain metteur en scène de Star Wars, épisode 7, tente, adroitement car de manière discrète, d’offrir au public sa vision à lui de l’univers Star Trek, colorée, bruyante, mais jamais kitsch ni rose bonbon. Le metteur en scène mélange l’humour avec le ton grave, l’action avec la philosophie, l’intelligence à la déconne. Drôle de réalisateur que ce J.J. Abrams, amoureux des classiques de son mentor, Steven Spielberg, geek avoué et producteur de séries télés aléatoires. L’homme n’est certes pas un modèle du genre, mais de par son inventivité et son culot, semble bien placé pour être le réalisateur des grosses productions de demain. Si Star Trek n’est pas un hit, loin de là, il démontre que l’on peut encore satisfaire un large public en ne le prenant pas pour des bourses ambulantes.
Maintenant que la franchise est rodée, reste à savoir comment Abrams négociera la suite des démarches, peut-être en confiant son bébé à une autre personne derrière la caméra. Pour dire vrai, aussi amusant et distrayant que soit les deux films réunis, l’on peine à s’imaginer un troisième film dans la droite ligne de ceux-ci qui ne courrait pas à la débandade. Le chocolat n’est toujours bon qu’en quantité raisonnable, l’allusion vaut également pour le travail de J.J. Abrams, très bon réalisateur et homme d’une intelligence remarquable, mais sans aucun doute le plus bourratif des réalisateurs américains. 14/20