Après l’extraordinaire renaissance cinématographique de la saga "Star Trek", orchestré par le génie J.J. Abrams, j’attendais de pied ferme cette suite annoncé comme supérieur à l’opus précédent et s’inspirant de la noirceur de la saga "Dark Knight". Evidemment, une telle attente risque souvent d’être déçue. Et, sans aller jusqu’à parler de déception, ce "Star Trek : Into Darkness" est incontestablement moins réussi que son prédécesseur. Les raisons ? La fantastique osmose de l’opus précédent, gonflée par une extraordinaire BO de Michael Giacchino (ici, un peu mise en sourdine) a fait place à une emphase un peu artificielle et surtout moins sincère. Les personnages ont, ainsi, une fâcheuse tendance à pleurer ou à se lancer dans des discours plus ou moins inspirés et, surtout, J.J. Abrams n’arrête pas de sortir les violons… mais s’échine à les désamorcer presque immédiatement (Spock dans le volcan, la menace de destruction de l’Enterprise, la mort de Kirk…). Il manque à ce "Star Trek : Into Darkness" des séquences tragiques comme la mort du père de Kirk ou la destruction du Vulcain qui avait chargé émotionnellement le premier épisode. On peut également regretter certaines maladresses scénaristiques (quel intérêt de retirer à Kirk le commandement de l’Enterprise, avec le discours moralisateur qui va avec, pour lui redonner dans la foulée ?) ainsi que la durée déraisonnable du final certes très explosif mais qui n’en finit plus. C’est sans doute la meilleure façon de résumer ce second opus : spectaculaire mais un peu faible scénaristiquement. Ce festival de pyrotechnie ne fait d’ailleurs pas oublier le caractère assez statique de l’intrigue (on se déplace beaucoup moins que dans l’opus précédent). Il faut croire que l’intérêt des scénaristes était ailleurs… c'est-à-dire sur le grand méchant de l’histoire. Surexposé depuis plusieurs mois (au point d’éclipser Kirk et Spock de l’affiche du film !), le mystérieux John Harrison (campé par l’extraordinaire Benedict Cumberbatch, dont le physique et la voix atypique collent à merveille au personnage) est effectivement une réussite, ne serait-ce qu’en raison de ses motivations et de son ambiguïté (ennemi ou allié ?). Pour autant, les fans de l’univers "Star Trek" devraient rapidement deviner l’identité réelle de ce méchant... et s’en réjouir. Quant au reste du casting, on retrouve avec plaisir l’équipage de l’USS Entreprise dans son intégralité, à commencer par un Kirk toujours aussi tête brûlée (Chris Pine) et un Spock toujours aussi décalé dans ses réactions (Zachary Quinto décidemment parfait dans le rôle). Les autres membres de l’équipage soufrent d’un traitement un peu inégal ou, en tout cas, moins subtil. Ainsi, Uhura (Zoe Saldana) est cantonnée au rôle de la fiancée de Spock, Mc Coy (Karl Urban) est le râleur de service, Scotty (Simon Pegg) assure les scènes comiques… quant à Sulu (John Cho) et Chekov (Anton Yechlin), ils ont visiblement été un peu oubliés sur la table de montage, au profit des petits nouveaux comme la la superbe Alice Eve et le trouble Peter Weller. Ce second opus reste donc un divertissement de premier ordre mais souffre de la qualité quasi-inégalable du premier opus… ne serait-ce qu’en raison de l’exploit d’avoir rendu tendance l’univers si ringard de Star Trek !